Le cinéaste lillois Benoît Chiens vient à Annecy depuis 30 ans. Cette année, à son grand étonnement, il ouvre le festival avec « Sirocco et le royaume des courants d’air ».
« C’est une incroyable surprise et un immense honneur. La compétition d’aujourd’hui [in animation] est très difficile et il y a tellement de longs métrages de grande qualité », dit-il, qualifiant l’événement de« lieu exceptionnellement riche pour se rencontrer et découvrir de nouvelles choses ».
Dans « Sirocco », deux sœurs, Juliette et Carmen, découvrent un passage secret vers l’univers de leur livre préféré, le Royaume des courants d’air. Transformés en chats et séparés les uns des autres, ils vont devoir retrouver leur chemin et – avec l’aide de la talentueuse chanteuse Selma – affronter le mystérieux Sirocco, le maître des vents et des tempêtes.
« Son visage est à moitié caché afin d’attirer l’attention du spectateur. Dans un film spectaculaire comme celui-ci, il est important de garder quelques ombres et de ne pas montrer à peu près tout. Le seul moyen de savoir qui se cache derrière cette écharpe, c’est d’aller voir le film ! », s’enthousiasme-t-il.
« Sirocco » est produit par Ron Dyens (Sacrebleu Productions), Gregory Zalcman (Take Five) et Cilvy Aupin (Ciel de Paris). Kinology, basé à Paris, s’occupe des ventes. Chieux a co-écrit le scénario avec Alain Gagnol, également à l’origine du long métrage nominé aux Oscars « Un chat à Paris ».
« Les réalisateurs japonais en général, et Hayao Miyazaki en particulier, utilisent pleinement le langage cinématographique », déclare Chieux en évoquant ses propres inspirations pour le film qui, a-t-il été taquiné, combine « l’esprit des chefs-d’œuvre du Studio Ghibli et les visuels de ‘ Sous-marin jaune.' »
« La façon dont ils placent leurs caméras et déplacent leurs personnages donne au spectateur une impression très immersive de la vie. Sur le plan esthétique, je me sens aussi proche des dessinateurs français comme Moebius, Nicole Claveloux et Claude Ponti.
Malgré son cadre fantastique, il y voit un conte contemporain.
« Les vents puissants qui soufflent sur le royaume font allusion au dérèglement climatique qui transforme nos vies », dit-il.
« Je ne sais pas ce que ‘réel’ veut dire au cinéma, mais ce qui m’intéresse, c’est ‘l’impression de réalité’. Les questions socio-politiques ne faisaient pas partie de cette histoire, mais ce sont les questions qui m’intéressent pour un futur projet. Je veux trouver des moyens de transmettre ces sujets aux enfants.
Chefeux n’oublie jamais ses plus petits téléspectateurs, admet-il.
« La meilleure façon de respecter les enfants est de suivre mon instinct. J’essaie d’aborder des sujets qui me touchent personnellement, mais je consacre beaucoup de temps et d’énergie à trouver les moyens les plus simples et les plus clairs pour qu’ils comprennent l’histoire que je raconte. Et sur [making sure] ils prendront plaisir à le regarder.
Chieux, qui a précédemment co-réalisé « Tante Hilda! » avec Jacques-Rémy Girerd, ainsi que le court métrage nominé aux César « Midnight’s Garden », est prêt à poursuivre ces aventures balayées par le vent.
« J’ai beaucoup travaillé sur ce film. J’aimerais développer d’autres univers, mais l’un de nos défis était de créer un monde crédible qui paraîtrait immense, et donc assez facile à transformer en série. C’est aussi ce que voulait Ron Dyens.
Il veut certainement que le film plaise à un large public.
« Surtout aux enfants. Son distributeur, Haut et Court, soutient ‘Sirocco’ depuis plusieurs années et il sortira dans les salles françaises le 13 décembre », note-t-il.
« C’est un très bon moment pour l’animation. Le public est de plus en plus grand et la place de l’animation dans le monde du cinéma ne cesse de croître. Cependant, je ne pense pas que la diffusion en ligne devrait être gratuite pour tous. Le streaming devrait être encadré légalement afin de respecter la diversité des diffuseurs, comme les chaînes de télévision et les salles de cinéma, qui sont encore très importantes en France.