Le monde entre dans une période de pénurie, ce qui signifie que le Canada ne pourra pas dépenser son chemin vers la prospérité
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La reprise inattendue de l’inflation au Canada le mois dernier – même si elle s’avère être un coup dur – est un nouveau rappel que le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau est confronté à un paysage de politique économique plus périlleux, avec des compromis difficiles à l’horizon.
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L’instinct économique naturel de ce gouvernement a été des dépenses budgétaires généreuses et une migration internationale ouverte.
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Pourtant, Trudeau n’a pas besoin de regarder beaucoup plus loin que les chiffres de l’inflation de Statistique Canada ou l’appel de la semaine dernière du G7 pour une « réduction des risques » mondiale pour voir comment les choses évoluent.
Alors que le monde entre dans une période de pénurie – de l’argent plus cher aux contraintes d’approvisionnement – la justification de l’économie nationale s’affaiblit.
La crise du logement en est une manifestation, tout comme les pressions accrues sur les prix et la série historiquement agressive de hausses des taux d’intérêt de la Banque du Canada.
Trudeau est arrivé au pouvoir en 2015 sur une plate-forme anti-austérité pour inverser le record de croissance anémique de son prédécesseur conservateur qui, comme les libéraux n’ont pas tardé à le rappeler aux Canadiens à l’époque, était le plus faible depuis que RB Bennet était premier ministre dans les années 1930.
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L’économie était saine à l’époque, même si le dividende de la croissance n’a pas porté ses fruits.
L’économie canadienne a connu une demande insuffisante au début du mandat de Trudeau, alors que les prix des produits de base ont chuté, tandis que les dépenses supplémentaires ont contribué à atténuer les risques pour la stabilité financière en allégeant la pression exercée sur la Banque du Canada pour stimuler la croissance.
L’augmentation de la migration internationale a entraîné des gains dans le revenu du travail et a soutenu un marché du logement qui était encore largement à la portée de l’abordabilité. L’inflation n’était pas un souci. En fait, la préoccupation des décideurs était qu’il n’était peut-être pas assez élevé.
Entre-temps, de nouveaux programmes sociaux ont permis au gouvernement de faire d’importants progrès en matière d’égalité et de redistribution, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté.
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Les importants objectifs politiques de l’administration Trudeau étaient en synergie avec l’environnement économique. Les politiques ramaient plus ou moins dans le même sens.
Cependant, l’environnement post-pandémique actuel n’est plus aussi accommodant.
Alors que de nombreux décideurs et économistes souscrivent encore à des perspectives modérément optimistes, avec une croissance et une inflation continues maîtrisées, des résultats moins favorables sont de plus en plus plausibles.
Il existe une possibilité réelle que l’inflation et les taux d’intérêt restent bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie, que la croissance devienne plus anémique, que la dynamique budgétaire se détériore et que la transition climatique s’avère coûteuse.
Au lieu de travailler de concert, les trois objectifs fondamentaux de la politique économique du gouvernement — la croissance, l’équité et la stabilité des prix — pourraient devenir de plus en plus contradictoires.
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Par exemple, l’augmentation de l’immigration est un élément positif à long terme pour une économie menacée par le vieillissement démographique. Et plus de dépenses sociales sont généralement associées à moins d’inégalités.
Mais des coûts d’emprunt plus élevés, alimentés par de fortes augmentations de la population et des dépenses gouvernementales, auront un impact disproportionné sur les Canadiens et les jeunes familles à faible revenu, créant potentiellement des divisions et menaçant de nouvelles sortes d’inégalités.
Ajoutez la transition énergétique au mix et les enjeux de sécurité nationale et le paysage devient un champ de mines.
L’arène politique sera plus ambiguë et le gouvernement tiré dans plusieurs directions. La paralysie politique, les efforts inutiles et la mauvaise allocation des ressources sont des risques réels.
Il existe cependant certains principes fondamentaux et certains garde-fous politiques qui peuvent aider le gouvernement à relever ce défi.
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Premièrement, les décideurs politiques devraient accorder la priorité à la croissance du PIB par habitant et à l’augmentation de la productivité plutôt qu’à l’expansion de l’économie globale. Les deux sont importants, mais c’est dans le premier que réside la véritable prospérité et là où le Canada échoue. Masquer la faiblesse sous-jacente avec des gains de revenu national n’est qu’une recette pour des salaires stagnants. L’amélioration de la productivité contribue également à atténuer les pressions inflationnistes.
Deuxièmement, les boîtes à outils et la précision des politiques sont importantes.
Par exemple, les solutions du côté de l’offre sont essentielles à la productivité, mais les décideurs doivent également être conscients des impacts à court terme dans un monde inflationniste. Se concentrer davantage sur la migration économique et ralentir temporairement le rythme des nouveaux entrants pour permettre à l’offre de logements de rattraper son retard semble être une solution raisonnable à la crise actuelle du logement.
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Un autre exemple est la politique industrielle, qui doit devenir plus sophistiquée. Les économies avancées seront en concurrence dans les industries de pointe, où il y a une concentration de R&D et de travailleurs qualifiés. Cependant, les solutions rapides par le biais de subventions aux entreprises ne sont pas la solution. Le Canada a besoin d’une architecture scientifique et technologique moderne qui traduit les idées en résultats économiques, en salaires plus élevés et en de meilleurs niveaux de vie.
Le troisième garde-fou est le plus canadien : être raisonnable et pragmatique.
Cela paraît évident mais il ne faut pas prendre ce principe pour acquis, d’autant plus que nous nous précipitons (à juste titre) pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux. Le Canada demeure une économie de ressources. Le secteur paie beaucoup de factures, maintient notre monnaie stable et les finances publiques sont pleines de liquidités.
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C’est aussi là que réside toute puissance mondiale que nous pourrions avoir en tant que nation. Cela rend primordiale une transition climatique ordonnée.
Theo Argitis est associé directeur chez Compass Rose Group. Robert Asselin est vice-président principal, Politiques au Conseil canadien des affaires.
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