samedi, décembre 21, 2024

Analyse de la loi anti-terroriste en Israël : enjeux et critiques de la peine collective

Une nouvelle loi en Israël impose des sanctions aux familles de terroristes, ciblant principalement les Palestiniens. Elle permet l’expulsion de membres de famille si ceux-ci sont jugés complices. Des critiques, comme l’avocat Michael Sfard, affirment que cette législation menace l’État de droit et érode la démocratie israélienne. La définition du terrorisme est également contestée, englobant des soutiens à des organisations de défense des droits humains. Cette loi pourrait conduire à des expulsions prolongées des Palestiniens israéliens.

Une nouvelle législation en Israël impose des sanctions aux membres de la famille des terroristes, une mesure qui vise principalement la population palestinienne.

Jusqu’à présent, Israël a principalement exercé des punitions collectives à l’encontre des Palestiniens. Par exemple, lorsque des attaques ont lieu en Cisjordanie occupée, les responsables ne sont pas seulement arrêtés ou abattus ; souvent, les habitations de leurs familles sont également détruites.

La loi récemment adoptée par la Knesset – le parlement israélien – autorise également des sanctions collectives contre les Israéliens. Hanoch Dov Milwidsky, député du parti Likoud dirigé par Benjamin Netanyahu, a expliqué le principe avant le vote : « Si un terroriste a commis un attentat et qu’il est prouvé, selon l’évaluation du ministre de l’Intérieur, que sa famille était au courant de ses intentions et n’a rien fait pour l’en empêcher, cette famille sera expulsée vers la bande de Gaza ou un autre lieu désigné par le ministre, pour une durée de sept à quinze ans. »

Le gouvernement semble peu enclin à favoriser la réconciliation sociale et, au contraire, encourage les divisions existantes.

Tous les observateurs s’accordent à dire que l’expulsion des membres de la famille ne sera appliquée qu’aux Palestiniens. Les partisans de cette mesure affirment qu’elle est censée servir de dissuasion.

Une atteinte à l’État de droit

Michael Sfard, avocat israélien des droits de l’homme et petit-fils de survivants de l’Holocauste, estime que cette loi démontre comment la majorité, souvent d’extrême droite, au parlement détruit l’identité démocratique d’Israël. Selon lui, cette législation enfreint les principes fondamentaux de l’État de droit, qui stipulent que les citoyens doivent se conformer à des lois auxquelles ils ont contribué et qui s’appliquent de manière équitable à tous. « Ce gouvernement utilise la loi comme un outil d’oppression et de contrôle, privant les gens de leur droit à une existence libre et égale », déclare-t-il.

L’incident s’est déroulé à proximité d’une base militaire, avec la police suspectant un acte terroriste.

Issa Fayed, propriétaire d’un magasin de pneus à la périphérie de Haïfa, a déjà expérimenté les conséquences d’une législation telle que celle-ci. Politiquement actif, il se souvient de l’incursion des forces spéciales israéliennes chez lui après le 7 octobre : « Des explosions retentissaient aux alentours, l’armée bloquait la route. Nous avons dû nous coucher au sol alors que des visiteurs étaient présents. Ils m’ont trouvé, m’ont jeté au sol, m’ont bandé les yeux et m’ont frappé tout le long du chemin jusqu’à la voiture, puis ils m’ont emmené au poste de police où ils m’ont maltraité. »

Issa, un homme grand avec une barbe, a souligné sur les réseaux sociaux qu’il existe une narration palestinienne sur les événements du 7 octobre, mettant en lumière l’expulsion et l’oppression. Bien qu’il désapprouve le terrorisme, il craint d’exprimer ses pensées.

La définition du terrorisme en question

Michael Sfard remet également en cause la définition du terrorisme en Israël. Bien qu’il soit évident que la violence contre des civils pour des motifs politiques constitue du terrorisme, Israël classe également comme terroristes ceux qui soutiennent des organisations considérées comme terroristes, y compris certaines organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme. « Les États occidentaux doivent réévaluer leur vision d’Israël. Ce n’est plus une démocratie. Bien qu’il y ait eu des éléments démocratiques, ils ont été progressivement érodés », affirme-t-il. Malgré quelques vestiges de la démocratie et des individus qui luttent pour celle-ci, ils restent minoritaires. « Le gouvernement actuel promeut un système basé sur la domination juive », conclut-il.

La loi récemment votée pourrait bientôt être mise en œuvre, ce qui pourrait entraîner l’expulsion des Israéliens palestiniens pour de longues périodes sur ordre du ministre de l’Intérieur. Selon les experts, cela contredit les principes d’un État de droit démocratique.

Ce sujet a été rapporté par Deutschlandfunk dans l’émission « Informations du matin » le 15 novembre 2024 à 05h15.

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