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Black Sun Rising se déroule sur Erna, une planète dont les premiers colons humains ont été repoussés à l’âge des ténèbres par l’énergie mystérieuse connue sous le nom de Fae. Le Fae est à la fois magique et n’est pas magique au sens traditionnel du terme : bien qu’il soit utilisé à des fins magiques courantes, il est également un produit de l’écosystème d’Erna qui accorde les pensées humaines et, plus dangereusement, craint la corporéité. De nombreux humains ont appris à le travailler pour leur propre usage et quelques-uns, connus sous le nom d’Adeptes, sont nés avec la capacité de voir et de contrôler les Fae sans effort.
Ciani fait partie de ces Adeptes, mais elle perd ses pouvoirs lors d’une attaque d’un mystérieux groupe de démons pour une raison quelque peu mal expliquée. Damien est un prêtre zélé de l’Église qui jure de restaurer les pouvoirs de Ciani. Il est accompagné de l’assistant de Ciani, Senzei, qui ne fait pas grand-chose à part être triste qu’il ne soit pas né Adepte aussi. Ces trois personnages sont tous assez unidimensionnels : Damien s’accroche à la morale noire et blanche, Ciani a une soif de connaissances qui exclut la morale, et Senzei veut juste être puissant.
Cependant, ils sont rejoints par une personne bien plus intéressante : Gerald Tarrant, Fae-vampire. Tarrant était un puissant Adepte qui a finalement inversé la tendance dans la lutte contre les Fae en fondant une Église pour discipliner le subconscient de l’humanité et ainsi limiter les manifestations des Fae. Cependant, l’Église a fini par damner tous les sorciers, et donc après sa mort, il ira dans un enfer qu’il a littéralement créé à partir des Fae. Pour éviter cela, il assassine sa famille pour conclure un pacte avec des forces obscures ambiguës qui lui accorde la vie éternelle et des pouvoirs dévastateurs en échange de la vie comme un cliché littéraire.
Le récit est principalement raconté du point de vue de Damien, et le livre est à son meilleur lorsqu’il traite des émotions contradictoires de Damien concernant son prophète devenu vampire. Damien déteste Tarrant avec une passion religieuse mais a besoin de lui comme arme dans sa quête pour aider Ciani. Il est obligé de compromettre ses jugements moraux austères et pénètre dans des zones de moralité grise en criant et en donnant des coups de pied. De même, le récit a besoin de Tarrant comme repoussoir pour les personnages relativement simples et comme le seul personnage intéressant de l’histoire.
Black Sun Rising commence avec le meurtre sauvage de Tarrant de sa femme et de ses enfants, et Friedman fait un bon travail en insérant suffisamment d’exemples de sa sauvagerie tout au long du récit pour que vous vous sentiez mal de l’aimer. Mais au fur et à mesure que l’histoire se développe, Tarrant perd sa mystique. Il devient de plus en plus Dracula au fur et à mesure que sa nature est expliquée, et les cas dans lesquels ses pouvoirs sont limités afin de générer des tensions semblent artificiels. Tarrant préserve son emprise sur le peu d’humanité qui lui reste en s’accrochant à un sens personnel de l’honneur ; il est l’Honnête Abe des vampires, car il ne mentira pas et ne reviendra pas sur sa parole. Son adhésion à son code auto-imposé est le principal moyen par lequel le récit justifie son implication avec Damien et ses compagnons, mais cela semble surtout artificiel.
À un moment de l’histoire, Tarrant est gravement blessé et a besoin de boire du sang pour se guérir. Ciani est le seul à avoir assez de sang à revendre, mais Tarrant ne le boira pas parce qu’apparemment il prend la forme des peurs de sa victime, et Ciani a très peur d’un démon ; par conséquent, s’il boit son sang, il deviendra un démon et attaquera. Il a également juré de ne pas blesser Ciani. D’où la situation difficilement inventée. Il doit donc rester faible, et les protagonistes ne peuvent pas compter sur ses pouvoirs, et ainsi un conflit narratif est né. C’est une manière tendue de générer des tensions car l’auteur veut préserver sa sympathie pour Tarrant. Je dis, fais-lui boire son sang. Rendez-le fou et attaquez-le. Tuez-la, pour tout ce qui m’importe (comme tous les autres personnages, Ciani n’est pas particulièrement sympathique). Laissons Tarrant gérer l’effondrement de son humanité artificielle et voyons ce qui se passe. Les moments forts de la littérature proviennent de ce genre de chocs sévères pour les visions du monde d’un personnage, et ce roman ne va pas assez loin à cet égard.
Plutôt qu’un développement de personnage puissant, le dilemme précédent de Tarrant se traduit par une action ordinaire qui fait gonfler le roman à près de 600 pages. Une partie de l’action est géniale; la scène dans le royaume forestier de Tarrant est particulièrement bien réalisée dans son esthétique sombre. Mais il y a aussi des scènes de tremblements de terre et des confrontations avec divers démons qui sont vraisemblablement des peurs manifestées mais qui semblent être des tropes fantastiques génériques, et des marches nocturnes perfides qui, bien qu’aucune ne soit ennuyeuse en soi, comprennent du fourrage d’action qui n’ajoute pas grand-chose à part la lecture temps. Alors que le temps investi dans le livre se prête à un investissement dans les personnages du livre, les développements du personnage au cours du récit ne semblent pas le justifier. Cela semble plus un substitut bon marché qu’une stratégie efficace. Certes, les personnages évoluent et changent, mais cela aurait pu être accompli de manière plus efficace (et efficace).
Comme on peut le voir dans les paragraphes précédents, j’ai apprécié la mise en place de ce roman mais j’ai été déçu par l’exécution. Le livre traite principalement du thème cliché de l’influence corruptrice du pouvoir, et vers la fin, le livre devient presque pédagogique à cet égard. C’est décevant car cette préoccupation n’est pas aussi unique que le cadre est capable de le faire. Ce qui m’a le plus poussé, c’est la nature écologique des Fae ; en tant que produit de l’écologie d’Erna, je pense qu’il aurait été intéressant d’explorer davantage la relation de l’humanité avec l’environnement. Par exemple, qu’est-ce que cela signifie lorsque la réalité d’une religion est fondamentalement liée à une planète dans une galaxie qui en est remplie ? Où est la division entre l’humanité et l’écologie quand la nature peut manifester les peurs et les désirs humains, et quand l’évolution est conduite par la perception humaine ? Ce n’est que le premier livre de la série, il est donc possible que certaines de ces questions soient étudiées plus tard. Je les trouve juste plus convaincants que le thème cliché «Le pouvoir corrompt», et j’aurais aimé qu’ils aient été au centre de l’attention dès le début.
Pire que tout, les graines sont clairement semées pour la rédemption ultime de Tarrant de sa vie maléfique (je suppose dans une sorte de grand sacrifice pour sauver Erna). Bien que ce ne soit pas mauvais en soi, cela semble trop familier. Je veux un personnage maléfique qui reste maléfique. Je veux que la série prenne les ambiguïtés morales qui ont tellement stressé Damien et les pousse à un extrême encore plus grand, un extrême qui remet vraiment en question la vision du monde de Damien et qui ne peut être ignoré. En l’état, Damien est capable de conserver sa boussole morale ; Je veux que Tarrant efface cette boussole alors que Damien est forcé de se fier de plus en plus au mal de Tarrant. Je veux que Damien soit poussé au bord de la folie, peut-être au bord du gouffre, et ensuite je veux voir comment il réagit. Friedman ne prend pas assez de risques dans Black Sun Rising, et j’hésite à lire deux autres livres de 600 pages juste pour voir si elle le fera plus tard. Qui sait, je serais peut-être agréablement surpris par les suites. Mais avec tant d’autres livres qui attendent d’être lus, je ne me précipite pas pour le découvrir.
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