jeudi, décembre 26, 2024

Alan Moore, icône de la bande dessinée, critique la « belligérance systématique » des passionnés de la culture populaire.

Alan Moore, célèbre auteur de bandes dessinées, examine dans un essai pour *The Guardian* l’évolution du fandom, soulignant ses aspects positifs mais aussi ses dérives toxiques. Il critique la nostalgie excessive et le sentiment de privilège qui prévalent parmi les fans, en particulier ceux de la culture des super-héros. Moore argue que cette dynamique pollue la culture et la politique contemporaines, transformant l’enthousiasme en agression et en mécontentement, tout en appelant à un fandom plus constructif.

Alan Moore, reconnu comme l’un des auteurs de bandes dessinées les plus influents au monde, a récemment partagé ses réflexions dans The Guardian sur l’essor préoccupant du fandom dans la culture populaire. Il met en garde que, bien que le fandom puisse être « une force créatrice bénéfique », il a tendance à se transformer en « un fléau grotesque », dégradant la société autour de lui avec ses obsessions. Moore revient sur des déclarations qu’il a faites concernant l’augmentation des films de super-héros, un sujet qu’il avait exploré initialement en 2017.

Dans son essai, il critique vigoureusement l’état d’esprit des fans de super-héros, qu’il décrit comme un « arrêt émotionnel autonome », où ces passionnés se retrouvent souvent dans une forme de stagnation culturelle. De plus, il aborde la question des super-héros eux-mêmes, souvent créés par des artistes qui n’ont jamais défendu leurs droits lors de l’exploitation de leurs œuvres. Moore souligne que le domaine est encore principalement dominé par des récits influencés par des conceptions de suprématie blanche, sans réelle représentation diversifiée.

Moore analyse l’évolution du fandom, notant qu’il est devenu plus âgé, plus aisé, et qu’il manifeste un sentiment de privilège croissant, se traduisant par des plaintes plutôt que par des efforts créatifs. Il observe que cette attitude de « belligérance réflexive » n’est pas uniquement présente dans le fandom des bandes dessinées, mais réside également dans d’autres communautés de fans, y compris parmi les adeptes de Pokémon et les joueurs vidéo. Cette hostilité est souvent visible sur les réseaux sociaux, où des campagnes de dénigrement sèment le trouble parmi ceux qui osent remettre en question leurs normes établies.

Bien que certains fandoms soient des espaces sains de partage d’intérêts communs, Moore souligne que ce mécontentement latent d’un certain groupe de fans toxiques se propage et affecte notre culture collective. Il évoque des épisodes comme Gamergate et Comicsgate comme des manifestations de ce malaise, qui ont même influencé notre environnement politique. Selon lui, la scène politique actuelle reflète cette toxicité, où l’attrait commercial prime sur les véritables valeurs et compétences des candidats.

Moore conclut sur une note importante : être un passionné est tout à fait acceptable, mais utiliser cette passion pour projeter ses frustrations personnelles de manière négative n’est pas acceptable. « Vous n’avez pas besoin de la machette ou du mégaphone », affirme-t-il, mettant l’accent sur la nécessité d’une approche constructive plutôt que destructive envers les loisirs et la culture. Ses réflexions, bien que provocantes, mettent en lumière des problématiques cruciales qui méritent d’être débattues.

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