Donald Trump fait grimper le prix du Bitcoin, suscitant des spéculations sur un avenir favorable aux cryptomonnaies. Timo Emden, analyste, met en garde contre les risques de cette montée psychologique, soulignant l’incertitude des promesses de Trump et le potentiel de déception. Bien que la création d’une réserve d’État de Bitcoin soit envisageable, elle pourrait entraîner des conséquences économiques graves. Emden souligne également l’importance de la prudence face à la multitude de cryptomonnaies existantes et l’absence d’applications pratiques récentes.
Le président autoproclamé du Bitcoin, Donald Trump, continue de propulser le prix de la cryptomonnaie vers de nouveaux sommets. Dans une interview, l’analyste crypto Timo Emden met en garde contre les spéculations autour d’annonces qui pourraient ne jamais se concrétiser.
Une Montée des Cours Inquiétante
ntv.de : Depuis les élections de la semaine dernière, le Bitcoin a connu une hausse de plus de 40 %. Le marché des cryptomonnaies devient-il fou ?
Timo Emden : Cela pourrait effectivement sembler le cas. Cependant, cette montée s’explique par des spéculations sur un avenir où Washington serait favorable aux cryptomonnaies. Les investisseurs envisagent la possibilité d’une réserve stratégique de Bitcoin aux États-Unis, ainsi que le potentiel licenciement de Gary Gensler, le président de la SEC, mentionné par Trump. Les gens parient sur le fait que Trump tiendra ses promesses lorsqu’il prendra ses fonctions à la Maison Blanche.
Les Risques de la Spéculation
Trump tiendra-t-il ses promesses ?
C’est la question cruciale. À mon avis, ces paris deviennent de plus en plus préoccupants. La hausse actuelle est largement psychologique et parfois irrationnelle. La cupidité est omniprésente, et de nombreux acteurs du marché craignent de rater une opportunité. Nous avons déjà vu cette dynamique dans le secteur des cryptomonnaies, et je pense qu’elle est extrêmement risquée. Que se passera-t-il si Trump ne respecte pas ses engagements en janvier ? Sa liste de priorités reste inconnue, et d’autres questions pourraient prendre le devant de la scène. De plus, Trump a déjà changé d’avis sur le Bitcoin, passant de critique à fervent défenseur. Que se passera-t-il s’il change encore d’avis et redevient sceptique ?
La réserve d’État de Bitcoin est-elle réaliste ?
En théorie, cela pourrait être réalisable. Le Salvador a déjà montré la voie. Cependant, je crains qu’il y ait trop de promesses à tenir. Trump ne pourra pas répondre à toutes les attentes, et le risque de déception est énorme. Si une réserve stratégique est mise en place, elle pourrait simplement être un pari sur une montée des prix, avec des implications sur la dette publique. L’Europe et la Chine observeront cela de près.
Et si le marché s’effondre ?
Un effondrement pourrait être catastrophique pour Trump. À mon avis, il prend un risque démesuré. De plus, il existe un conflit d’intérêts potentiel, car Trump a lancé sa propre plateforme cryptographique, World Liberty Financial. Une réserve de Bitcoin pourrait favoriser sa famille et lui-même. Il serait peut-être plus prudent de constituer une petite réserve pour évaluer l’évolution avant de s’engager pleinement. La pression pour transformer les promesses en actions est forte, et cela entraîne des enjeux politiques considérables, car le marché des cryptomonnaies est désormais trop influent.
Le Bitcoin face aux autres cryptomonnaies
Actuellement, plus de 23 000 cryptomonnaies existent. Qu’est-ce qui différencie le Bitcoin ?
Il est crucial d’aborder la majorité des cryptomonnaies avec prudence, car de nombreuses fraudes ont eu lieu. Pour moi, le Bitcoin conserve une valeur solide, tout comme l’Ethereum, le Ripple ou le Cardano. Leur capitalisation boursière témoigne de leur acceptation. L’Ethereum, par exemple, possède des cas d’utilisation concrets. Le Dogecoin, qui est né comme une blague, est actuellement en sixième position des cryptomonnaies. Son prix suit simplement celui du Bitcoin, influencé par le rôle d’Elon Musk au sein du gouvernement américain. Les autres cryptomonnaies, quant à elles, sont des modèles d’affaires avec un avenir prometteur. Les investisseurs doivent toujours s’interroger sur la valeur réelle de chaque système et son utilité potentielle pour l’économie.
Un manque d’applications pratiques ?
Honnêtement, au cours des 25 dernières années, peu d’applications pratiques ont vu le jour. Le Bitcoin a été lancé en 2009. En revanche, des innovations comme l’intelligence artificielle, avec des outils tels que Chat GPT, sont déjà intégrées dans notre quotidien. Cela s’explique par le fait que des systèmes plus efficaces que les cryptomonnaies ont été découverts, en partie à cause des pressions réglementaires. De nombreuses entreprises ont hésité à investir dans cette technologie. Finalement, le Bitcoin est perçu non pas comme un moyen de paiement alternatif, mais plutôt comme une réserve de valeur. Son attrait réside dans le fait qu’il fonctionne indépendamment des banques centrales et de leurs décisions de politique monétaire. Il faut rappeler que le Bitcoin est né en réponse à la crise financière de 2008, cherchant à se distancier des institutions bancaires. Sa valeur réside dans sa nature décentralisée, avec un maximum de 21 millions d’unités disponibles.
Décentralisation et réserves d’État
Si Trump établit une grande réserve de Bitcoin, peut-on encore parler de décentralisation ?
Dans le contexte du Bitcoin, la décentralisation signifie que le contrôle et la prise de décision sont distribués au sein du réseau. Même si les États-Unis possédaient un million de Bitcoins, cela ne compromettrait pas la décentralisation du Bitcoin. Il est vrai qu’ils pourraient influencer le marché et les prix, mais cela reste une question complexe à gérer.