À Montréal, les services aux plus vulnérables suscitent des réactions négatives, mais aucune solution simple

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MONTRÉAL — Les autorités montréalaises peinent à convaincre le public d’adopter l’approche de la ville pour traiter les personnes souffrant de dépendances graves et les sans-abri, alors que ces crises sociales deviennent la matière première pour des attaques politiques.

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Dans le quartier Saint-Henri de Montréal, un site de consommation supervisée qui offre également un hébergement de transition aux sans-abri souffrant de problèmes de toxicomanie ou de santé mentale suscite la colère des riverains parce qu’il est situé près d’une école primaire. À quelques kilomètres de là, au centre-ville de Montréal, un autre site de consommation supervisée a contribué à transformer une partie du quartier en ce qu’on appelle désormais la « ruelle du crack ».

La Ville ressent la pression des citoyens et va donc organiser des consultations publiques sur la façon d’intégrer les services aux personnes vulnérables dans les zones urbaines. Le maire de Montréal est également critiqué par le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre, qui a tenu une conférence de presse devant la Maison Benoit Labre de Saint-Henri le 12 juillet, affirmant que le maire oblige les enfants à aller à l’école près d’un « repaire de drogue ».

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Mais il n’existe pas de solutions simples, selon les experts, qui affirment que les personnes souffrant d’une grave dépendance aux drogues ont besoin de services tels que des sites de consommation supervisée – où elles peuvent être traitées en cas de surdose – sinon elles risquent de mourir dans la rue.

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Elaine Hyshka, titulaire de la chaire de recherche canadienne sur l’innovation dans les systèmes de santé et professeure agrégée à l’Université de l’Alberta, explique que les autorités municipales ouvrent des sites d’injection supervisés dans les zones urbaines parce que c’est là que se trouvent les consommateurs de drogues. Ces sites, dit-elle, ne peuvent pas être situés dans des quartiers isolés de la ville parce que « la grande majorité des gens ne parcourent pas plus d’un kilomètre pour accéder au service de consommation supervisée ».

François Gagnon, scientifique principal et conseiller spécial en politiques au Centre canadien sur les dépendances et l’alcoolisme et les toxicomanies, affirme qu’idéalement, les sites de consommation sécuritaire ne devraient pas être situés près d’une école, mais ce n’est pas toujours possible dans la ville densément peuplée de Montréal.

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« Dans une ville aussi dense que Montréal, c’est assez difficile de trouver quelque chose qui ne soit pas proche d’une garderie ou d’une école », dit-il.

Mais ces faits ne consolent pas André Lambert, qui habite depuis 15 ans à Saint-Henri, à deux pas de la Maison Benoit Labre. Il affirme que depuis l’ouverture de l’établissement en avril, son quartier lui paraît moins sécuritaire.

« Les gens ont peur de vivre ici », a déclaré Lambert, ajoutant que son voisin avait été agressé le week-end précédent par des gens qui fumaient du crack sur le pas de sa porte.

Lambert souhaite la fermeture du centre; il fait partie d’un groupe de résidents qui ont écrit plusieurs lettres à une multitude de responsables du Québec leur demandant d’intervenir.

En attendant l’autobus à la Maison Benoit Labre, Marie-Eve Pelletier, qui travaille dans une clinique dentaire à proximité, dit se faire souvent crier dessus en se rendant à l’arrêt d’autobus. « C’est toujours un problème quand je prends l’autobus ici, car je ne sais jamais comment les gens vont réagir, car ils sont souvent agressifs. »

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Selon Hyshka, les gens s’attardent parfois à l’extérieur des sites d’injection sécurisés parce qu’il n’y a pas assez de logements. Certains sites, dit-elle, sont devenus des « paratonnerres » parce qu’ils ont tendance à être peu nombreux et éloignés les uns des autres, desservant de grands groupes de personnes au lieu d’être répartis dans toute la ville sur un plus large éventail d’installations.

Ce qui ne contribue pas à combler le fossé entre le public et les populations vulnérables, selon Hyshka, c’est que certains politiciens à tous les niveaux de gouvernement « utilisent les services de consommation supervisée comme un sujet de discorde pour accroître leur soutien populaire sans réfléchir aux coûts négatifs potentiels de leurs actions ».

Selon la Dre Julie Bruneau, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine des dépendances et chercheuse clinicienne à l’Université de Montréal, l’itinérance, la toxicomanie et les problèmes de santé mentale sont devenus beaucoup plus graves et visibles dans les grandes villes canadiennes depuis la pandémie de COVID-19. Les sites de consommation supervisée comme CACTUS Montréal, situés dans ce qu’on appelle la « ruelle du crack » — un terme utilisé par plusieurs médias locaux de la ville — sont en difficulté en raison du manque de personnel, des bas salaires, du financement précaire des programmes et du manque d’espace pour accueillir le grand nombre de personnes qui ont besoin de services vitaux.

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Selon Mme Bruneau, les habitants de certaines régions sont mécontents de voir leur quartier devenir le théâtre de crises sociales, surtout s’ils ont payé cher pour acheter une propriété à proximité. Mais elle estime que les services doivent être fournis là où se trouvent les personnes vulnérables.

Selon Mme Gagnon, plusieurs mesures peuvent être mises en place pour éviter les réactions négatives des résidents qui vivent à proximité des sites de consommation supervisée. Il s’agit notamment de demander aux utilisateurs de ne pas quitter les lieux lorsqu’ils sont fortement intoxiqués, d’organiser le nettoyage régulier des seringues jetées et de coordonner les efforts avec la police ou d’engager des agents de sécurité privés pour maintenir l’ordre autour des sites.

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