La relance budgétaire en cours risque de maintenir les taux d’intérêt plus élevés plus longtemps
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Malgré les ballons d’essai que le budget ferait au moins un geste symbolique de restriction budgétaire, le gouvernement Trudeau est resté fidèle à son instinct de dépense gratuite. Il prévoit la poursuite d’importants déficits budgétaires atteignant en moyenne près de 40 milliards de dollars sur trois ans, même si la pandémie est terminée, sans aucun plan pour équilibrer le budget à l’horizon. La relance budgétaire en cours va à l’encontre du resserrement de la politique monétaire de la Banque du Canada pour lutter contre l’inflation et risque de maintenir les taux d’intérêt plus élevés plus longtemps.
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Il est tout aussi bien que le gouvernement n’ait pas tenté de se faire passer pour responsable sur le plan budgétaire, car son bilan de dépassement constant des dépenses prévues a sapé sa crédibilité. Le récent livre de l’ancien ministre des Finances Bill Morneau, Where To From Here, décrit comment l’absence d’objectif budgétaire et l’ingérence constante du cabinet du premier ministre « ont brisé toute prétention de restriction budgétaire ». De plus, le déficit ne rend pas pleinement compte de l’ampleur des mesures de relance budgétaire, car les ménages continuent de puiser dans l’épargne accumulée grâce à des programmes de soutien gouvernementaux trop généreux en 2020 et 2021. Morneau a admis que le ministère des Finances savait à l’époque que « nous allions distribuer des milliards de dollars de plus que ce qui était réellement nécessaire dans les circonstances.
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Mais les dépenses liées à la pandémie ne sont pas la source des déficits actuels. La principale raison pour laquelle le déficit fédéral reste élevé est une augmentation de près de 30 % des dépenses de programmes non liées à la pandémie depuis 2019. Ottawa paie également des taux d’intérêt beaucoup plus élevés sur ses dettes, les dépenses pour le service de la dette devant dépasser les dépenses fédérales en soins de santé de 2025. Les gouvernements provinciaux ont également eu du mal à équilibrer leurs budgets en introduisant des réductions d’impôt et des subventions pour amortir la pression de l’inflation sur les finances des ménages. Mais la persistance des déficits du gouvernement fédéral est plus notable puisque lui seul a une entente conjointe avec la Banque du Canada pour contrôler l’inflation, qui l’engage implicitement à mener la politique budgétaire de manière compatible avec l’atteinte de la cible d’inflation.
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Il existe de plus en plus d’études sur le fait que la hausse des dépenses et des déficits publics a contribué à alimenter la récente poussée d’inflation et que la politique monétaire et budgétaire doit être déployée pour contenir l’inflation. L’injection continue de mesures de relance budgétaire alimente la demande globale et affaiblit la confiance du public dans la maîtrise de l’inflation. La hausse des anticipations d’inflation alimente les revendications salariales, risquant de créer une spirale salaires-prix qui maintiendra l’inflation et les taux d’intérêt élevés et freinera la croissance économique, exerçant une nouvelle pression à la hausse sur les déficits publics.
Les décideurs ont bouclé la boucle sur l’importance de la politique monétaire dans la maîtrise de l’inflation. Dans les années 1960 et 1970, la politique budgétaire était considérée comme toute-puissante et la politique monétaire comme faible et impuissante. Arthur Burns, ancien président du Federal Reserve Board, a déclaré en 1979 « qu’il est illusoire de s’attendre à ce que les banques centrales mettent fin à l’inflation ». Au lieu de cela, la politique budgétaire et en particulier le contrôle des salaires et des prix ont été chargés de contrôler les prix.
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Lorsqu’ils n’ont pas réussi à rétablir la stabilité des prix, la politique monétaire sous la direction musclée du nouveau président de la Fed, Paul Volcker, est passée au premier plan. Mais Volcker a insisté sur la nécessité pour la politique monétaire et budgétaire de travailler ensemble pour contrôler l’inflation. Témoignant devant le Comité sénatorial des banques en 1981, il a déclaré : « Je sais qu’on prétend parfois que la politique monétaire peut à elle seule régler le côté inflation de l’équation. Mais pas dans le monde réel – pas si d’autres politiques tirent dans d’autres directions, alimentant les anticipations inflationnistes, propulsant la structure des coûts et des salaires vers le haut et imposant d’énormes charges aux marchés financiers avec d’importants déficits budgétaires dans un avenir indéfini.
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Aujourd’hui, les gouvernements en sont venus à trop compter sur le mantra selon lequel la politique monétaire a la capacité et la responsabilité exclusives de lutter contre l’inflation. La politique monétaire seule n’était pas la seule raison pour laquelle l’inflation a chuté dans les années 1980, même si c’est à ce moment-là qu’elle a acquis sa réputation de « le seul jeu en ville » dans le contrôle des prix. En fait, c’est la combinaison des restrictions monétaires, des restrictions budgétaires et de la réforme réglementaire qui a enrayé l’inflation au début des années 1980 et empêché une résurgence au Canada au début des années 1990.
Dans le contexte de forte inflation d’aujourd’hui, un resserrement de la politique budgétaire contribuerait à modérer les prix et à limiter la hausse des taux d’intérêt. Bien que la reprise initiale de l’inflation ait été largement alimentée par des chocs d’offre, les importants déficits enregistrés pendant la pandémie ont ajouté à la pression. Sans restriction budgétaire, cependant, une politique monétaire rigoureuse aura à elle seule des difficultés à ramener l’inflation à son taux cible. La politique monétaire et la politique budgétaire doivent travailler ensemble pour y parvenir.
Philip Cross est chercheur principal au Fraser Institute et auteur du nouvel article « La politique budgétaire du Canada a miné les efforts pour lutter contre l’inflation ».
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