Andreades suit sa cohorte dans leurs carrières, leurs mariages, leurs affaires et leurs divorces, et jusqu’à la vieillesse. En cours de route, de nombreux sujets sont remis à l’examen. Tel un DJ, l’auteur ramasse l’aiguille et la repose dans des endroits inattendus.
Dans « Brown Girls », la nostalgie est compliquée. Les femmes retournent dans le Queens pour visiter, et un glissement de terrain de souvenirs se précipite : « C’est là que j’ai poursuivi un camion de crème glacée pendant cinq blocs flippants, dit Edel » ; « Lisa avoue, je me suis enfuie de ma mère un jour comme celui-ci »; « À cette intersection, raconte Dee, j’ai vu une fille se faire écraser par un bus.
Pour beaucoup d’entre eux, pour mille raisons psycho-sociologiques, rentrer chez eux est impossible.
L’écriture d’Andreades a de l’économie et de la fraîcheur. « Brown Girls » se lit autant comme de la poésie que comme un roman, ce qui est une autre façon de dire : n’arrivez pas ici en vous attendant à beaucoup d’intrigue.
Les chapitres sont courts, de la taille d’un ramequin. Le roman semble toujours s’arrêter et recommencer, comme Janet Malcolm l’a fait dans « Quarante et un faux départs », son portrait new-yorkais du peintre David Salle.
Cette qualité peut soulager Andreades de faire le travail acharné d’explorer le personnage ou les idées, en profondeur.
Certaines de ces filles brunes épousent des garçons blancs, et elles sont en conflit à ce sujet. Dans les bars, plus tard dans la vie, ils fixent des hommes bruns. « Écrivez nos numéros sur des serviettes. Pars en tremblant.
Virginia Woolf a qualifié la mort de « la seule expérience que je ne décrirai jamais ». Andreades suit ses personnages jusque dans l’au-delà. Nous glissons derrière eux, comme sur un parachute.
Décès! Ça a le goût des excréments, écrit-elle, et aussi de « l’eau purifiée par les graviers de la Loire ». C’est en quelque sorte dans la continuité de ce roman intrépide que des notes de dégustation sont fournies.