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Le roman épique de Murasaki Shikibu, Le Conte du Genji, sonde le fonctionnement psychologique, romantique et politique du Japon du milieu de Heian. Le roman a valu à Murasaki Shikibu la notoriété même au début du XIe siècle, quelque six cents ans avant que l’imprimerie ne le rende accessible aux masses. La société de cour, qui servait de sujet au roman, cherchait des chapitres. Selon la légende, les dames d’honneur et les courtisans ont même volé des copies non révisées. Quelques milliers d’années plus tard, Murasaki Shikibu et son roman continuent de ravir un public enthousiaste. Timbres, parchemins, bandes dessinées, musées, gel douche, films, défilés, marionnettes, cédéroms : Murasaki Shikibu et sa création Genji ont obtenu le statut de trésor national au Japon et l’admiration dans le monde entier.
Le conte se propage sur quatre générations, éclaboussé de poésie et de romance et d’une prise de conscience accrue de la qualité de vie éphémère. L’histoire d’amour, de sexe et de politique de Murasaki Shikibu explore un réseau complexe de relations humaines et spirituelles. Cet accent mis sur les personnages et leur expérience émotionnelle, par rapport à l’intrigue, rend le roman facilement accessible au lecteur moderne. Cela explique, en partie, pourquoi de nombreux chercheurs considèrent Genji être le premier grand roman du monde.
Les lecteurs à travers les âges ont particulièrement admiré la représentation par Murasaki Shikibu du sens esthétique profond de la société de la cour de Heian. La beauté – dans la chair, les fleurs, les couchers de soleil, les notes de musique – a ému et influencé la société. Le personnage principal, Genji, s’épanouit dans cette atmosphère. Il est un maître de la parole, de la poésie, de la musique, des manières, de l’habillement.
De nombreux érudits japonais citent comme influence le poème narratif classique du poète chinois Po-Ch-I, La chanson du chagrin sans fin. Murasaki Shikibu écrit dans son journal qu’elle a lu l’œuvre du poète à l’impératrice. Elle y fait également référence à plusieurs reprises dans Le Conte du Genji. Fait important, le roman a également marqué la libération du Japon de l’influence chinoise. Selon Richard Bowring dans Monuments de la littérature mondiale : le conte du Genji« Le Japon venait juste d’émerger d’une période d’influence chinoise substantielle et traversait l’une de ses étapes périodiques de réajustement, au cours de laquelle des concepts étrangers ont été naturalisés avec succès. Le Genji est donc le produit d’une culture autochtone trouvant pour la première fois une forme vraiment sophistiquée d’expression de soi en prose. »
Le Conte du Genji a eu une influence omniprésente sur l’art japonais et mondial ultérieur. Il a inspiré le théâtre nô, la poésie waka, les peintures sur rouleau, la musique pop et les danses. Il a eu une influence particulièrement profonde sur la littérature japonaise. La fiction judiciaire pendant des centaines d’années s’est ouvertement inspirée de Genji. Les écrivains d’aujourd’hui, dont Kawabata Yasunari dans son discours d’acceptation du prix Nobel de 1968, citent encore Le Conte du Genji comme une grande influence.
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