samedi, décembre 21, 2024

Avis : la COP28 en (très gros) chiffres

La réunion sur le climat de ce week-end discutera de milliards de dollars. Personne ne dira que ses chances de succès sont nulles

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Les neurosciences nous disent que le cerveau humain est très mauvais pour interpréter les grands nombres. La plupart des gens savent que millions, milliards et milliards sont tous de grands nombres, mais ne peuvent pas vraiment comprendre quelle est la différence entre eux. Réponse : c’est gros. Un million de secondes équivaut à 12 jours. Un milliard de secondes équivaut à 31 ans. Un billion de secondes équivaut à 31 688 années, soit bien plus que 12 jours.

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Nos difficultés cognitives face aux grands nombres poseront problème à la lecture des nouvelles de la conférence sur le climat COP28 qui se réunit jeudi à Dubaï.

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La conférence a un ordre du jour très varié. Elle réunira également un grand nombre de personnes – plus de 70 000 au dernier décompte. Voilà le premier problème de grande envergure pour la COP28. Comment un groupe de 70 000 personnes peut-il discuter de quoi que ce soit de manière cohérente ?

Les organisateurs ont identifié cinq thèmes sur lesquels ils souhaiteraient voir un accord entre les près de 190 gouvernements qui seront représentés. Lorsque vous parlez de gouvernements, 190 est encore un autre chiffre qui met votre cerveau au défi.

Pour simplifier à l’extrême, il y a quatre thèmes principaux : comment accélérer les efforts de tous les pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre l’objectif « zéro net » proposé pour 2050 (zéro n’étant pas un grand nombre) ; comment inciter les pays les plus riches à donner beaucoup plus d’argent aux pays les plus pauvres pour les aider à atténuer le changement climatique et à s’y adapter ; comment persuader tous les pays d’abandonner progressivement la production de combustibles fossiles d’ici 2050 ; et, enfin, comment accroître le rôle de l’ONU en tant que coordinateur central et régulateur mondial des efforts climatiques.

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La plupart des discussions à huis clos porteront sur l’argent. Les pays riches versent désormais environ 70 milliards de dollars en aide climatique, principalement pour contribuer à financer la réduction des émissions de GES. Les pays en développement souhaitent que ce montant soit porté à au moins 1 400 milliards de dollars par an d’ici 2026, soit 20 fois plus. Vingt n’est pas en réalité un chiffre si élevé, sauf lorsqu’il s’agit de multiplier par ce chiffre des sommes déjà très importantes. Les pays en développement ont également exigé que le financement de l’adaptation atteigne au moins 600 milliards de dollars par an. Lors de la COP27 de l’année dernière en Égypte, ils ont obtenu un accord de principe pour un nouveau fonds destiné à payer les « pertes et dommages » qu’ils subiront à cause des événements météorologiques défavorables qu’ils attribuent aux émissions historiques de GES des pays industrialisés, bien qu’aucun montant en dollars n’ait été convenu. à. Enfin, les pays en développement font pression pour un nouveau Fonds mondial pour la biodiversité, auquel les pays développés ne donneraient que 20 milliards de dollars par an.

Chiffres ronds : les pays riches devraient payer 2 000 milliards de dollars par an. Si les allocations étaient basées sur le PIB, le Canada serait redevable de trois pour cent du total, soit 60 milliards de dollars américains par an. En dollars canadiens, cela représente environ 78 milliards de dollars. Il y a environ 16 millions de ménages au Canada, donc (faites le calcul) chaque ménage devrait 4 875 $. Par an. C’est un chiffre que la personne moyenne peut facilement comprendre. Il ou elle peut également comprendre qu’il est absolument impossible que le public canadien ou les électeurs d’un autre pays de l’OCDE acceptent une telle chose. Pas même s’ils ne savaient pas (et ils le savent) que la Chine, producteur de 30 pour cent des émissions mondiales de GES, non seulement n’y contribuerait pas, mais pourrait tout à fait en être un bénéficiaire.

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Les 27 précédentes COP (pour Conférence des Parties) ont toutes préconisé des réductions d’émissions toujours plus ambitieuses. Mais depuis la première COP, les émissions mondiales ont augmenté de 60 pour cent, sous l’effet des efforts incessants des pays en développement pour parvenir à davantage de développement économique pour leurs populations en plein essor. Rien ne prouve que la tendance va changer. La Chine, l’Inde, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak et d’autres considèrent tous la production de combustibles fossiles comme la clé de leur développement économique et de leur sécurité énergétique. Il est peu probable qu’ils s’engagent à réduire leur production, même si quelques pays de l’OCDE le font.

Le Secrétariat des Nations Unies fera pression lors de la COP28 pour élargir le rôle des institutions existantes, y compris en organisant encore plus de sommets sur le climat afin d’exercer encore plus de pression politique sur les dirigeants, et ils pourraient y parvenir (même si beaucoup d’entre nous pensent qu’un seul sommet par an est déjà plus). que suffisant). Dans quelle mesure peut-il être difficile de convaincre des dizaines de milliers de parties prenantes du climat de se rendre chaque année dans des lieux de conférence exotiques ? Surtout si le grand public ne peut pas comprendre les chiffres avec lesquels il joue.

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Ce week-end, les médias en général rendront compte en termes élogieux de l’énergie et de l’enthousiasme des participants à la conférence, notamment ceux représentant les ONG environnementales. Le communiqué prendra note de chaque nouvel engagement pris, tout en ignorant totalement que la probabilité que l’ensemble du processus atteigne ses objectifs est un chiffre très, très faible, qui ne diffère pas significativement de zéro.

Robert Lyman est un économiste de l’énergie à la retraite.

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