samedi, novembre 16, 2024

Aaron Wudrick: 13 milliards de dollars pour Volkswagen montre que Trudeau n’a aucune confiance dans l’innovation canadienne

Aucune subvention gouvernementale ne peut remplacer la richesse de nos ressources naturelles

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Ils sont venus dans le sud-ouest de l’Ontario, de Queen’s Park, de la Colline du Parlement et de Wolfsburg, en Allemagne, souriant jusqu’aux oreilles. L’heureuse occasion : l’annonce officielle du plus important transfert de fonds publics à une entreprise privée de l’histoire du Canada. Les louanges ont été chantées, la bonne humeur abondait et les félicitations mutuelles étaient de mise, même entre les ennemis politiques traditionnels plus habitués à échanger des barbes.

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Telle était la scène vendredi à St. Thomas, une petite ville juste à l’extérieur de London, en Ontario, où les Canadiens ont finalement appris à quel point un «investissement» historique tant médiatisé allait leur coûter: 13 milliards de dollars. C’est un milliard, avec un « B ». Le récipiendaire était le géant allemand de l’automobile Volkswagen, qui, en échange d’une telle générosité sans précédent, s’est engagé à construire une usine de batteries de véhicules électriques de 7 milliards de dollars, sa première entreprise de ce type en Amérique du Nord.

Vous avez bien lu : les gouvernements canadiens donnent à Volkswagen 13 milliards de dollars pour construire une usine de 7 milliards de dollars. C’est le genre de leadership audacieux que seuls des experts économiques sophistiqués comme Justin Trudeau et Doug Ford peuvent obtenir.

Bien sûr, nous ne devrions pas trop simplifier; ce n’est pas comme si Volkswagen se tenait là, les mains tendues. Non, cette subvention – pardon, investissement – conduira à la création de 3 000 emplois locaux bien rémunérés. Et tout cela pour la modeste contribution des contribuables de seulement 4,3 millions de dollars par emploi ! De toute évidence, il serait irresponsable de laisser passer ce genre d’opportunité économique incroyable.

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Il y avait plus dans cette veine, mais quiconque a suivi de telles annonces au fil des ans connaîtra leurs terribles arguments. C’est l’économie du futur ! Pensez aux effets secondaires ! Tout cela était tellement déprimant.

Oui, la taille de la sucette était remarquable – à 13 milliards de dollars, c’est en une seule transaction plus du triple du montant soutiré des coffres publics par Bombardier, l’affiche du bien-être des entreprises canadiennes, sur une période d’un demi-siècle. Mais il y avait aussi de nouveaux signes alarmants indiquant que le welfarisme des entreprises, qui a déjà causé d’immenses dommages au Canada pendant si longtemps, est sur le point de s’aggraver.

Considérons d’abord l’étonnante non-réponse de l’opposition. Dans un climat politique qui dérive de plus en plus vers un populisme incessant à la David et Goliath, on pourrait penser que tout gouvernement annonçant qu’il verse 13 milliards de dollars des coffres publics à une société étrangère rentable se présenterait comme une cible d’attaque juteuse.

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Incroyablement, ni les conservateurs fédéraux qui tuent les gardiens (qui au moins avaient l’habitude de se positionner comme contre le bien-être des entreprises lorsqu’ils étaient dans l’opposition avant d’abandonner une telle prétention une fois au pouvoir) ni le NPD fédéral (dont l’ancien chef David Lewis a inventé le terme « clochards du bien-être des entreprises ”) a pris la peine de soulever l’affaire Volkswagen lors de la période des questions jeudi après que l’ampleur des largesses ait été divulguée aux médias. Si même des politiciens comme Pierre Poilievre et Jagmeet Singh — qui, à leur manière respective, ne cessent de nous dire comment ils se battent pour le petit gars — ne peuvent pas s’indigner pour dénoncer une telle ponction massive dans le Trésor public, qui ?

Deuxièmement, il y a la pensée de groupe de type religieux qui semble avoir infecté les politiciens de tous bords quant à la nécessité pour le Canada d’être un « acteur » de l’économie verte. Ce dogme s’appuie sur un ancien état d’esprit (« pour certains secteurs, il faut payer pour jouer ») et l’élève à une crise existentielle : si nous ne fabriquons pas de batteries de voitures électriques au Canada, notre économie est nécessairement vouée à l’échec. Cela implique effectivement qu’il ne peut y avoir aucune limite au prix que les gouvernements devraient être prêts à payer – et vous pouvez être sûr que d’autres acteurs commerciaux en prennent note.

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Nous en avons vu des nuances dans les remarques de Trudeau lors de la conférence de presse à Saint-Thomas où il a feint l’étonnement que quiconque puisse sérieusement remettre en question la sagesse de cet « investissement », allant même jusqu’à affirmer qu’il reflétait en quelque sorte la « confiance » dans le Canada.

Confiance, premier ministre ? La confiance, c’est quand votre attrait est si fort que les investisseurs viennent à vous – pas quand vous devez ramper vers eux pour mendier et soudoyer. Un gouvernement fédéral qui déploie des subventions comme principal outil économique ne fait pas preuve de « confiance » dans l’innovation ou la persévérance des entreprises ou des travailleurs canadiens. Bien au contraire : ils signalent la peur. Crainte que les Canadiens soient trop faibles pour faire concurrence sur d’autres terrains, et peur que les Canadiens soient condamnés sans que leurs supérieurs à Ottawa ne subventionnent des emplois pour eux.

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Pire encore, en se concentrant sur les subventions, les gouvernements ne se penchent pas sur nos avantages comparatifs réels. Aucune subvention gouvernementale ne peut remplacer la générosité de nos ressources naturelles. Ce sont ces avantages – sans essayer de surenchérir sur les Américains pour des usines qui pourraient être construites n’importe où – qui devraient constituer la base de notre avenir économique.

C’est peut-être une chimère d’espérer que le bon sens économique à long terme prévaudra un jour lorsqu’il entre en conflit avec des avantages politiques à court terme hautement souhaitables. En ce sens, l’histoire de Volkswagen n’a rien de nouveau. Mais il reste déprimant que le gouvernement Trudeau se soit maintenant lancé dans ce qui pourrait s’avérer être le plus grand gâchis économique de l’histoire du Canada. Les Canadiens – à l’exception peut-être de quelques milliers dans une petite poche du sud-ouest de l’Ontario – resteront plus pauvres en conséquence.

Aaron Wudrick est avocat et directeur du programme de politique intérieure à l’Institut Macdonald-Laurier.

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