A Horse at Night: On Writing par Amina Cain critique – la lecture comme un acte sensuel | Critique littéraire

BLes regards sur la lecture d’autres livres sont un genre où l’acte de lire est toujours, immanquablement, romancé. La première incursion d’Amina Cain dans la non-fiction, Un cheval la nuit, n’est pas différent. Il y a deux ans, elle a écrit un roman remarquable, Indélicatesse, à propos d’une femme de ménage dans un musée d’art voulant produire elle-même de l’art. Maintenant, elle a écrit un essai d’une longueur de livre où elle lit de la fiction (et regarde le cinéma et regarde des peintures) non pas pour la valeur des histoires qu’elles racontent, mais pour les paysages qu’elles dépeignent. L’essai est une chaîne d’images se déplaçant rapidement, compilées pour créer une expérience artistique accrue pour le lecteur. « Ce n’est pas toujours la langue qui m’attire en premier », écrit-elle. « Je commence souvent par le réglage. Avant l’intrigue, avant le dialogue, avant toute autre chose. Les images passent des décors au bord de l’océan, à la nuit, aux hivers glaciaux, au monde naturel. Les narrateurs et les trames de fond de ces romans, peintures et films sont amenés à disparaître. Reste le lecteur seul avec ces visions. Le mot dans le livre qui décrit le mieux ce que Caïn essaie d’évoquer chez le lecteur est « image-sentiment ». Il est tiré d’un livre de Renee Gladman du même nom, mais Cain ne se souvient pas de quoi il s’agissait.

La scène d’ouverture de Rachel Cusk Parc d’Arlington où il pleut dans une banlieue londonienne pendant cinq pages… La mer du sud de l’Espagne dans Deborah Levy’s Lait chaud où la narratrice, Sofia, se fait piquer par des méduses… La noirceur intime de la nouvelle de Borges Un dialogue sur un dialogue, où deux personnages discutent assis dans une pièce, oubliant d’allumer la lampe… Caïn nous demande de ne pas simplement lire de la fiction , mais pour le voir se dérouler sur la page.

En réfléchissant publiquement à une chaîne de scènes écrites par Cusk, ainsi que Marguerite Duras, Elena Ferrante et Jean Genet, Cain explore les nombreuses vies qu’elle a menées en privé en tant que lectrice. Lire, pour elle, est un acte sensuel. Et nous lisons avec elle comme elle lit dans la solitude ou pour se détendre ; lit pour projeter ou lit aspirant à un deuxième endroit où habiter. Elle a perdu des amis en lisant Ferrante ; elle craint qu’Internet ne transforme les romanciers en entreprises. La fin de partie ici est de créer un sentiment d’un autre monde et romantique à propos de la lecture : une expérience positive qui est dépourvue de trop de détails d’intrigue, de personnalité ou de conflit. Mais cela fait finalement Un cheval de nuitt lecture légère, si légère qu’elle vous endort. Il s’avère que les éléments mêmes de la fiction que Cain peut éviter – détail, personnalité, conflit – sont les choses qui font que ces scènes emblématiques de romans (et de films) durent à jamais dans nos esprits.

Le livre est, au mieux, un journal où Cain essaie de comprendre comment écrire son prochain roman. Sa lecture est la preuve que le grand art laisse une personne irrévocablement changée ; dans chaque chapitre, elle est une version différente d’elle-même. « Une personne devrait être comme le globe oculaire transparent de Ralph Waldo Emerson », écrit-elle, « absorbant tout ce qui l’entoure ».

Souvent, les phrases commencent par les mots « je veux ». « Je veux écrire comme Anne Carson. » « Je veux écrire sur la solitude. » « Je veux être authentique. » « Plaisir, liberté, tourment, vide : c’est ce que je veux que mon écriture exprime. Pour chaque livre qu’elle lit, elle est amenée à écrire l’un des siens en réponse. « Je commence à penser que je dois écrire un roman sur la souffrance parce que tant de gens souffrent. » À la page suivante, elle dit : « J’écrirai sur les choses qui me font honte dans ma vie, comme le fait de vieillir. » La seule chose qui reste constante tout au long du livre est un désir sincère de fiction plus profonde. « Pour aller plus loin », comme elle dit. Cain est un écrivain encore en train de se décider.

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