Un Voyage Musical à Travers la Vie de Louis Armstrong explore l’impact et la carrière de cette légende du jazz à travers une comédie musicale captivante. Présentée à Broadway, elle met en vedette James Monroe Iglehart dans le rôle d’Armstrong et retrace son parcours depuis la Nouvelle-Orléans jusqu’à Hollywood, en passant par Chicago, tout en abordant les défis raciaux et personnels qu’il a rencontrés. La production se distingue par sa bande-son riche et une équipe créative talentueuse, offrant un hommage vibrant à l’héritage d’Armstrong.
Un Voyage Musical à Travers la Vie de Louis Armstrong
Bonjour, Louis ! Ajoutez une nouvelle corde à l’arc déjà impressionnant de Louis Armstrong : icône du jazz, trompettiste exceptionnel, styliste vocal de renom et, désormais, une figure musicale historique d’une telle puissance et charisme qu’elle parvient à faire briller une comédie musicale à jukebox.
A Wonderful World: The Louis Armstrong Musical, mettant en vedette le talentueux James Monroe Iglehart (Aladdin, Hamilton) dans le rôle du légendaire Satchmo, fait ses débuts à Broadway ce soir au Studio 54, sous l’égide de la Roundabout Theatre Company. Bien qu’il ne parvienne pas à éviter tous les écueils typiques des comédies musicales à jukebox, il s’en rapproche plus que la plupart. Wonderful World couvre une vaste période, ce qui limite sa capacité à explorer en profondeur ce qui a fait d’Armstrong une figure emblématique de la musique américaine. Cependant, grâce à Iglehart et à un casting exceptionnel de chanteuses-actrices incarnant les quatre épouses d’Armstrong – Dionne Figgins en Daisy Parker, Jennie Harney-Fleming en Lil Hardin, Kim Exum en Alpha Smith et Darlesia Cearcy en Lucille Wilson – la comédie musicale nous offre peu de temps pour réfléchir aux omissions. Ce qui se déroule sur scène est tout simplement captivant.
Une Équipe Créative de Talent
La production bénéficie d’une équipe créative remarquable qui répond au défi de représenter la grandeur d’Armstrong. Avec une bande-son issue des grands classiques américains et des standards de jazz, un livret efficace signé Aurin Squire (de la série télévisée This Is Us), une mise en scène de Christopher Renshaw et une co-direction de Christian Sajous et Iglehart, Wonderful World nous fait voyager de la Nouvelle-Orléans à Chicago, puis à Los Angeles et New York à travers le 20ème siècle, en nous offrant certaines des plus belles mélodies de cette époque.
Parmi les chansons qui composent cette comédie musicale, on retrouve des classiques tels que “Basin Street Blues,” “It’s Tight Like That,” “Up a Lazy River,” “Black and Blue,” “It Don’t Mean a Thing,” “Do You Know What It Means to Miss New Orleans?,” “A Kiss to Build a Dream On,” “Tiger Rag,” “You Rascal You,” “Cheek to Cheek,” “St. James Infirmary” et, bien entendu, les morceaux les plus emblématiques d’Armstrong comme “Oh, When the Saints Go Marching In,” “Hello, Dolly!” et, inévitablement, la chanson qui donne son titre au spectacle, “What a Wonderful World.”
Avec l’immense Branford Marsalis présent pour garantir que les orchestrations et arrangements possèdent le bon swing et l’authenticité, ces mélodies reçoivent tout l’amour et l’attention qu’elles méritent. Daryl Waters (Supervision musicale, arrangements vocaux et accessoires, orchestrations supplémentaires), Zane Mark (Arrangements de danse), Darryl G. Ivey (Direction musicale) et David Lai (Contractant musical) apportent également des contributions précieuses. Il convient de signaler le travail d’Annastasia Victory et Michael O. Mitchell, un couple marié qui a arrangé et orchestré des versions de cette comédie musicale pendant cinq ans de production pré-Broadway. Malgré les désaccords créatifs avec les producteurs qui ont conduit à leur départ récent, Wonderful World leur doit une reconnaissance certaine.
Structurée autour des quatre mariages d’Armstrong – chacun symbolisant une époque et un lieu spécifiques de sa vie et carrière – Wonderful World retrace son parcours au 20ème siècle avec un souci du détail exceptionnel, grâce à la chorégraphie de Rickey Tripp, aux costumes éclatants de Toni-Leslie James, au design de perruques et de cheveux de Matthew Armentrout, et au design scénique et vidéo d’Adam Koch et Steven Royal. Le design d’éclairage de Cory Pattak est éblouissant et le design sonore de Kai Harada présente la riche musique d’une manière palpitante.
Après un prologue bref, le récit débute dans la Nouvelle-Orléans des années 1910, où le jeune Louis reçoit une éducation musicale et amoureuse teintée d’expériences douloureuses liées au racisme qui le suivra toute sa vie. Amoureux de la prostituée armée d’un couteau, Daisy, Armstrong s’immerge dans le Dixieland, l’Americana et la culture des bateaux à vapeur. Après avoir été témoin d’un lynchage, il décide de fuir vers Chicago, avec ou sans Daisy. (Elle reste en arrière, mais pas pour longtemps, à la grande détresse de Louis).
Dans le Chicago des années 1920, Armstrong découvre les subtilités du jazz et du swing urbains tout en tombant amoureux de Lil, la pianiste qui deviendra sa deuxième épouse, ainsi que sa collaboratrice musicale et sa manager. Ici, Armstrong fait également la connaissance des gangsters, ce qui le conduit à Los Angeles et à un autre divorce.
Le Hollywood des années 1930 offre à Armstrong une nouvelle carrière lucrative, bien que difficile pour son âme, dans l’industrie cinématographique (et une nouvelle épouse, l’étoile émerveillée Alpha, qui n’est pas aussi soumise qu’elle le laisse croire). Pour se faire une place dans le Hollywood blanc, il doit faire face à une forme insidieuse de bigoterie : contrairement aux membres du Ku Klux Klan de la Nouvelle-Orléans ou aux voyous de Chicago, les bigots d’Hollywood se montrent joviaux, admirant les performances cinématographiques d’Armstrong tout en les dénigrant comme des futilités – comme l’affirme un réalisateur.
Pour la première fois, Armstrong remet en question le prix que la célébrité et la richesse exigent de son âme. C’est alors qu’intervient Lincoln Perry (interprété par le talentueux Dewitt Fleming Jr., qui est également le chorégraphe de claquettes du spectacle), une star de cinéma noire prospère qui, hors caméra, se comporte avec dignité et classe, jouissant des biens matériels que lui a apportés son succès. Comment y parvient-il ? En se transformant en Stepin Fetchit.