mardi, novembre 26, 2024

Arnaud Desplechin Sur La Dissolution De La Haine Et De La Magie Dans Le Réalisme Dans Frère Et Sœur [Interview]

Qu’est-ce qui vous pousse à revenir à la famille Vuillard comme sujets pour ces films ? Ils ont évidemment une longue histoire dans votre filmographie.

C’était prévu ou pas ? Ce n’était pas prévu. Ce qui était prévu, c’est que j’en fasse deux adaptations, l’une étant « Oh Mercy ! (Roubaix Un Lumiere) », et l’autre étant « Deception », l’adaptation de Philip Roth. Alors après ça, j’ai pensé, non, non, non, je dois revenir [and] reconnaître le nouveau matériel. Je me souviens[ed] « Le Conte de Noël », où il y avait déjà la même intrigue parce que tu avais cette sœur qui était si pleine de colère contre son frère, mais j’ai laissé Elizabeth sur le balcon à Paris et elle était mélancolique. J’ai pensé, ai-je fait mon travail de cinéaste parce que je ne l’ai pas sauvée, et mon travail est de sauver le personnage.

J’ai dit: « OK, changeons. » Ce n’est plus Elizabeth. C’est Alice, et cette fois, je vais la sauver. Je corrigerai les défauts que nous rencontrons tous dans nos vies. Je vais essayer de les réparer un peu parce que je pense que c’est la chose que le cinéma peut faire, réparer nos vies. Nos vies sont imparfaites, mais quand on regarde le film, parce qu’il est fait, parce qu’il est écrit, parce qu’il est tourné, monté, etc., c’est la vie mais vue sous un meilleur angle. Et ainsi, je pourrais soulager mon personnage de cette haine qui la dévore. Et donc, après ça on s’est dit, mais comment s’appellera la famille ? [Co-writer] Julie Peyr m’a dit : « Bon, revenons au Vuillard. Le Vuillard a frappé à ma porte et j’ai juste ouvert ma porte et ils étaient de retour.

C’est vraiment agréable de voir ce genre de cohérence dans une filmographie. J’ai l’impression que vous ne voyez pas vraiment les gens revenir en arrière et revisiter des personnages comme la famille. Ce truc est juste très cool. Pourquoi avez-vous voulu vous concentrer sur la haine et finalement sur la dissolution de la haine dans ce film ? Qu’est-ce qui vous fascine en tant que cinéaste ?

Parce que c’est un sentiment, parce que je pense que je me suis confronté [with] ma pire peur dans la vie. Le premier n’était pas la haine d’Alice envers son frère. Ma première peur est la mort des parents. L’accident, le terrible accident, et la fragilité des parents. Heureusement, je suis si vieux et mes parents sont toujours en vie. Je suis encore un enfant. Je ne peux pas imaginer leur mort. Ils doivent être sur Terre pour le reste de mes jours. Je ne suis pas capable d’imaginer cela et de dire : « OK, je vais me confronter à ça. » Dans la vraie vie, je suis terrifié par cette sensation. À tant de niveaux – au niveau familial, mais au niveau politique, à tous les niveaux – je pense que la haine est un poison. J’ai pensé que si nous racontions l’histoire correctement, si nous la filmions correctement, si nous gardions l’esprit ouvert, et un grand et un grand cœur, nous pourrions peut-être trouver des solutions pour trier ce genre de mauvais sentiments, qui sont parfois un poison pour vous , poison pour Louis qui est l’objet de la haine ; le poison pour Alice aussi, avec la perte et le déplacement de ses sentiments.

Le cinéma est le meilleur endroit pour rectifier cela. La scène où Louis vole — D’où vous est venue l’impulsion d’avoir un moment aussi magique dans un film fondé sur un tel réalisme ? C’était un si joli petit départ.

C’est une arnaque. C’est une arnaque. Je dois avouer, j’avoue devant vous. Je pense qu’il y a un film – qui est sous-estimé à mon avis – mais que j’aime beaucoup. C’est « Alice ». Le nom d’Alice vient de « Alice », le film de Woody Allen. À un moment donné, Alice vole et visite [her] mari. Mais cette fois [in « Brother and Sister »]il ne s’agissait pas de [a] fantôme. Alors j’ai pensé, ai-je le droit de faire cette arnaque ? Car [Allen] l’ai fait d’une manière si merveilleuse, je n’ai pas le droit de le faire. Mais je suis aussi un grand fan de « Birdman ». J’ai pensé, « OK, si je mélange « Birdman » plus un souvenir d’Alice, alors peut-être que je peux faire quelque chose à moi. »

Mais maintenant, je vais aller à mon implication la plus profonde dans cette scène, qui est le fait que nous entendons pendant le film que Louis avait une relation terrible avec sa mère. Ils ne s’entendaient pas. Ils n’étaient pas amis. Mais je m’en suis rendu compte pendant le mix. Je ne savais pas avant que le nom de la mère est Marie-Louise, et le nom de son fils est Louis. D’une certaine manière, le nom de la mère appelle son fils à venir lui rendre visite et à l’attraper comme une forme de réconciliation à la fin. Pour moi, ça justifiait cette séquence onirique quand il survolait Roubaix, arrivait à Lille, et disait à sa mère : « OK, notre relation était terrible, mais je t’attrape. Je te tiens. Je t’aime. J’ai été un imbécile. J’ai été un imbécile, tu as été un imbécile. C’était la beauté de celui-ci.

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