L’objectif du CRTC est de faire des Trois Grands un (pas tout à fait) un Grand Quatre
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Dans une longue décision rendue la semaine dernière, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) affirme avoir fait un pas de plus vers l’habilitation des opérateurs de réseaux mobiles virtuels (MVNO) au Canada.
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Qu’est-ce qu’un MVNO ? La signification des « opérateurs » est assez claire. Idem pour « réseau ». « Mobile » fait référence au réseau destiné aux téléphones mobiles (et non au fait que le réseau lui-même est mobile). Et « virtuel » signifie que l’opérateur ne dispose pas de son propre spectre ou de tours de télécommunication, mais qu’il loue ou achète à la place l’utilisation du spectre et de l’équipement des opérateurs de télécommunications et dispose donc principalement d’un virtuel existence.
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D’autres pays ont de véritables MVNO virtuels. Ils renforcent la concurrence et l’innovation, font baisser les prix pour les consommateurs et offrent des services nouveaux et meilleurs que les grands opérateurs historiques ont tendance à ignorer jusqu’à ce que les pressions concurrentielles les obligent à changer.
La terminologie est importante dans ce secteur des télécommunications très sensible. Et, malheureusement, la décision du CRTC n’a rien à voir avec ce que sont réellement les MVNO. « Virtuel » signifie que vous n’avez pas besoin de spectre et que vous n’avez pas besoin d’installations de réseau.
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Ce que dit la dernière décision du CRTC, c’est que les télécoms régionaux qui ont du spectre et des installations, comme Freedom, Eastlink et Vidéotron, peuvent désormais avoir accès aux réseaux des Trois Grands (Bell, Rogers et Telus). Oui, c’est ce que font les MVNO. Mais le hic, c’est que pour obtenir cet accès de type MVNO à court terme, chaque entreprise doit posséder du spectre et s’engager à construire ses propres installations de réseau d’ici sept à 10 ans. L’objectif du CRTC est toujours de faire du Big Three un (pas tout à fait) Big Four.
La beauté du modèle MVNO dans d’autres parties du monde est que ces opérateurs achètent l’accès sur les réseaux existants et répercutent les économies sur les consommateurs. Quant aux opérateurs historiques, ils gagnent de l’argent en partageant leurs réseaux, ce qui permet des gains d’efficacité qu’ils n’atteindraient peut-être pas eux-mêmes et améliorent leur retour sur investissement, car d’autres entreprises paient pour utiliser également leurs réseaux.
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Mais malgré ces avantages potentiels, les compagnies de téléphone canadiennes ont longtemps hésité à partager leurs réseaux. Les Big Three ont toujours donné des coups de pied et crié à la perspective. Et le CRTC ne les a pas forcés à le faire – et ne le fait toujours pas avec cette dernière décision.
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En moyenne, les clients mobiles au Canada paient presque le double des frais mensuels moyens de 25 $ US payés par les consommateurs dans 22 pays développés, selon un rapport de Bank of America Merrill Lynch. Cela ne va pas changer à cause de cette dernière décision. Mais ce n’est pas forcément le cas.
Les réseaux de partage peuvent fonctionner. Je suis PDG et actionnaire majoritaire de deux entreprises – Iristel (un fournisseur de services téléphoniques par Internet partout au Canada) et Ice Wireless (une entreprise sans fil dans le Grand Nord canadien) – qui partagent leurs réseaux depuis plus de 20 ans. De nombreuses entreprises différentes les utilisent, notamment MagicJack et Uber. Nous l’appelons « Co-op-étition » puisque tout le monde sort en tête. Nous gagnons. Nos clients commerciaux sont gagnants. Et, plus important encore, les consommateurs sont gagnants avec des prix plus bas et plus justes et des services plus innovants. Chaque école de commerce enseigne qu’une concurrence dynamique engendre l’innovation et profite aux consommateurs. Et c’est le cas.
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Cependant, cette dernière décision « MVNO » ne concerne pas l’innovation et les avantages pour les consommateurs. Oui, cela aide les télécoms régionaux comme Eastlink, Freedom, Vidéotron et même Ice Wireless. Mais ces petits acteurs régionaux sont tellement loin derrière Bell, Rogers et Telus en termes de nombre de clients que cette faveur réglementaire ne fera vraiment pas de différence pour eux.
Alors qu’ils louent l’accès à d’autres réseaux et construisent leur propre infrastructure, où en seront-ils dans sept ans ? Très endettés et incapables d’être aussi agressifs qu’ils le devraient pour attirer des clients. Et s’ils n’ont pas fini de construire l’infrastructure qu’ils ont promise ? Est-ce que Bell, Rogers et Telus seront autorisés à les expulser arbitrairement de leurs réseaux? Avouons-le, pour les acteurs régionaux, il n’y a pas vraiment de valeur à construire une deuxième tour à côté de la tour d’un titulaire qui a encore une capacité excédentaire.
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En lisant les reportages des médias sur la décision, il semble que l’utilisation par le CRTC du terme MVNO ait fonctionné comme un tour de passe-passe politique pour la plupart des observateurs. Mais le coup de pouce de la décision dans le sens d’une concurrence effective aurait pu être tellement plus fort. Alors que le CRTC déplace métaphoriquement les coquilles, les consommateurs découvriront bientôt ce qui se trouve sous eux, ce sont les noms Bell, Rogers et Telus – et non une concurrence réelle et significative et des prix plus bas. Il semble que nous ne les obtiendrons pas tant qu’un gouvernement favorable à la concurrence n’arrivera pas au pouvoir.
Samer Bishay est président et chef de la direction d’Iristel, un opérateur de voix sur protocole Internet (VoIP) basé à Toronto et autorisé par le CRTC depuis 2000.