« Mass » et « Eric LaRue » abordent les conséquences d’une fusillade scolaire sous des angles différents. Tandis que « Mass » explore la douleur de quatre parents lors d’une rencontre cathartique, « Eric LaRue » se concentre sur la mère d’un tireur et les mères des victimes, mais souffre d’une atmosphère parfois trop indépendante. Les tensions entre les personnages, notamment Janice et Ron, illustrent leur éloignement émotionnel, rendant difficile la représentation authentique de leur souffrance et des véritables conflits.
Une Tragédie Réalisée avec Précision
Une fusillade dans une école est une tragédie de grande envergure, et chaque film qui tente de capturer les répercussions de tels événements doit être pris au sérieux. Cependant, la manière dont ce sujet est traité peut faire toute la différence. « Mass », le drame présenté au Sundance Film Festival de 2021, a su naviguer avec délicatesse à travers des émotions complexes, mettant en scène quatre parents dans une église pour une discussion profondément cathartique. Deux d’entre eux perdaient un enfant, tandis que les autres étaient les parents du tireur, et le film réussissait à être à la fois poignant et éclairant.
Une Exploration de la Souffrance et du Conflit
À l’opposé, « Eric LaRue », dirigé par l’acteur Michael Shannon, explore une situation similaire en se concentrant sur la mère d’un tireur scolaire et les mères des victimes. Cependant, chaque scène semble parfois alourdie par une ambiance de film indépendant qui peut s’avérer frustrante. Prenons par exemple la scène où Janice LaRue (Judy Greer) retourne travailler dans un magasin de bricolage. Éreintée et déprimée, elle se déplace comme une ombre, un an après la tragédie. Lorsqu’un client lui demande de l’aide concernant des armes à feu, la tension est palpable, mais au lieu de ressentir l’émotion de la scène, on est confronté à une awkwardness palpable qui nuit à la réalité de la situation.
Le pasteur Steve Calhan, interprété par Paul Sparks, apporte également une touche de sarcasme à la dynamique. Son discours de motivation semble déconnecté des véritables émotions de Janice. Ce personnage, qui se considère comme un coach de vie, ne fait que souligner l’ironie de la situation, avec un mari, Ron (Alexander Skarsgård), qui semble vivre dans une réalité différente, obsédé par sa foi.
Les tensions dans leur relation sont exacerbées par leur appartenance à des églises distinctes. Alors que Janice fréquente le pasteur Steve, Ron se laisse séduire par le pasteur Bill Verne (Tracy Letts), dont l’approche est plus sectaire. Ce décalage se traduit par un éloignement émotionnel, illustrant à quel point leur union est mise à l’épreuve. Lorsque Ron tente de s’affirmer, Janice le rejette, ce qui pourrait avoir conduit à des échanges plus profonds si le film avait pris ce conflit au sérieux.
Au moment où Janice et Ron discutent d’Eric, leur fils, le manque d’intimité entre eux est frappant. Les dialogues, bien que chargés d’émotion, semblent manquer de profondeur. La scène finale, où Janice rend visite à Eric en prison, est particulièrement frappante. Eric, joué par Nation Sage Henrikson, affiche une attitude froide et distante, transformant ce moment en une confrontation plus qu’en une réconciliation. Bien qu’il prétende ressentir des remords, sa manière de le dire laisse à désirer.
Au final, « Eric LaRue » semble peiner à capturer l’essence de la souffrance que vit chaque personnage, se concentrant parfois trop sur des éléments périphériques au lieu des véritables conflits émotionnels. Ce film soulève des questions pertinentes sur la parentalité, la perte et la rédemption, mais peine à trouver un équilibre entre le drame et la réalité complexe de telles tragédies.