jeudi, décembre 5, 2024

Affaire d’espionnage impliquant Marsalek : Wirecard finance des sociétés d’espionnage présumées

Wirecard aurait soutenu un réseau d’espionnage au service de la Russie, dirigé par l’ancien directeur Jan Marsalek. Un procès à Londres met en cause trois Bulgares accusés d’avoir transmis des informations sensibles. Des liens entre Marsalek et des entreprises britanniques suspectes soulèvent des questions sur un éventuel financement d’activités d’espionnage. Après la chute de Wirecard en 2020, Marsalek aurait fui en Russie, tandis que les autorités britanniques continuent d’enquêter sur cette affaire complexe.

Wirecard a-t-il soutenu un réseau d’espionnage au service de la Russie ? D’après des sources, l’ancien directeur Jan Marsalek aurait orchestré le transfert de fonds vers des comptes liés à des individus soupçonnés d’espionnage.

Depuis la semaine dernière, l’ancien tribunal ‘Old Bailey’ à Londres est le théâtre d’un procès d’espionnage captivant. Le parquet britannique accuse trois ressortissants bulgares d’avoir collecté et transmis des informations sensibles à la Russie entre 2020 et 2023.

Le groupe, qui opérait principalement depuis le Royaume-Uni, aurait utilisé des technologies avancées, des passeports falsifiés, et aurait même échangé sur des plans d’enlèvement et d’assassinat de cibles surveillées. Les trois accusés rejettent fermement toutes les accusations portées contre eux.

Deux autres membres présumés de ce réseau, Orlin R. et Biser D., ont déjà reconnu leurs activités d’espionnage lors d’audiences antérieures au procès. Tous deux sont également bulgares, et Orlin R. est considéré comme une figure centrale dans cette affaire. Depuis une vaste opération de police l’année dernière, plusieurs membres de ce groupe sont en détention.

Un agent russe surnommé ‘Rupert Ticz’ ?

Les autorités britanniques identifient un agent russe, connu sous le nom de ‘Rupert Ticz’, comme le leader des espions présumés durant plusieurs années, notamment via l’application de messagerie Telegram. Les enquêteurs suspectent que derrière ce pseudonyme se cache Jan Marsalek, l’ancien directeur de Wirecard.

Il est avéré que Marsalek et Orlin R. entretiennent des relations depuis longtemps, ayant échangé des messages dès 2015. Des e-mails obtenus révèlent des discussions sur des téléphones mobiles sécurisés. Les recherches actuelles soulèvent une question cruciale : Marsalek a-t-il simplement échangé des conseils informatiques avec ces agents, ou a-t-il également financé et renforcé leur réseau en utilisant des fonds de Wirecard ? Des documents et emails internes analysés laissent à penser que c’est peut-être le cas.

Des sommes considérables de Wirecard

Le 12 novembre 2019, une assistante de Marsalek a envoyé par e-mail deux factures à Wirecard. Ces factures provenaient d’entreprises britanniques : FTTH Technologies LTD et B.I. Business Investment LTD. FTTH Technologies, enregistrée à l’adresse d’Orlin R., a facturé près de 30 000 euros pour des services informatiques liés à Wirecard AG.

Par ailleurs, B.I. Business a demandé 4 800 euros pour de l’intelligence de données ‘Open Source’ et a ensuite encaissé 90 000 euros pour des services de conseil. Biser D. est enregistré comme directeur de cette société, qui ne semble avoir aucun employé.

Déjà en juillet 2019, Marsalek a reçu une facture d’une autre entreprise britannique, A-Trading Limited Co., d’un montant de plus de 18 000 livres sterling, également pour des services informatiques. Marsalek a insisté pour que le paiement soit effectué rapidement, et il existe des liens entre A-Trading et Orlin R., qui aurait utilisé un nom similaire comme pseudonyme.

Il est notable que tous les paiements vers les entreprises mentionnées ont été approuvés sans difficulté au sein de Wirecard, même si de nombreux employés étaient impliqués. Cela suggère que l’aval de Marsalek suffisait pour valider ces transactions.

Transfert bloqué vers un compte à Beyrouth

Orlin R. a également enregistré d’autres sociétés au Royaume-Uni, dont Newgentech LTD, qui a été dissoute. Une entreprise similaire, NewGen Technologies Limited HK, a été enregistrée à Hong Kong et a également demandé de l’argent à Wirecard.

Le 1er octobre 2019, une facture de NewGen demandait 90 000 euros pour des services informatiques, mais Wirecard a rencontré des difficultés lors du transfert vers un compte bancaire à Beyrouth, la banque française impliquée bloquant la transaction pour des raisons de conformité.

Les avocats de Marsalek et d’Orlin R. ont décliné de commenter ces allégations suite à des demandes d’information.

Marsalek – se cache-t-il en Russie ?

Après l’effondrement de Wirecard le 19 juin 2020, Marsalek a quitté l’Autriche à bord d’un petit avion en direction de Minsk. On soupçonne qu’il se trouve actuellement en Russie, bien que son emplacement précis demeure inconnu. Les autorités britanniques affirment que les citoyens bulgares auraient agi sous ses ordres pendant des années.

La durée du procès à Londres continue d’attirer l’attention sur cette affaire d’espionnage complexe et intrigante.

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