Barrie McKenna : Il y a une vie après la sortie pour les startups canadiennes

Beaucoup finiront entre des mains étrangères. Mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose

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Certaines personnes pourraient regarder la prise de contrôle l’an dernier de la jeune entreprise technologique canadienne prometteuse Wattpad Corp. par le géant sud-coréen de l’Internet Naver et y voir un échec : une autre entreprise locale se retrouve entre des mains étrangères.

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Mais Allen Lau, directeur général et cofondateur de la société de narration en ligne basée à Toronto, n’est pas d’accord. « Ce n’est pas comme si nous vendions trop tôt ou que nous laissions quelqu’un d’autre récolter les bénéfices », dit-il. « Nous employons plus de personnes que jamais. Notre croissance est plus rapide que jamais. Je suis toujours ici et Wattpad ne quittera pas le Canada.

En fait, Wattpad compte désormais 300 employés, contre 215 lors de la vente de l’entreprise en janvier 2021. Et l’entreprise se développe de manière agressive dans la production de films et d’émissions de télévision, en tirant parti de son vaste inventaire de livres en ligne et d’autres contenus.

L’expérience de Wattpad n’est pas la vision du succès que les entrepreneurs et les investisseurs imaginent généralement. Alors que des montants record d’investissements affluaient dans le secteur technologique canadien, la rage de l’année dernière a rendu les entreprises publiques ou a atteint le statut de licorne (c’est-à-dire une valorisation de 1 milliard de dollars américains ou plus). Le résultat idéal est que les entreprises canadiennes évoluent de startup à leader du marché, tout en restant détenues par des Canadiens, sous contrôle canadien et ayant leur siège social au Canada.

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Les Canadiens veulent voir une nouvelle vague de licornes suivre les traces de Shopify et BlackBerry – et pour cause. L’échelle et le succès commercial de ces types d’entreprises en font un pôle d’attraction pour les fournisseurs, les talents et les investisseurs, et ils diffusent largement ces avantages dans l’ensemble de l’économie.

Mais de telles histoires sont extrêmement rares.

Mon récent rapport pour l’Innovation Economy Council (IEC) conclut qu’il existe un large éventail de succès pour les startups technologiques qui ne se traduisent pas par de nouvelles licornes et des offres publiques initiales. Une histoire beaucoup plus courante est que les startups canadiennes vendent, souvent à des acheteurs étrangers, alors que leurs fondateurs et premiers investisseurs cherchent à encaisser.

Comme le montrent Wattpad et d’autres entreprises, ces « sorties » peuvent néanmoins générer un avantage important pour l’économie canadienne. Au cours de leur parcours du démarrage à la reprise et au-delà, ces entreprises innovent, se développent, créent des emplois bien rémunérés, génèrent des recettes fiscales et aident à former la prochaine génération de scientifiques, de programmeurs et d’entrepreneurs. Et les nouveaux investisseurs et fondateurs d’entreprises réinvestissent souvent leur argent et leur expérience dans la prochaine vague de startups canadiennes.

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C’est ce que fait Lau. Avec sa femme, Eva, le co-fondateur de Wattpad a lancé une société d’investissement, Two Fish Ventures, qui a soutenu les startups à succès SkipTheDishes et Ada. « L’avantage net pour le Canada, c’est que je suis maintenant un investisseur », explique l’entrepreneur.

Les recherches d’IEC montrent que la propriété canadienne peut influer sur les résultats. Environ 400 startups canadiennes soutenues par du capital-risque ont fait l’objet d’une fusion ou d’une acquisition au cours des deux dernières années. Plus de la moitié — 56 % — ont été vendues à des acheteurs étrangers, principalement aux États-Unis. Parmi les entreprises qui sont restées entre des mains nationales, plus des deux tiers comptaient une majorité de Canadiens dans leur groupe de propriété d’origine.

Selon les données de l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement, plus de capital de risque entre dans l’écosystème technologique canadien qu’il n’en sort. Au premier semestre de 2021, il y a eu un record de 8,3 milliards de dollars (canadiens) en nouveaux investissements en capital de risque, comparativement à 5,9 milliards de dollars de sorties.

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Pendant ce temps, les entreprises technologiques canadiennes font également des acquisitions dans le monde. Le roulement des transactions est un signe que le secteur est florissant et mûrit. Il n’y a aucune preuve qu’il soit creusé par des prises de contrôle étrangères.

Les fusions et acquisitions font partie du cycle de vie naturel des jeunes entreprises technologiques. En effet, pour les startups, une partie de la contrepartie de l’acceptation du capital-risque est que les investisseurs voudront éventuellement retirer leur argent et obtenir un rendement sain.

L’IEC s’est penchée sur l’expérience de plusieurs startups impliquées dans des rachats étrangers récents. Les propriétaires étrangers offraient généralement des choses que ces entreprises ne pouvaient pas facilement obtenir au Canada, y compris des investisseurs expérimentés et l’accès à de nouveaux clients, marchés, talents et expertise en gestion propre à l’industrie.

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Les prises de contrôle étrangères de startups technologiques canadiennes ne sont pas intrinsèquement bonnes ou mauvaises, affirme Prashant Pathak, directeur général de la société de capital-investissement Ekagrata Inc. et président du centre de démarrage MaRS Discovery District. « C’est une fausse dichotomie », dit-il.

C’est ce que les investisseurs étrangers font de leurs acquisitions qui compte, selon Pathak. Et, oui, il y a des inconvénients potentiels. Pathak souligne plusieurs caractéristiques qui peuvent nuire à l’investissement direct étranger dans le secteur technologique. Celles-ci incluent : des transactions impliquant des idées et des technologies largement financées par les contribuables canadiens ; les sociétés acquises sont complètement déplacées hors du pays ; ou des prises de contrôle débauchant une propriété intellectuelle locale de grande valeur, des bibliothèques de données et d’autres infrastructures clés.

Il existe de nombreuses voies vers le succès pour les startups canadiennes. Pratiquement toutes les entreprises passent par une sortie à un moment donné en cours de route – par le biais d’une prise de contrôle, d’une fusion ou d’une introduction en bourse. Oui, beaucoup finiront entre des mains étrangères. Mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose.

Barrie McKenna est journaliste financière et auteur du livre blanc de l’Innovation Economy Council Avantage net : pour les startups canadiennes, toutes les sorties ne sont pas égales.

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