mardi, novembre 19, 2024

Baltasar et Blimunda de José Saramago

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J’ai toujours pensé qu’il fallait être plein d’une folie créatrice pour écrire comme il est composé ce roman. C’est un roman original, brillant et envoûtant.
J’étais étroitement et irrévocablement encapsulé par la lecture de la première page. Et bien sûr, cela n’avait rien à voir avec le phénomène de la pleine lune qui se produisait juste le week-end dernier… au moment où je l’ai réellement terminé.

Quel meilleur début de roman qu’en écrivant cette atmosphère royale lisboète du début du XVIIIe siècle :
Dom Joao, le 5ème monarque ainsi nommé sur la liste royale, rendra visite cette nuit à la chambre à coucher de la reine, Dona Maria Ana Josefa, arrivée il y a plus de deux ans d’Autriche pour donner des héritiers à la couronne portugaise, et jusqu’à présent, n’a montré aucun signe de grossesse. Il y a déjà des rumeurs à la cour, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du palais royal, que la reine est stérile, une insinuation qui est soigneusement gardée des oreilles et des langues hostiles et confiée uniquement à des intimes. Que quelqu’un blâme le roi est impensable, d’abord parce que l’infertilité est un mal qui n’atteint pas les hommes mais les femmes, qui pour cette même raison sont souvent reniés et ensuite, parce qu’il existe des preuves matérielles, si une telle chose est nécessaire, dans la horde de bâtards produits par la semence royale, qui peuplent le royaume et forment même en ce moment un cortège sur la place. D’ailleurs, ce n’est pas le Roi mais la Reine qui passe tout son temps en prière, implorant un enfant du ciel, pour deux bonnes raisons. La première raison est qu’un roi, surtout un roi de Portugal, ne demande pas quelque chose que lui seul peut fournir, et la deuxième raison est qu’une femme est essentiellement un vase fait pour être rempli, une suppliante naturelle, qu’elle plaide en neuvaines ou dans les prières occasionnelles. Mais ni la persévérance du Roi qui, sauf empêchement canonique ou physiologique, accomplit vigoureusement son devoir royal deux fois par semaine, ni la patience et l’humilité de la Reine, qui, en plus de prier, se soumet à une immobilité totale après le retrait de son mari, afin que leurs sécrétions génératrices puissent féconder sans être dérangées, faute de motivation et de temps, et à cause de ses profonds scrupules moraux, le roi est prodigieux, comme on pourrait s’y attendre d’un homme qui n’a pas encore 22 ans, ni le un facteur ni l’autre n’a réussi jusqu’à présent à faire gonfler le ventre de Dona Maria Ana. Pourtant Dieu est tout-puissant…. ??

Ce dont je suis très sûr (autant qu’un être humain peut l’être) dont je me souviendrai dans quelques années de cette lecture, c’est l’histoire d’amour purement étonnante, terrestre mais aussi céleste entre les deux principaux protagonistes -[*unfortunately the 3rd main personage Padre Bartolomeu Lourenco de Gusmao who colored something like a one quarter of the book died far too soon to make a further strong impression…but I’ve missed him even so, he was an extremely brilliant mind for his living times] – Baltasar et Blimunda – deux vagabonds, lui un ancien soldat d’une guerre qui l’a laissé un homme handicapé sans sa main gauche, et elle, une voyante, une fille aux pouvoirs surnaturels, qui peut voir dans les choses et les gens si le jeûne était fait, deux personnes pleines d’excentricités et qui ont, de temps en temps, des conversations sur des choses transcendantales…

L’histoire gravite autour de la création et de la construction d’une machine volante (la soi-disant bien-aimée Passarola), entreprise qui finit par aboutir et qui va entraîner des conséquences dramatiques pour cette trinité d’inventeurs de dirigeables, et, sur à plus grande échelle, sur la construction et l’érection du couvent de Mafra, un projet très ambitieux et laborieux qui touche à terme l’ensemble de la population du pays, car les événements sont toujours interconnectés et personne ne peut échapper à l’œil de l’Église ( avec la haute tutelle du Saint-Office de l’Inquisition) et de l’Etat (selon les décrets du Roi..).

…car c’est un fait bien connu qu’il faut éduquer l’oreille si l’on veut apprécier les sons musicaux, de même que les yeux doivent apprendre à distinguer la valeur des mots et la manière dont ils se combinent quand on lit un texte, et l’ouïe doit être entraînée pour que l’on comprenne la parole, Ces paroles lourdes modèrent mes remarques frivoles, car il est courant chez les hommes de dire ce qu’ils croient que les autres souhaitent les entendre dire, sans toutefois s’en tenir à la vérité, pour que les hommes puissent s’en tenir à la vérité, ils doivent d’abord reconnaître leurs erreurs, Et les commettre, C’est une question à laquelle je ne pourrais pas répondre par un simple oui ou non, mais je crois en la nécessité de l’erreur.

≪…on ne se demande jamais s’il n’y a pas de sagesse dans la folie, même en reconnaissant qu’on est tous un peu fous. Ce sont des manières de rester fermement de ce côté de la folie, et imaginez ce qui arriverait si les fous exigeaient d’être traités comme s’ils étaient égaux aux sains d’esprit, qui ne sont qu’un peu fous, sous prétexte qu’ils possèdent encore eux-mêmes un peu de sagesse, afin de sauvegarder, par exemple, leur propre existence…>>

J’ai trouvé absorbante toute l’exubérance du récit baroque, mêlée à des discours et à des méditations en cascade sur l’existence humaine, la religion, des questions croisées entre l’intellect et la foi sur la gouvernance de la vie, le tout agrémenté d’un style d’écriture comique, érudit, parfois surréaliste de compter les histoires qui font la vie des gens… Finalement, Toujours comme quelque chose, jamais comme tout, et jamais comme rien. Car, après tout, nous pouvons échapper à tout, mais pas à nous-mêmes.

Ma première rencontre avec le Portugais José Saramago, lauréat du prix Nobel de littérature en 1998, s’est avéré être un match parfait, côté lecture. Je me suis beaucoup trop amusé et au-dessus de ce que je peux ajouter ici. Fondamentalement, je suis tout à fait d’accord avec la déclaration de l’auteur disant que : « le monde a été parfaitement fou depuis qu’il a été conçu. ??

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