Cannes 2022 en revue : Frères et sœurs qui se chamaillent, immigrés exploités et un âne très bancal

Cannes 2022 en revue : Frères et sœurs qui se chamaillent, immigrés exploités et un âne très bancal

Le 75e Festival de Cannes tire à sa fin, et le consensus général est que cela a été un événement réussi où la plupart des films ont été d’un niveau assez solide. En d’autres termes, cela a été un peu ennuyeux, avec même Crimes Of The Future de Cronenberg – un pré-festival très médiatisé pour son quotient gore prétendument élevé – s’avérant être un retour plutôt doux aux racines de l’horreur corporelle du réalisateur.

Mais il y a encore beaucoup de choses à dire, alors alors que vos correspondants abeilles ouvrières se préparent à rentrer chez eux, voici un aperçu de certains des films que nous avons vus et que nous n’avons pas pu revoir en entier.

(Crédit image : Wild Bunch)

Les frères et sœurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne ont chacun une Palme d’Or, grâce à Rosetta et The Child qui ont remporté le premier prix à Cannes en 1999 et 2005 respectivement. Leur nouveau film, Tori et Lokita, montre qu’ils sont plus sympathiques que jamais aux problèmes de la sous-classe mais qu’ils manquent de la subtilité de leur meilleur travail. Racontant l’histoire de deux réfugiés du Bénin qui tombent sur des trafiquants de drogue en attendant leurs papiers, il martèle son message avec une brutalité que même Ken Loach trouverait excessive. Des détournements particuliers vers le territoire du thriller, quant à eux, érodent la vraisemblance que les débutants au visage frais Pablo Schils et Joely Mbundu apportent aux personnages attachants du titre.

Un autre groupe de frères et sœurs est passé à l’écran dans Les jumeaux silencieux, qui a joué à Cannes dans le cadre de sa section Un Certain Regard. Basé sur l’incroyable histoire vraie de deux sœurs britanniques noires dont le refus de communiquer avec qui que ce soit en dehors les unes des autres les a amenées à passer plus d’une décennie à Broadmoor, il s’agit d’une étude émouvante d’une injustice épouvantable donnée par la Polonaise Agnieszka Smoczyńska d’une saveur réaliste magique. Letitia Wright et Tamara Lawrence sont toutes deux splendides dans un film émouvant qui vous donne envie d’en savoir plus sur ses inspirations réelles. (Without My Shadow, un documentaire de la BBC de 1994 sur l’affaire qui est visible sur YouTube, est un bon point de départ.)

Marion Cotillard dans Frère et soeur

(Crédit image : Shanna Besson)

Frère et soeur, en revanche, est un énième raté pour l’éternel stormtrooper cannois Arnaud Desplechin. Marion Cotillard et Melvil Poupard sont les vedettes de ce mélodrame hystérique sur des frères et sœurs célèbres qui se détestent sans raison apparente (c’est une actrice, c’est un romancier qui semble avoir consacré sa vie à écrire des chapes amères à son sujet), et sont réunis quand leurs parents sont impliqués dans l’accident de la route le plus absurde en dehors de la franchise Fast & Furious. Charabia fastidieux de la part de toutes les personnes impliquées.

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