lundi, mars 3, 2025

BP abandonne sa transition écologique et se recentre sur le pétrole et le gaz.

BP, sous la direction du nouveau PDG Murray Auchincloss, opère un virage stratégique en augmentant ses investissements dans l’extraction de pétrole et de gaz de près de 10 milliards de dollars, tout en réduisant de 70 % ses dépenses en énergies renouvelables. Ce changement s’explique par le mécontentement des investisseurs et une performance d’action décevante. Auchincloss vise à doubler la valeur marchande de l’entreprise à 200 milliards de dollars d’ici cinq ans, malgré le scepticisme persistant des actionnaires.

Il y a cinq ans, le géant britannique du pétrole BP a pris une décision stratégique audacieuse. Son ancien PDG, Bernard Looney, a surpris l’industrie en annonçant son intention de transformer l’entreprise en « une force bénéfique dans un monde climatiquement neutre ».

Looney avait promis de diminuer la production d’hydrocarbures de 40 % d’ici 2030, tout en multipliant par dix les investissements dans des technologies plus durables, passant de 500 millions à 5 milliards de dollars. La production d’énergie renouvelable devait également passer de 2,5 à 50 gigawatts.

Un changement de cap radical

Cette semaine, BP a opéré un retournement de situation spectaculaire. Le nouveau PDG, Murray Auchincloss, a annoncé son intention d’augmenter les investissements dans l’extraction de pétrole et de gaz de près de 10 milliards de dollars, visant une production de 2,5 millions de barils par an d’ici 2030. En revanche, les investissements dans les énergies renouvelables devraient être réduits de 70 %.

« Nous avons été trop optimistes quant à la transition énergétique et avons agi trop rapidement », a déclaré Auchincloss, qui est en poste depuis environ un an. « Le pétrole et le gaz resteront essentiels encore plusieurs décennies. »

Ce revirement de stratégie s’explique par plusieurs facteurs. Le prédécesseur d’Auchincloss, Looney, a été évincé en raison de problèmes personnels au travail, et Auchincloss, bien qu’ancien directeur financier de Looney, ne partage pas le même engagement envers la stratégie verte. De plus, l’élection de Donald Trump a pu influencer la perception publique de la durabilité.

Des actionnaires en désaccord

Le principal moteur de ce changement de cap est le mécontentement croissant des investisseurs, qui doutent de l’efficacité de la stratégie écologique. La performance des actions de BP a été en déclin comparativement à ses concurrents, avec une chute de 16 % de la valeur de l’action au cours de l’année dernière.

Le fonds activiste Elliot, basé aux États-Unis, a renforcé cette pression en acquérant 5 % des actions de BP, demandant un changement radical de la stratégie. Connu pour sa méthode directe, Elliot a précédemment mis la pression sur plusieurs entreprises, notamment en Allemagne.

Auchincloss a également annoncé que BP envisagerait des réductions de coûts et la vente d’actifs d’une valeur d’environ 20 milliards de dollars d’ici 2027 afin de diminuer sa dette. Cela pourrait inclure la cession de certaines divisions et des éléments de son réseau de stations-service.

Objectif de doublement de la valeur marchande

Dans une récente interview avec le « Financial Times », Auchincloss a exprimé sa confiance dans le fait que la nouvelle orientation stratégique permettra d’augmenter la valeur marchande de l’entreprise. Après une chute pendant la pandémie et la vente de sa participation de 20 % dans Rosneft suite à l’invasion de l’Ukraine, la valeur actuelle de BP est de 89 milliards de dollars.

Auchincloss vise à atteindre une valeur d’environ 200 milliards de dollars d’ici cinq ans, un niveau similaire à celui de l’époque de la catastrophe de Deepwater Horizon, lorsque BP a dû débourser plus de 60 milliards de dollars pour les dommages. Cependant, malgré des réactions modérément positives des analystes face à ce retour vers les combustibles fossiles, les investisseurs semblent encore sceptiques, avec une légère baisse de l’action après les annonces d’Auchincloss.

Il demeure incertain si le fonds Elliot partage l’optimisme de la direction de BP. Selon Bloomberg, des sources bien informées suggèrent que le fonds pourrait exiger d’autres changements stratégiques ou des modifications au sein du conseil d’administration.

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