Bayer fait face à des défis majeurs depuis son acquisition de Monsanto, entraînant des procès coûteux et une baisse des ventes de glyphosate. Pour mettre fin aux litiges, l’entreprise envisage de quitter le marché américain de cet herbicide. Malgré des règlements antérieurs, le nombre de plaintes continue d’augmenter. En réponse, Bayer prévoit une réorganisation de son activité glyphosate en entité autonome, tout en maintenant son importance pour l’agriculture américaine.
Bayer est en proie à des difficultés depuis l’acquisition de Monsanto, le développeur du glyphosate. Cette association a non seulement engendré une multitude de procès coûteux, mais a également entraîné une chute des ventes de glyphosate, poussant l’entreprise à envisager des solutions drastiques.
Pour mettre un terme aux litiges liés au glyphosate, Bayer envisage sérieusement de se retirer du marché américain de cet herbicide. Selon des sources proches du dossier, ‘Bayer pourrait se retrouver dans une situation où elle n’a d’autre choix que d’arrêter la vente de ce produit aux États-Unis’.
Les analystes de Jefferies ont également souligné cette situation lors d’une récente réunion avec des investisseurs, la qualifiant de ‘découverte centrale’. ‘Sans un cadre réglementaire clair, Bayer devra envisager de quitter le marché’, a indiqué Charlie Bentley, analyste chez Jefferies. La société pharmaceutique et de produits agricoles se concentre intensément sur la résolution des litiges d’ici à la fin de l’année 2026.
Bayer n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet, mais a renvoyé aux propos du PDG Bill Anderson, qui a déclaré : ‘Nous explorons toutes les avenues pour mettre un terme à ce litige.’ L’acquisition de Monsanto pour 63 milliards de dollars en 2018 a conduit à une avalanche de procès, en raison des allégations selon lesquelles le glyphosate pourrait être cancérigène, un poids lourd pour l’entreprise depuis des années. Jusqu’à présent, le retrait du marché des herbicides contenant du glyphosate, sous la marque Roundup, n’avait pas été envisagé. En 2023, seules les ventes aux clients privés américains ont été suspendues, représentant la majorité des plaignants, tandis que le marché agricole, beaucoup plus crucial pour Bayer, est désormais en question.
Les perspectives d’une résolution des litiges semblent lointaines. En 2020, Bayer a conclu des règlements pour une partie importante des procès en cours concernant Roundup, avec un montant pouvant atteindre 9,6 milliards de dollars. Toutefois, l’entreprise n’a pas réussi à éviter de futurs procès. Récemment, le nombre de plaintes concernant le glyphosate a augmenté d’environ 4000, atteignant environ 181 000, avec encore 67 000 cas en attente de règlement.
Un avenir incertain pour le glyphosate
Bill Anderson vise des ‘progrès significatifs’ cette année dans la réduction des risques juridiques, avec l’objectif de diminuer considérablement ces risques d’ici fin 2026. Une nouvelle audience prévue devant la Cour suprême pourrait apporter un éclaircissement, après l’échec de Bayer en 2022. L’entreprise espère également obtenir plus de clarté sur la réglementation de l’étiquetage des produits phytosanitaires aux États-Unis. Bien que l’EPA ait décrété que le glyphosate n’est pas cancérigène, de nombreux jurys locaux ont contourné cette décision dans divers verdicts.
À la fin de 2024, Bayer avait constitué des provisions de 5,9 milliards de dollars pour les procès liés au glyphosate. L’entreprise maintient sa position en rejetant les accusations et en soulignant l’importance de ce produit pour l’agriculture américaine, le qualifiant de ‘critique pour le système’. Bayer est le seul fabricant de cet herbicide à large spectre aux États-Unis, où les génériques proviennent en grande partie de Chine. Cependant, cela a également créé des défis pour l’entreprise, qui a subi une pression tarifaire et des dépréciations. En 2024, les revenus de Bayer provenant des produits à base de glyphosate ont chuté de 7,5 %, atteignant 2,6 milliards d’euros.
Pour 2025, l’entreprise prévoit une légère diminution des ventes de glyphosate et a annoncé que l’activité sera réorganisée en tant qu’entité autonome. Lorsque le conseil d’administration de Crop Science a été interrogé sur une éventuelle vente, il a déclaré que l’optimisation de l’activité était la priorité actuelle, tout en précisant que toutes les options stratégiques demeurent à l’étude.