La COP29, organisée en Azerbaïdjan, se concentre sur le financement climatique pour les pays en développement, avec des demandes atteignant des billions jusqu’en 2035. Albert Rösti, conseiller fédéral suisse, souligne la difficulté d’atteindre les objectifs financiers souhaités tout en respectant les contraintes budgétaires de la Suisse. Il critique les demandes excessives et insiste sur la nécessité d’engagements concrets pour réduire les émissions de CO₂. La Suisse joue un rôle de médiateur dans ces discussions, cherchant des solutions viables.
La COP29 : Un Dialogue Crucial sur le Financement Climatique
Lors de la conférence mondiale sur le climat COP29, qui se déroule sous l’égide de l’Azerbaïdjan, les discussions se concentrent sur l’augmentation nécessaire des flux financiers en faveur des pays en développement. Plusieurs nations ont exprimé, lors des débats de jeudi, des demandes de financement atteignant des billions jusqu’en 2035. Le conseiller fédéral Albert Rösti est présent à Bakou pour participer aux négociations et partager son analyse de la situation.
Les Objectifs Financiers : Un Défi Réaliste ?
SRF News : Quel objectif financier sera atteint à la fin de cette conférence ?
Albert Rösti : À ce stade des discussions, il est difficile de chiffrer un objectif précis. Les attentes des pays en développement de 1,3 trillion de francs impliqueraient un triplement de notre aide au développement, ce qui semble excessif.
La Suisse a-t-elle une obligation historique, comme le mentionnent certaines organisations environnementales ?
Nous respectons déjà cette obligation avec une contribution annuelle de 700 millions, ce qui est proportionnellement plus que d’autres pays. Nous montrons ainsi l’exemple dans la lutte pour la protection climatique.
Cependant, il est essentiel que cela reste financièrement viable. Nous avons des contraintes budgétaires et d’autres priorités en Suisse, telles que l’AVS, l’éducation et l’armée. Il n’est pas possible d’accepter des demandes financières irréalistes. La générosité de la Suisse est indéniable.
Quel impact a la situation financière mondiale sur ces négociations ?
Il me semble que la situation financière n’est pas le principal facteur. L’urgence est plutôt de se libérer des énergies fossiles. Cela nécessite un engagement collectif de tous les pays, au-delà des simples demandes de financement. Le document présenté hier reflétait cette tendance avec une demande de fonds sans un engagement réel en retour.
La somme de 600 milliards est évoquée, et la Suisse pourrait contribuer à hauteur d’un pour cent, soit six milliards. Que répondez-vous à cela ?
C’est complètement irréaliste, et cela dépasserait nos dépenses annuelles pour l’armée, l’agriculture et les universités. Une telle demande est utopique.
Pourquoi les négociations semblent-elles stagnantes ? Quel rôle joue la présidence ?
Il est clair que la présidence a pris des risques en proposant quelque chose qui n’était pas viable. Dans un contexte parlementaire, cela aurait été rejeté. Notre délégation suisse a clairement exprimé que les propositions manquaient d’actions concrètes sur la réduction des émissions de CO₂, tout en affichant des attentes élevées en matière de financement. Une telle dynamique ne peut mener à aucun accord.
Nous espérons qu’il s’agissait d’une tactique de négociation, visant à provoquer une réaction et à aboutir à un document plus raisonnable pour de futures discussions.
La Suisse devrait-elle assumer un rôle de médiatrice ?
La Suisse joue effectivement un rôle de médiateur dans de nombreux domaines, y compris ici. Nous dirigeons un groupe transnational qui inclut des pays en développement et des pays industrialisés, et nous avons récemment tenu une assemblée ordinaire. La confiance des membres envers la Suisse est forte, ce qui nous permet de faciliter des discussions constructives et d’intégrer les intérêts des deux parties.
Vous avez exprimé des attentes positives concernant un éventuel retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Que pourrait-on attendre de lui en matière de politique climatique ?
Il est encore trop tôt pour juger. Il devra d’abord former son gouvernement, mais je suis convaincu que la Suisse continuera de collaborer efficacement avec les États-Unis, comme cela a été le cas jusqu’à présent.
L’entretien a été réalisé par Benedikt Hofer.