La découverte de Billy Preston, révélée à travers sa performance au concert « The Concert for Bangla Desh » en 1972, met en lumière son talent exceptionnel au clavier électrique. Son charisme et ses paroles spirituelles, associées à un jeu d’orgue captivant, ont marqué les esprits. Le documentaire de Paris Barclay explore sa complexité en tant qu’artiste, ses collaborations avec des légendes de la musique, et ses luttes personnelles, tout en soulignant son influence indélébile sur le rock et l’importance de l’orgue Hammond.
La Découverte de Billy Preston
Comme beaucoup, ma première rencontre avec Billy Preston a eu lieu dans le film « Let It Be », où son talent exceptionnel au clavier électrique a ajouté une touche sucrée à des titres emblématiques comme « Don’t Let Me Down » et « Get Back ». Cependant, c’est lors de « The Concert for Bangla Desh », le concert révolutionnaire organisé par George Harrison en 1972, que j’ai réellement compris l’ampleur de son génie. Alors qu’il jouait en arrière-plan au Madison Square Garden, c’est lorsqu’il a été présenté par Harrison pour interpréter son single de 1969, « That’s the Way God Planned It », qu’il a véritablement captivé le public. Sa performance s’est démarquée de manière aussi frappante que celle de Sly Stone à Woodstock avec « I Want to Take You Higher ».
Un Talent Unique et Éblouissant
Le son puissant de l’orgue a résonné dans la salle, la caméra s’approchant d’un homme élégant portant un grand bonnet et une moustache à la Billy Dee Williams, son sourire charmant illuminant la scène. Ses premiers mots (« Pourquoi ne pouvons-nous pas être humbles, comme le bon Seigneur l’a dit… ») résonnaient comme un hymne, un hymne rock ‘n’ roll. Ses paroles, capables d’élever l’âme, étaient accompagnées d’une performance magistrale où chaque note était jouée avec la finesse d’un chef de chœur gospel. En 1971, peu de titres pop mentionnaient « Dieu » dans leur nom, renforçant la singularité de son message.
Alors qu’il entamait le refrain, ses accords délicats et une ligne de basse captivante s’harmonisaient, créant un moment d’élévation émotionnelle. Preston, en parfaite communion avec la musique, se balançait avec enthousiasme, ses mouvements évoquant un profond sentiment de ferveur. En tant que seul artiste noir sur scène, il livrait un message puissant : la présence divine était là, palpable et vibrante. À mesure que la chanson prenait de l’ampleur dans une tradition gospel, Preston se leva de son siège et se mit à danser avec une extase contagieuse, semblant ne pas pouvoir contenir son énergie débordante.
Le documentaire captivant de Paris Barclay, « Billy Preston : That’s the Way God Planned It », débute avec cette séquence mémorable, offrant une expérience cathartique. « The Concert for Bangla Desh » a présenté trois moments marquants : la performance remarquable de Bob Dylan, le départ audacieux de George Harrison en plein milieu de « Bangla Desh », et bien sûr, l’irrésistible prestation de Billy Preston. En le regardant, on se demandait inévitablement : « Qui est cet homme ? » et « Je veux en voir plus ! »
Cependant, le documentaire révèle que Billy Preston était une figure complexe et énigmatique. Bien qu’il soit débordant de talent et présent sur scène, il restait également mystérieux. En tant que musicien de session, il a collaboré avec des légendes comme Little Richard, Ray Charles, Aretha Franklin, et bien sûr, les Beatles. Pendant les sessions de « Get Back », il a été intégré au groupe de manière sans précédent, ce qui lui a valu le titre de « Cinquième Beatles ».
Au fil des années 70, Preston a sorti plusieurs singles pop-funk mémorables, tels que « Will It Go Round in Circles » et « Nothing from Nothing », qui continuent de résonner auprès des fans. Malgré ses talents indéniables, on peut se demander pourquoi il n’a pas atteint un statut encore plus élevé. Qui était-il véritablement en tant qu’artiste ? En visionnant le documentaire, j’ai enfin eu un aperçu de l’homme derrière la musique.
Il y avait aussi une lutte intérieure. À mesure qu’il prenait conscience de son orientation sexuelle, Preston a gardé cette partie de sa vie secrète, naviguant dans un conflit personnel. Était-il tourmenté comme Little Richard, qui avait également caché son identité pendant des années ? Little Richard, avec son flamboyant charisme, a eu un parcours tumultueux entre la musique et la spiritualité, tandis que Preston, de manière plus discrète, a lutté avec ses propres démons, souvent en étant perçu comme un homme de foi qui n’a pas osé se dévoiler.
Billy Preston avait un lien musical unique avec l’église noire, se manifestant à travers son jeu d’orgue — en particulier le Hammond B3, un instrument complexe qu’il maîtrisait à la perfection. Il y a tant à explorer sur son héritage musical et son influence sur le rock. De nombreux titres emblématiques où l’orgue a joué un rôle clé mériteraient d’être étudiés davantage, mettant en lumière l’impact indélébile de cet instrument dans l’univers de la musique populaire.