Dans la foulée de sa première mondiale au Cineasti del Presente de Locarno et coïncidant avec les prochains arcs du festival à Séville et Mar del Plata, la maison de distribution centrée sur l’auteur Alief a partagé l’exclusivité avec Variété la bande-annonce et l’art clé du premier long métrage solo de Santiago Fillol, « Matadero ».
Ode à la lutte des classes et à l’ego inébranlable, le film entre simultanément en compétition internationale en Espagne et en Argentine cette semaine aux côtés de « Saint Omer » et « Tres Hermanos » de la réalisatrice française Alice Diop, la suite captivante du cinéaste Francisco J. Paparella pour son premier long métrage » Zanjas.
Begin Again films gère la distribution espagnole sur « Matadero » avec Alief qui gère les droits de vente internationaux.
« C’est une vraie joie de voir le croisement du cinéma d’art et d’essai, désormais également reconnu comme un genre d’horreur élevé. » « Matadero » est capable d’exprimer un visuel à la fois viscéral et tendre, qui s’adresse à la fois aux publics d’art et d’essai et de genre », a relayé Brett Walker, président d’Alief.
Le film suit un cinéaste américain indépendant acclamé, Jared (Julio Perillán) qui empiète sur la pampa argentine des années 1970 pour filmer son projet passionnel, « Matadero », puisant dans l’œuvre littéraire argentine essentielle du même nom.
Alors qu’il reçoit d’abord une admiration sans faille de son entourage, son ego commence à ronger la production, provoquant la discorde entre cet anti-héros méconnu et son équipage. Un récit dans le récit commence à se dérouler alors que cette histoire de fracture sociétale teste la moralité de chaque personnage à l’écran.
« Matadero » est une vision extrêmement maniaque de l’importance de soi et de l’appropriation, remarquant davantage les systèmes de castes et la propension de l’humanité à l’auto-ségrégation sous couvert de solidarité. La bande-annonce taquine la descente d’une production clandestine alors qu’elle s’ouvre avec la lumière blanche d’un projecteur de film projeté sur Jared, qui regarde à travers la brume dans une illusion pensive.
La jeune assistante Vicenta (Malena Villa) est assise à côté de la machine avec admiration, sa voix actuelle donnant un contexte au processus ardu de création du film qui se joue devant eux, montré en extraits. Un flashback sur des scènes où elle dirige sa production, son dévouement mis en valeur alors qu’elle est hissée par l’équipe tout en poursuivant le tir parfait.
Alors que les scènes continuent de dévoiler le décor chaotique et particulier, sa voix off porte la tension dans une incrédulité douce-amère. Le tournage, suspendu en l’air et par un fil, est menacé par la soif de violence réaliste de Jared, et des scènes commencent à dépeindre les griefs croissants et les obstacles déviants.
La narration de Vicenta passe de tendre à fragile à la fin de la bande-annonce. Des mains vieillissantes s’entrelacent sur la banquette arrière d’une voiture qui traverse une foule en scandant « meurtrier ». Le titre s’étale sur l’écran, rouge sang, laissant le ton inquiétant fermement en place, un ton adapté à un film damné par les bouffonneries désordonnées de l’homme à sa tête qui ne recule devant rien pour créer de l’art bien en dehors des conventions.
Dans l’affiche, Vicenta est au centre de l’attention. Elle saisit fermement l’appareil photo, un œil fermé pour capturer le cliché. Une fois de plus, « Matadero » s’écrit en rouge sur un fond flou et neutre.
Les acteurs enveloppent entièrement leurs rôles, intimement liés par le scénario et leurs performances brutes et partagées. Alors que Perillán (Frágil) et Villa (« El Angel ») ancrent l’histoire, Rafeal Federman (« Les somnambules), Alilin Salas (« Lulu »), Ernestina Gatti (« Bailarina »), David Szechtman (« Hortensia ») et Lina Gorbeneva («L’arbre de sang») joue des rôles tout aussi importants pour le récit que les protagonistes.
« C’est un spectacle à voir la chimie magnétique des protagonistes Julio Perillán et Malena Villa dans ce thriller tendu et brillant qui laisse le spectateur deviner à chaque étape du chemin », a fait remarquer Miguel Angel Govea, associé chez Alief.
Le film est une ambitieuse coproduction entre Fernando Molnar et Sebastián Schindel de Magoya Films (« El Patrón ») en Argentine et Antonio Pita de Prisma Ciné (« El Vasco ») de Cordoue, aux côtés d’Andrea Queralt de 4à4 Productions (« Fire Will Come ») et José Ángel Alayon et Marina Alberti chez El Viaje Films en Espagne (« El Mar Nos Mira De Lejos ») et Tània Balló chez Nina Films en Catalogne.