« Acte d’héroïsme désintéressé » : le tireur d’élite canadien qui a utilisé son corps comme bouclier pour sauver un soldat blessé

Quel Maître Cpl. L’action de Jeremy Pinchin près de Kandahar présente de fortes similitudes avec les actions altruistes d’un Canadien qui a reçu la Croix de Victoria pendant la Première Guerre mondiale.

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Le National Post a lancé Heroes Among Us, une série spéciale sur la vaillance militaire canadienne, célébrant le courage en présence de l’ennemi. Au cours des prochaines semaines, nous proposerons 10 Canadiens héroïques qui pourraient être les tout premiers récipiendaires de la Croix de Victoria canadienne, créée il y a trente ans comme version locale de la plus haute distinction décernée pour bravoure au Commonwealth. En collaboration avec la True Patriot Love Foundation, Anthony Wilson-Smith d’Historica Canada, le général (à la retraite) Rick Hillier et l’entrepreneur/bienfaiteur Kevin Reed, nous les célébrerons tous lors d’un gala le 26 juin au Temple de la renommée du hockey.

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Maître Cpl. Jeremy Pinchin, un tireur d’élite du Royal Canadian Regiment de Pembroke, en Ontario, a été déployé avec son petit détachement de tireurs d’élite sur un toit isolé à l’ouest de Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan. Ils surveillaient une patrouille conjointe de soldats canadiens et afghans, protégeant leur flanc sud alors qu’ils avançaient vers une base d’opérations talibane.

La guerre faisait rage. Dans quelques semaines seulement, le nombre de soldats canadiens tués en Afghanistan dépasserait la centaine. Cela faisait sept ans que les talibans avaient été chassés de la capitale Kaboul et vers le sud, en direction de Kandahar. Mais ils s’étaient retranchés dans une force de guérilla, constamment en mouvement et cachés, posant des bombes sur les routes et tendant des embuscades aux forces de l’OTAN qui tentaient de les mettre en déroute.

Les attentats suicides constituent un risque constant dans les zones urbaines. En dehors des villes, la contre-insurrection était en difficulté. De nombreux efforts et encadrement ont été déployés pour renforcer les capacités de sécurité de la police et des soldats afghans. Mais il fallait d’abord que la paix soit instaurée par le combat.

Le district de Zhari, à l’ouest de Kandahar, était le centre des opérations visant à diminuer la force militaire des talibans, à détruire leurs armes et à aider les citoyens à les rejeter. Avec son terrain accidenté de vignes et ses complexes agricoles aux murs de boue offrant un abri de fortune aux guérilleros, il a été le théâtre de combats brutaux tout au long de l’année 2008.

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Maître Cpl.  Jeremy Pinchin et la gouverneure générale Michaelle Jean.
Maître Cpl. Jeremy Pinchin reçoit l’Étoile de la vaillance militaire des mains de la gouverneure générale Michaelle Jean le 4 juin 2010. Photo de Tony Caldwell/Postmedia/Fichier

Mais il y a eu des progrès. Deux ans auparavant, lors de l’opération Medusa menée par le Canada, le tronçon de route reliant une poignée de villages près de Kandahar était parmi les plus meurtriers de tout l’Afghanistan. Un soldat canadien est mort sur la route après avoir marché sur un engin explosif improvisé. Mais maintenant, des centaines d’ouvriers locaux l’ont pavé, en conjonction avec un projet d’irrigation et un nouveau commissariat de police.

L’attaque lancée contre Pinchin et son détachement dans le district de Zhari en novembre 2008 a été une catastrophe immédiate. Bien organisés et bien armés, les combattants talibans étaient plus nombreux que la patrouille. La citation de Pinchin pour l’Étoile de la vaillance militaire, la deuxième plus haute distinction militaire décernée pour bravoure, indique que lorsqu’un camarade soldat a été si gravement blessé que sa vie a été menacée, Pinchin lui a administré les premiers soins, puis l’a délibérément protégé des tirs des talibans avec son propre corps. Sa propre armure de protection a été touchée à plusieurs reprises et les a empêchés tous deux d’être tués.

« L’acte d’héroïsme altruiste du caporal-chef Pinchin a sauvé la vie d’un camarade soldat », peut-on lire dans la citation.

Il est difficile d’imaginer un acte plus courageux pour un soldat en action. Quelques années plus tard, le nom de Pinchin serait parmi ceux qui revenaient dans les discussions sur les raisons pour lesquelles le Canada n’avait décerné à aucun soldat sa plus haute médaille de bravoure, la Croix de Victoria canadienne, pour sa bravoure face à l’ennemi hostile en Afghanistan. À ce jour, et malgré de nombreuses distinctions moindres décernées pour bravoure, la Croix de Victoria canadienne n’a jamais été décernée depuis que le Canada l’a créée en 1992, après avoir pris en charge son système de distinctions honorifiques des Britanniques à partir de 1967.

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En 2012, l’ancien chef d’état-major de la Défense, le général Walt Natynczyk, a mis sur pied un comité chargé d’examiner les médailles décernées jusqu’à présent pour la bravoure militaire, en réponse aux inquiétudes selon lesquelles aucun Canadien en Afghanistan n’avait reçu cette plus haute distinction. Le comité a examiné 17 étoiles de la vaillance militaire, la deuxième plus haute, décernées pour le service en Afghanistan.

«Nous avons constaté que deux étaient un peu faibles, mais méritaient quand même et que deux étaient très, très forts», a déclaré le premier maître de 1re classe Bob Cléroux à La Presse Canadienne.

Le comité a décidé de n’apporter aucun changement.

Médailles de guerre du capitaine Francis Scrimger.
Les médailles de la Première Guerre mondiale du capitaine Francis Scrimger, dont ses descendants ont fait don au Musée canadien de la guerre. De gauche à droite : Croix de Victoria, Médaille de guerre britannique, 1914-1920, et Médaille de la victoire, 1914-1919. Photo de Wayne Cuddington/Postmedia/Fichier

Faisant rapport sur cette décision, Murray Brewster, alors journaliste à La Presse Canadienne, aujourd’hui à la SRC, a fait une comparaison qui résonne encore aujourd’hui. Il a pris soin de souligner le point de vue de l’armée canadienne selon lequel il est inexact de comparer les désignations de guerres aussi différentes que celles de l’Afghanistan et des guerres mondiales, dans un système de distinctions honorifiques qui a considérablement changé. Durant la Première Guerre mondiale, 73 Croix de Victoria — le prédécesseur britannique de la Croix canadienne — ont été décernées à des Canadiens. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 16 autres récompenses ont été décernées.

Mais Brewster a également évoqué la comparaison simple et provocatrice de Francis Scrimger, un jeune médecin canadien servant sur le front occidental de la Grande Guerre, dont la bravoure impliquait une action altruiste étonnamment similaire à celle de Pinchin.

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Scrimger, né à Montréal en 1880, qui deviendra chirurgien en chef à l’Hôpital Royal Victoria après la guerre, fut déployé en Europe avec le 14e Bataillon d’infanterie (Royal Montreal Regiment) et, en avril 1915, fut affecté à un poste de secours avancé dans un avion belge. ferme surnommée « Mousetrap Farm ». C’était sur la route allant d’Ypres, où les Allemands étaient sur le point d’utiliser du chlore gazeux toxique pour la première fois pendant la Grande Guerre, vers Saint Julien, à quelques kilomètres de là, où se trouve aujourd’hui le mémorial canadien de cette bataille.

C’est sur l’avis médical de Scrimger que les hommes ont commencé à utiliser des chiffons imbibés d’urine pour filtrer du mieux qu’ils pouvaient cette nouvelle menace. Il faudra attendre six mois avant que les premiers masques à gaz soient testés et déployés.

À partir du 22 avril, dès la première dispersion de gaz à l’aube, Scrimger a commencé à évacuer ses blessés, mais l’un des hommes blessés à la tête a été le plus difficile à déplacer. Dans l’après-midi du quatrième jour de ce qu’on appelle maintenant la deuxième bataille d’Ypres, il transporta l’homme de l’écurie à la route sous un feu nourri et aussi loin qu’il le pouvait vers la sécurité. Puis, lorsqu’il ne pouvait aller plus loin, il l’a déposé dans un cratère d’obus et s’est étendu sur lui avec son propre corps pour se protéger des tirs ennemis jusqu’à ce qu’ils soient secourus.

Cet été-là, il reçoit la Croix de Victoria à Londres. Sa citation dans la London Gazette indique qu’il « a fait preuve continuellement, jour et nuit, du plus grand dévouement à son devoir parmi les blessés du front ».

Près d’un siècle plus tard, Pinchin prendrait le même genre de décision et prendrait des mesures similaires.

Maître Cpl.  Jeremy Pinchin et le capitaine Francis Scrimger
Maître Cpl. Jeremy Pinchin, à gauche, et le médecin canadien, le capitaine Francis Scrimger. Scrimger a reçu la Croix de Victoria pendant la Première Guerre mondiale pour des actions étonnamment similaires à celles de Pinchin. Photo du MDN ; Bibliothèque et Archives Canada

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