Le projet Arctic LNG 2, essentiel pour la Russie dans sa quête de leadership énergétique, est en difficulté à cause des sanctions occidentales suite à l’invasion de l’Ukraine. Bien que le gouvernement russe ait investi massivement, la production de gaz a été suspendue, faisant face à des défis logistiques et à l’absence de clients internationaux. La flotte de méthaniers, nécessaire pour le transport, est insuffisante, et des pays comme l’Inde restent réticents à s’engager tant que les sanctions persistent.
Le gaz naturel liquéfié représente pour de nombreux pays une voie vers les énergies renouvelables. La Russie, désireuse de tirer parti de cette transition, a toutefois vu son projet phare dans le Grand Nord suspendre ses activités récemment. Arctic LNG 2 est devenu le théâtre des sanctions occidentales, malgré l’existence de flottes de méthaniers clandestins.
Un projet ambitieux à l’arrêt
En juillet 2023, Vladimir Poutine a marqué un tournant pour l’avenir énergétique de la Russie dans un petit village du nord de Mourmansk. Lors d’une visite sur un site de construction, il a donné son feu vert pour le transport de la première grande installation de liquéfaction de gaz naturel d’Arctic LNG 2 vers la péninsule de Gydan. Ce projet colossal, qui a nécessité plus de trois ans de travaux et près de 20 milliards d’euros d’investissements, vise à renforcer la position de la Russie en tant que leader énergétique mondial.
Arctic LNG 2 est crucial pour le Kremlin, conscient que le gaz naturel possède une longévité plus importante que le pétrole. En Asie, de nombreux pays cherchent à adopter le gaz liquéfié comme une solution de transition économique et écologique vers les énergies renouvelables. Cependant, la Russie peine à relier ses réseaux de pipelines, orientés vers l’ouest, avec des pays asiatiques tels que la Chine. Le gaz naturel, extrait dans le Grand Nord russe, est alors liquéfié et expédié par des méthaniers à travers les eaux arctiques vers des clients en direction du sud.
Cependant, à peine 16 mois après son inauguration, l’enthousiasme autour du projet s’est estompé. Selon Bloomberg, l’opérateur Novatek a presque complètement arrêté les extractions de gaz à Gydan en novembre. L’exploitation de l’unique installation de liquéfaction d’Arctic LNG 2 a été suspendue dès octobre, révélant les difficultés rencontrées par Poutine pour vendre son gaz naturel, alors que les sanctions occidentales continuent de peser sur le secteur.
Les sanctions frappent fort
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Arctic LNG 2 est devenu la cible des sanctions en Europe et aux États-Unis. En mai 2022, l’Union européenne a interdit aux entreprises européennes de fournir des technologies d’extraction de gaz naturel aux acteurs russes. Un an plus tard, les États-Unis ont suivi cette voie, affirmant clairement leur intention de réduire systématiquement les revenus énergétiques de Poutine. Geoffrey Pyatt, diplomate américain, a déclaré devant le Congrès que leur objectif était de démanteler ce projet ambitieux.
Au départ, il semblait que les sanctions sur le GNL ne porteraient pas leurs fruits, comme celles imposées sur le pétrole. Bien que des partenaires internationaux comme Total Energies se soient retirés d’Arctic LNG 2, Novatek a tout de même mis en service l’installation de liquéfaction. À l’été, la production de gaz naturel a même été augmentée, soutenue par une flotte clandestine de méthaniers. Pourtant, aucun de ces navires n’a trouvé d’acheteur international, confirmant ainsi les inquiétudes de Pyatt concernant l’efficacité des sanctions.
Les défis du transport maritime
Pour Poutine et Arctic LNG 2, la question cruciale reste celle des navires. En dehors des mois d’été, il est impératif de disposer de méthaniers adaptés aux conditions arctiques, capables de transporter le gaz naturel liquéfié sans être bloqués. Novatek avait commandé six méthaniers de classe glace en Corée du Sud et 15 auprès d’un constructeur naval russe avant le début du conflit. Cependant, avec les sanctions, la production a été paralysée et seuls deux des 15 méthaniers pourront être achevés dans un avenir proche, insuffisants pour garantir un approvisionnement régulier pendant les mois d’hiver.
La flotte clandestine ne semble pas offrir une grande aide, même si l’hiver à venir pourrait être moins rigoureux. Les sanctions américaines s’appliquent strictement à Arctic LNG 2, permettant aux États-Unis de surveiller les mouvements de navires suspects grâce à des satellites. De nouvelles embarcations, qu’elles soient privées ou associées à des entreprises douteuses, sont souvent ajoutées à la liste des sanctions, dissuadant des acheteurs potentiels comme l’Inde, qui a déclaré qu’elle ne s’engagerait pas dans des transactions avec Arctic LNG 2 tant que les sanctions demeurent.
À la recherche de clients
Il reste à voir si l’Inde maintiendra sa position ou si, à l’instar de ce qui s’est passé avec le pétrole russe, elle finira par céder si la Russie réduit suffisamment les prix pour attirer des acheteurs. La tension autour d’Arctic LNG 2 souligne les ramifications complexes des sanctions et les défis auxquels la Russie fait face sur le marché mondial de l’énergie.