vendredi, novembre 29, 2024

Allan Lanthier : L’impôt minimum sur les sociétés : dites simplement non à l’OCDE

La taxe est une ponction flagrante sur l’argent du gouvernement et devrait être abandonnée

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En décembre dernier, l’OCDE a publié des règles types pour son impôt minimum mondial sur les sociétés de 15 % – un ensemble de 70 pages d’une complexité brutale que les pays du monde entier sont désormais censés adopter dans le cadre de leur législation nationale. Cela a été suivi par un package de 277 pages la semaine dernière avec des commentaires et des exemples qui tentent d’expliquer les règles.

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Cette initiative est un désastre en devenir, créée par des bureaucrates non élus à l’OCDE, avec le soutien et l’encouragement de pays riches et développés comme le Canada. C’est une ponction flagrante sur l’argent du gouvernement et elle devrait être abandonnée.

Les règles s’appliquent aux groupes de sociétés dont le chiffre d’affaires mondial annuel est d’au moins 750 millions d’euros (environ 1 milliard de dollars). En théorie, une société mère canadienne ayant des filiales étrangères qui paient moins de 15 % d’impôt devra payer un impôt « complémentaire » pour combler la différence. Cela semble assez simple : ce n’est pas le cas.

Le revenu net annuel et la charge fiscale de chaque société du groupe doivent être calculés selon les normes comptables et non selon les règles fiscales. Ce fut la première erreur de l’OCDE : les deux concepts ont des finalités très différentes. La loi sur les valeurs mobilières exige qu’une entreprise présente ses résultats financiers selon des normes comptables afin que les actionnaires et les créanciers puissent évaluer leurs risques; les règles fiscales définissent une assiette fiscale qui peut être comprise et appliquée. Le recours aux normes comptables signifie que les gouvernements, y compris notre propre Parlement, cèderont en fait une partie de leur autorité à des conseils comptables non élus.

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Ces normes comptables doivent être appliquées à chaque entité du groupe de sociétés, avec des centaines d’ajustements requis en vertu des règles types. Tout cela est formidable pour les cabinets comptables, qui peuvent désormais aider les clients à collecter, analyser et ajuster les données année après année, en facturant à chaque client des milliers d’heures pour un travail fastidieux. Et dans quel but ? Souvent pour confirmer ce que le client savait déjà : qu’à l’exception d’une ou deux entités paradis fiscaux, les sociétés du groupe paient effectivement un impôt supérieur à 15 %.

Mais nous devons arrêter « la course vers le bas », disent les politiciens. De quelle race s’agit-il exactement ? Bien que les taux d’imposition des sociétés aient diminué dans de nombreux pays ces dernières années, des mesures d’élargissement de l’assiette ont également été prises. Comme je l’ai écrit dans ces pages, le fait est que dans la plupart des pays développés autres que les États-Unis, l’impôt sur les sociétés augmente en pourcentage du PIB depuis près de 50 ans. Par exemple, selon les données de l’OCDE, le ratio de l’impôt sur les sociétés au PIB du Canada a augmenté de 26 % de 1972 à 2019. Et pour les pays de l’OCDE, en moyenne, l’augmentation au cours de la même période a été de 48 %.

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L’impôt sur les sociétés est peut-être en hausse, mais les grandes entreprises continuent de transférer de grandes quantités de revenus vers des paradis fiscaux, n’est-ce pas ? Certains le font et d’autres non. Cette initiative de l’OCDE a débuté en 2013 avec un plan d’action en 15 points, dont une grande partie a déjà été adoptée par le Canada. Mais il y a une pièce manquante qui n’a pas été abordée : les une ou deux entités de paradis fiscaux dans de nombreux groupes de sociétés qui gagnent des montants importants de revenus faiblement imposés. Ces entités pourraient être visées par une règle simple exigeant que les sociétés mères paient un impôt supplémentaire sur les revenus tels que les intérêts intragroupe et les redevances perçus par les filiales étrangères. Au Canada, cela nécessiterait la suppression d’une règle dans notre code des impôts. Au lieu de cela, les fonctionnaires des Finances à Ottawa s’acharnent sur 70 pages de règles de l’OCDE et 277 pages d’explications.

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En plus des paradis fiscaux, les règles de l’OCDE taxeront tout le reste à leur vue. Par exemple, le Canada accorde des crédits pour la recherche et le développement afin de stimuler l’innovation et la croissance économique, mais si le crédit amène le groupe canadien à payer un impôt inférieur à 15 %, les règles types récupèreront l’incitatif. De même, une récente note d’orientation de l’Institut CD Howe recommande que des taux d’imposition des sociétés plus bas soient introduits dans le prochain budget pour les revenus tirés des brevets et d’autres droits de propriété intellectuelle. Encore une fois, cet incitatif pourrait être récupéré en vertu d’un impôt minimum. Nous avons en fait donné à l’OCDE un droit de veto sur nos propres décisions en matière de politique fiscale.

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Enfin, les règles modèles violent les principes fondamentaux d’équité et de neutralité en matière de politique fiscale. Les contribuables se trouvant dans la même situation devraient supporter une charge fiscale similaire. Cependant, en vertu de ces règles, un groupe de sociétés dont les revenus annuels sont juste supérieurs au seuil de revenus annuels de 1 milliard de dollars sera confronté à une taxe supplémentaire et à un fardeau de conformité massif, contrairement à un groupe un peu plus petit qui lui fait concurrence. En conséquence, la Suisse a décidé qu’un référendum public devait être organisé pour approuver une modification constitutionnelle de l’impôt minimum.

Nous avons été conduits sur la voie du jardin par l’OCDE, soutenus et enhardis par les politiciens de nombreux pays développés, y compris le nôtre. Il est temps que les cabinets comptables et juridiques, leurs organes directeurs et les groupes industriels prennent la parole. Dis juste non!

Allan Lanthier est un associé à la retraite d’un cabinet comptable international et a été conseiller auprès du ministère des Finances et de l’Agence du revenu du Canada.

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