Axpo fait face à des accusations de manipulation du marché de l’électricité en Espagne, ayant conduit à une amende de 1,5 million d’euros. Les autorités reprochent à sa filiale Axpo Iberia d’avoir émis de fausses offres pour perturber les échanges. La situation est exacerbée par des tensions sur le marché énergétique européen, incitant les régulateurs à intervenir. Axpo a annoncé son intention de faire appel, tout en soulignant son respect des réglementations.
Axpo et les Accusations de Manipulation du Marché en Espagne
Axpo traverse une période tumultueuse en raison des récentes controverses entourant la rémunération de son PDG, Christoph Brand. L’autorité de la concurrence espagnole, la CNMC, a récemment infligé une amende de 1,5 million d’euros à la filiale espagnole d’Axpo, Axpo Iberia, pour des accusations de manipulation du marché de l’électricité. Les autorités qualifient ces actes de gravité significative.
Les incidents incriminés se seraient déroulés entre septembre et décembre 2022 sur le marché intrajournalier. Ce marché permet des échanges d’électricité en temps réel, visant à équilibrer les variations de l’offre et de la demande. Les transactions y sont particulièrement rapides, car l’énergie doit souvent être fournie peu après l’accord.
Les Détails des Accusations et leurs Implications
Les autorités espagnoles affirment qu’Axpo a manipulé le marché en émettant de faux signaux ou des indications trompeuses. En pratique, l’entreprise aurait soumis des offres de vente qu’elle a ensuite rapidement annulées, la plupart d’entre elles étant considérées comme non sérieuses. Ce comportement visait à semer la confusion parmi les concurrents ou à obtenir un avantage lors des échanges d’électricité à la frontière française.
Les perspectives de profit étaient particulièrement favorables à l’automne et en hiver 2022, en raison de l’augmentation des prix sur le marché de l’électricité causée par l’invasion russe de l’Ukraine et la pénurie de gaz qui en a découlé. En réponse, les autorités espagnoles ont mis en place des plafonds de prix pour le gaz utilisé dans la production d’électricité.
La situation a également eu des répercussions en Suisse, où le Conseil fédéral a dû accorder à Axpo Holding AG une ligne de crédit de 4 milliards de francs pour éviter des problèmes de liquidité causés par les fluctuations extrêmes des prix sur les marchés de l’énergie.
Les accusations portées contre Axpo sont d’autant plus inquiétantes dans ce contexte de tension. Carlos Aguilar Paredes, membre de l’autorité espagnole de la concurrence, a exprimé dans un avis dissident que l’amende imposée était insuffisante et a suggéré qu’Axpo devrait indemniser d’autres entreprises affectées par ses actions, ainsi qu’être exclue du marché espagnol pour une période déterminée.
Ce dossier attire désormais l’attention à l’échelle européenne, l’organisation des régulateurs énergétiques, Acer, ayant salué l’initiative de l’autorité espagnole et sa volonté de faire respecter les règles contre la manipulation du marché.
En réponse, Axpo a exprimé sa surprise face à la décision et a annoncé son intention de faire appel. Selon le porte-parole Martin Stucki, l’entreprise a toujours respecté les réglementations en vigueur et continuera de le faire, bien qu’elle n’ait pas fourni d’informations supplémentaires sur l’affaire ni sur ses répercussions sur le personnel.
Cette affaire soulève des questions importantes sur la stratégie commerciale d’Axpo. Bien que les traders actifs dans trente pays aient joué un rôle dans la situation, la vente de l’électricité produite en Suisse semble avoir été mal gérée. Malgré cela, Axpo, entièrement détenue par les cantons du nord-est de la Suisse, continue de prendre des risques financiers considérables, mettant ainsi en jeu sa réputation.
Actuellement, le commerce international représente une part significative des résultats d’Axpo, avec 1,1 milliard de francs pour l’exercice précédent. Cependant, cela a un coût, certains traders ayant perçu des primes allant de 40 à 50 millions de francs durant la même période. Selon des sources proches de l’entreprise, certains auraient même gagné entre 3 et 5 millions de francs, bien plus que la rémunération du PDG, qui s’élevait à environ 1,8 million de francs.
Le porte-parole Stucki a précisé qu’Axpo ne communique pas sur le montant total des primes ou sur les paiements individuels, bien qu’il existe un plafond de primes pour une partie des paiements directs. Ainsi, des primes de 3 millions de francs ou plus ne peuvent être exclues.
Dans les jours récents, le salaire du PDG n’a pas été le seul sujet de débat. Axpo, ainsi que d’autres producteurs d’électricité suisses, aurait exigé des montants considérables pour maintenir la stabilité du réseau électrique, ce qui a conduit l’autorité suisse de régulation du marché de l’électricité à introduire un plafond de prix.