*Anora* est un film qui retrace l’histoire d’Ani, une strip-teaseuse moderne cherchant à réaliser ses rêves, notamment en espérant une vie de conte de fées. Cependant, malgré une rencontre romantique avec Ivan, le fils d’un oligarque, l’intrigue prend une tournure inattendue mêlant humour et tragédie. Sous la direction de Sean Baker, le film explore les thèmes de l’aspiration et des réalités cruelles de la vie, tout en mettant en avant la complexité de ses personnages et leurs luttes.
Anora ne se présente pas comme un conte de fées, bien qu’il ait les éléments pour en devenir un. Au cours du film, le personnage principal se demande si elle réalisera enfin son rêve de séjourner dans la suite Cendrillon à Disney World pour sa lune de miel. Sous la direction d’un autre réalisateur, cela aurait pu constituer une fin adéquate pour cette comédie dramatique. Anora (Mikey Madison), connue sous le nom d’Ani, n’est pas une jeune fille ordinaire; strip-teaseuse vivant près de Brighton Beach à New York avec sa sœur, elle incarne une sorte de Cendrillon moderne. Dans Ivan (Mark Eydelshteyn), le fils excentrique d’un oligarque russe, elle trouve son prince charmant.
Cependant, Anora ne suit pas le parcours linéaire que l’on pourrait attendre; dirigé par le talentueux Sean Baker, le film parcourt un chemin sinueux sur ses 139 minutes. Il commence comme une romance optimiste, avant de se muer en une comédie dramatique pleine de surprises. Cette œuvre explore la notion illusoire selon laquelle le sexe et l’espoir peuvent garantir une vie meilleure, tout en rendant hommage à ses personnages sans condescendance. Tout comme le conte de Cendrillon, le film met en avant une héroïne dont les rêves, les espoirs et les peines d’amour sont dépeints avec une telle intensité qu’il parvient à nous captiver. Bien qu’un dénouement conventionnel puisse sembler probable, la conclusion du film est bien plus complexe et mémorable, loin d’un simple « heureux pour toujours ». Pas étonnant qu’il ait remporté la Palme d’or à Cannes en mai dernier; c’est une œuvre cinématographique essentielle qui mérite d’être vue.
La découverte de l’univers d’Anora débute avec une explosion de lumières violettes, roses et bleues. Avec les premières notes de Greatest Day de Take That, cette illusion colorée laisse place à des femmes dansant sur les genoux de clients payants. Ani, dont la maîtrise du milieu des clubs de strip-tease est manifeste, se rend compte que son travail n’est pas qu’une simple performance, mais un art qui exige charme et persuasion. Sa routine quotidienne est perturbée lorsqu’un collègue lui demande de séduire Ivan, un « dépensier » à la recherche d’une danseuse qui parle russe. Ani, d’origine ouzbèke et ayant appris la langue de sa grand-mère, est la candidate idéale.
Rapidement, Ani convainc Ivan de lui payer une danse privée, où les sous-entendus sexuels sont palpables. Peu après, Ivan propose un voyage à Vegas et lui demande de l’épouser. Ce début de film, enrichi par le rythme entraînant de Baker et les prestations éblouissantes de Madison et Eydelshteyn, captive le public. Eydelshteyn incarne un Ivan à la fois naïf et charismatique, tandis que Madison brille en Ani, naviguant avec grâce entre la confiance et l’appréhension face à la richesse d’Ivan. La scène du mariage forcé, accompagnée de la chanson optimiste de Take That, donne une sensation de légèreté, mais cet instant de bonheur s’effondre rapidement.
Peu de temps après leur mariage, la vie d’Ani bascule lorsque des hommes envoyés par le père d’Ivan envahissent son domicile. Ils prennent Ani en otage, exigeant d’elle de les aider à retrouver son mari et à annuler leur union. S’ensuit une quête nocturne à travers New York, où l’humour et la tension s’entremêlent, illustrant la peur d’Ani de voir ses rêves anéantis.
Le film ne se limite pas à simplement faire sympathiser le public avec Ani; il établit une connexion profonde. La performance de Madison, bien qu’empreinte d’un accent new-yorkais, touche au cœur. En fin de compte, Anora explore les regards échangés, illustrant les luttes des travailleurs invisibles comme Ani, qui partagent des tracas similaires. Ces interactions silencieuses révèlent une compréhension mutuelle des défis quotidiens de la vie.
Baker excelle à capturer les petits détails, notamment les émotions d’Ani, qui, bien que résiliente, éprouve une anxiété palpable. Les yeux de Madison traduisent subtilement la fatigue mêlée d’espoir croissant