Une fois que l’inflation a augmenté, les dés sont jetés et la lutte pour la main-d’œuvre est perdue
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La plupart des fonctionnaires fédéraux qui se sont mis en grève il y a quelques semaines ont repris le travail le 1er mai, après que l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) a conclu une entente de principe avec le Conseil du Trésor qui augmentera les salaires de quelque 120 000 bureaucrates de 12,6 % sur une période de trois ans, commençant rétroactivement en juin 2021.
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Donc, une augmentation d’environ 4 % par année — le double de l’objectif de 2 % de la Banque du Canada, mais moins que l’inflation que nous connaissons depuis l’automne 2021. (Les 35 000 membres de l’AFPC qui travaillent pour l’Agence du revenu du Canada rester en grève.)
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La grève de l’AFPC a mis en évidence une question importante qui doit être abordée si nous voulons collectivement surmonter la douloureuse crise inflationniste de l’an dernier : les travailleurs canadiens compenseront-ils un jour la perte de pouvoir d’achat de leurs salaires ?
Les grévistes, comme tous les travailleurs, ont un scrupule légitime. Avec une inflation moyenne de 6,8 % l’an dernier, 2022 a été l’une des pires années depuis des décennies pour les salaires réels. Il n’est pas déraisonnable que les travailleurs se demandent pourquoi ils ne devraient pas être indemnisés.
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La réponse malheureuse est qu’il est probablement déjà trop tard. Une fois que l’inflation a augmenté, les dés sont jetés et la lutte pour la main-d’œuvre est perdue.
Parmi les nombreuses distorsions causées par l’inflation, il y a le fait qu’il est très difficile de planifier – et les travailleurs ont tendance à être les derniers à s’adapter. Après tout, il y a une raison pour laquelle les économistes décrivent les revendications salariales induites par l’inflation comme des effets de « second tour ».
Pour les travailleurs canadiens, le récent épisode d’inflation est aggravé par le fait que peu de salaires — après des années de stabilité des prix — sont indexés. Les dirigeants syndicaux canadiens ont également pris au pied de la lettre les projections des économistes et des décideurs selon lesquelles l’inflation serait moins sévère qu’elle ne l’était en réalité.
Le résultat final a été une forte redistribution des revenus loin du travail. La part du revenu national qui est allée aux entreprises, quant à elle, a bondi à bien plus de 28 % au cours des deux dernières années, se situant à l’une des parts les plus élevées des cinq dernières décennies et passant de 26 % en 2019. Les gouvernements ont également bien fait que l’inflation a engraissé leurs coffres.
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Il est difficile de jeter le moindre blâme.
Une grande partie de la manne pour les entreprises et les gouvernements provenait de la hausse des prix mondiaux des matières premières qui a fait augmenter les revenus de nos entreprises de ressources. Les fabricants consommateurs d’énergie répercutaient des factures plus élevées sur les clients. Avec le désancrage de l’inflation et la volonté des consommateurs d’accepter des prix plus élevés, certaines entreprises ont simplement profité de l’environnement, ne sachant pas ce que l’avenir leur réservait.
Les gouvernements, quant à eux, étaient heureux de profiter de la hausse des revenus à un moment où ils faisaient face à une augmentation rapide des dépenses liées à la pandémie.
Même les travailleurs ont commencé à voir des augmentations de salaire historiquement élevées. À mesure que les bénéfices et les recettes fiscales augmentaient, les entreprises et les gouvernements augmentaient les embauches et augmentaient les salaires.
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Pourtant, au moins au cours des deux dernières années, ces gains ont été inférieurs à la hausse du coût de la vie.
La plupart des mesures des salaires au Canada (il y en a beaucoup) ont enregistré des augmentations salariales d’environ quatre à cinq pour cent l’an dernier, bien en deçà de l’inflation. C’était la même histoire en 2021, lorsque les gains salariaux oscillaient entre 2 et 3 %, en dessous de l’inflation qui s’élevait à 3,4 %.
L’écart était encore plus prononcé pour les salaires négociés collectivement. Selon le suivi des accords salariaux par le gouvernement, les syndicats ont enregistré des augmentations salariales moyennes de 2,5 % en 2022 et de 1,9 % en 2021.
Les travailleurs finiront-ils par combler la différence?
Il s’agit en grande partie d’une question politique et dépendra du pouvoir que les syndicats détiennent et veulent exercer. Le dossier économique est difficile.
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La demande de main-d’œuvre ralentit rapidement, comme en témoignent les récentes données sur les postes vacants, et l’économie canadienne ralentit cette année en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Plus fondamentalement, les salaires réels sont étroitement corrélés à la croissance de la productivité. Étant donné que la productivité au Canada est stagnante, il y a peu de marge pour que les salaires augmentent bien au-delà de l’inflation pendant une période prolongée.
Même les gains salariaux de 3 % que de nombreux syndicats du secteur privé ont obtenus au cours des derniers mois (et qui étaient à la base de l’offre « basse » du gouvernement fédéral aux travailleurs du secteur public) sont incompatibles avec l’objectif d’inflation de 2 % de la Banque du Canada. cent.
Tant que la productivité du pays languira, la banque centrale se méfiera de toute nouvelle normalité qui verrait les augmentations de salaire s’établir bien au-dessus de son objectif. Les augmentations de salaire à la banque centrale étaient de 1,5 % en 2021, de 2 % en 2022 et de 2 % en 2023 – un signal assez fort sur ce front.
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Cela ne signifie pas que les travailleurs ne devraient pas essayer de trouver des moyens de se tailler une plus grande part du gâteau économique dans les années à venir auprès des entreprises et du gouvernement. Bonne chance à eux.
Mais l’économie est un système entièrement interconnecté et il est important de garder à l’esprit qu’il existe également des risques. Parmi ceux-ci, il y a le potentiel que des salaires plus élevés alimentent davantage les pressions sur les prix si les entreprises répercutent les coûts sur les consommateurs, et une inflation persistante signifierait seulement que les travailleurs auront du mal à maintenir des salaires réels positifs. C’est un cercle vicieux.
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L’astuce consiste à éviter le début de l’inflation en premier lieu et à espérer que la productivité rebondira d’une manière ou d’une autre – une conclusion insatisfaisante pour de nombreux travailleurs en ce moment.
Theo Argitis est associé directeur chez Compass Rose Group.
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