Des détenus de la prison de Gablingen à Augsbourg font de nouvelles allégations de mauvais traitements, indiquant qu’ils ont été enfermés nus et isolés sans justification. Des accusations incluent des violences physiques de la part des gardiens et des conditions de détention inhumaines. Une inspection inattendue aurait été manipulée pour masquer ces irrégularités. Le ministère de la Justice de Bavière se distancie des accusations, tandis que les enquêtes par le parquet d’Augsbourg continuent sans résultats concrets.
Des détenus portent de nouvelles allégations contre la prison de Gablingen à Augsbourg. D’après des investigations menées par Kontraste et BR, l’établissement pénitentiaire est également soupçonné d’avoir dissimulé des irrégularités avant une inspection de la Commission anti-torture.
Ce pourrait être l’un des plus grands scandales judiciaires en Bavière depuis la Seconde Guerre mondiale : des prisonniers auraient été enfermés nus dans des cellules spéciales à la prison de Gablingen, parfois pendant plusieurs semaines, sans justification légale adéquate. Malgré une lettre alarmante d’une médecin adressée au ministère de la Justice, près d’un an s’est écoulé avant que les autorités n’agissent de manière significative.
À présent, des détenus actuels formulent de nouvelles accusations lors d’une interview avec le magazine politique ARD Kontraste et BR. Pour la première fois, une équipe de journalistes a pu interroger des prisonniers à l’intérieur de l’établissement. Toutefois, contrairement aux souhaits des détenus, le ministère de la Justice n’a pas permis d’enregistrements vidéo, ce qui a limité l’interview audio à deux détenus en instance de jugement.
Selon une porte-parole, le ministre de la Justice bavarois, Eisenreich, aurait été informé des allégations de mauvais traitements à Gablingen seulement récemment.
Des témoignages troublants
Le détenu Andreas Hartinger rapporte avoir été placé au début de sa détention provisoire dans une pièce ‘sombre et sans fenêtre’, uniquement vêtu d’un slip en papier, et n’ayant pas eu accès à une douche pendant dix jours. Cette ‘cellule de détention particulièrement sécurisée’ (BgH) est réservée aux détenus qui représentent temporairement un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Hartinger affirme également avoir été ‘frappé au ventre par des gardiens’. La prison n’a pas souhaité commenter cet incident.
De son côté, Angelo Jeremias, un autre détenu, déplore ses conditions de détention. Il a été contraint de quitter sa cellule par six agents. Lorsqu’il a demandé sa destination, un agent a répliqué : ‘En enfer du sud.’ Il a finalement été emmené, contre sa volonté, dans une cellule d’isolement où il a passé 17 jours consécutifs. Le représentant légal de Jeremias, Helmut Mörtl, a exprimé son indignation lors d’une interview avec Kontraste sur le manque de réponses de la prison concernant le placement de son client : ‘Je n’ai jamais connu une telle situation auparavant.’
Des manipulations avant l’inspection ?
Le 9 août, une équipe d’inspection a été dépêchée à Gablingen sans préavis, mais a été contrainte d’attendre longtemps à l’entrée, selon Rainer Dopp, président de l’organe national. Cette attente a semblé suspecte à l’équipe d’inspection. Peu après, une dénonciation anonyme provenant d’agents de la prison a été transmise au ministère de la Justice de Bavière, affirmant que le temps d’attente avait été utilisé pour préparer les cellules de détention sécurisées avec des sous-vêtements, des matelas et des oreillers, des items normalement refusés aux détenus. Cette affaire est désormais sous l’examen du parquet d’Augsbourg.
Le syndicat des agents pénitentiaires souligne une crise de personnel alarmante.
Une réponse du ministère de la Justice
Suite aux révélations, le ministère de la Justice de Bavière a tenté de prendre ses distances dans sa réponse à Kontraste et BR, affirmant que la lettre de son responsable de département ne reflétait pas la position du ministre d’État Georg Eisenreich. Rainer Dopp a rétorqué que cette question ne relevait pas d’une position mais du respect du droit international. De plus, le ministère attend toujours des documents demandés à la prison après l’inspection.
Henning Müller, professeur de droit pénal à Ratisbonne, critique également le fait que les enquêtes sont toujours menées par le parquet d’Augsbourg, qui, après neuf mois d’examen des accusations en juin, n’a pas ouvert de procédure, ne trouvant aucun indice de crimes à Gablingen.