dimanche, janvier 5, 2025

Anne Brorhilker, ex-cheffe enquêtrice, alerte sur la persistance des pratiques Cum-Ex – n-tv.de

Anne Brorhilker, ancienne enquêtrice en chef, alerte sur la persistance des transactions frauduleuses liées aux Cum-Ex en Allemagne, malgré des réglementations renforcées. Elle souligne que ces opérations ont coûté au moins 28 milliards d’euros à l’État et plaide pour une réforme systémique, incluant la création d’une autorité centrale pour lutter contre la criminalité financière. La lenteur des enquêtes et le manque de coopération entre les autorités aggravent la situation, rendant difficile la récupération des pertes fiscales.

Anne Brorhilker, ancienne enquêtrice en chef, a joué un rôle crucial dans le scandale Cum-Ex en Allemagne. Elle est convaincue que des transactions illégales de ce type continuent d’exister, au détriment des contribuables. Les progrès dans le traitement de ces affaires demeurent lents dans plusieurs domaines.

Des transactions illégales toujours en cours

Anne Brorhilker, qui a dirigé les enquêtes sur les transactions Cum-Ex, soutient fermement que la fraude fiscale liée à ces opérations boursières illégales est toujours présente dans le secteur financier. Elle déclare : ‘Les Cum-Ex sont toujours d’actualité, même longtemps après le changement législatif de 2012.’ Actuellement directrice de l’initiative citoyenne Finanzwende, Brorhilker souligne l’urgence de la situation.

Les transactions Cum-Ex, qui ont atteint leur pic entre 2006 et 2011, sont considérées comme l’un des plus grands vols fiscaux de l’histoire allemande. Les banques et d’autres investisseurs ont orchestré une chaîne complexe d’échanges d’actions pour obtenir des remboursements d’impôts pour des montants qu’ils n’avaient jamais payés. Cette fraude a coûté à l’État au moins dix milliards d’euros, entraînant un changement législatif en 2012.

Cependant, Brorhilker affirme que la fraude fiscale a persisté par la suite. Elle évoque le cas d’une fondation créée par des criminels présumés, qui aurait été utilisée pour des transactions Cum-Ex en 2016. Selon elle, il est très probable que des opérations similaires, appelées Cum-Cum, se poursuivent aujourd’hui.

Des défis persistants dans la lutte contre la criminalité financière

Brorhilker insiste sur le fait que malgré les affirmations selon lesquelles ces transactions sont aujourd’hui ‘techniquement impossibles’ en raison des nouvelles réglementations, les criminels continuent d’opérer à une échelle européenne, en exploitant les failles des différentes législations nationales. ‘Bien que les méthodes aient pu évoluer, les transactions sont toujours réalisables,’ explique-t-elle.

Elle met également en avant le faible risque encouru par les banques pour leurs activités criminelles. Ayant dirigé les enquêtes sur les Cum-Ex au parquet de Cologne, elle note que les institutions financières sont conscientes qu’il est difficile de prouver leur culpabilité. ‘Nous avons un manque de surveillance, peu importe les règles que nous établissons, et la motivation criminelle dans ce secteur reste forte,’ déclare-t-elle.

Un des principaux freins à la résolution des affaires Cum-Ex est le fait que les banques dissimulent des données à l’étranger. Brorhilker précise que les banques et les conseillers fiscaux déplacent des informations dans des juridictions où les droits sont pratiquement inexistants, ce qui complique les enquêtes. ‘Les banques font souvent des déclarations inexactes, ce qui rend les vérifications extrêmement difficiles,’ ajoute-t-elle.

Un appel à une réforme systémique

Brorhilker, ayant récemment quitté son poste dans la fonction publique, appelle à une clarification plus rapide des transactions Cum-Ex et Cum-Cum, qui auraient coûté à l’État environ 28 milliards d’euros. ‘Il est inacceptable que des banques d’investissement internationales puissent tirer profit de ces fraudes,’ déplore-t-elle.

Les transactions Cum-Ex impliquent des échanges massifs d’actions autour des dates de paiement des dividendes, ce qui a permis à de nombreuses banques de bénéficier de remboursements d’impôts illégaux. En 2021, la Cour fédérale de justice a confirmé que ces transactions doivent être considérées comme de la fraude fiscale. Dans le cas des Cum-Cum, des banques ont également généré des avantages fiscaux non autorisés pour des investisseurs étrangers.

Brorhilker appelle à la création d’une autorité centrale dédiée à la lutte contre la criminalité économique, inspirée du modèle autrichien. Elle souligne que la collaboration entre les différentes autorités en Allemagne est insuffisante, rendant les enquêtes inefficaces. De plus, il existe un manque de procureurs spécialisés dans cette matière complexe, ce qui nuit à la capacité du système judiciaire d’apporter des solutions rapides et efficaces.

Enfin, Brorhilker déplore la lenteur des progrès réalisés dans la clarification des transactions illégales. Selon les données du ministère fédéral des Finances, à la fin de 2023, seulement 3,1 milliards d’euros des pertes fiscales dues aux Cum-Ex avaient été récupérés de manière sécurisée, tandis que 380 affaires représentant un volume total de 3,8 milliards d’euros sont encore en cours de traitement.

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