Nous regardons maintenant de l’extérieur alors que nombre de nos alliés les plus importants discutent de l’avenir du commerce fondé sur des règles
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La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que la stratégie indo-pacifique tant attendue du gouvernement serait publiée d’ici la fin de l’année, peut-être dès ce mois-ci. Parmi les nombreuses choses que les chefs d’entreprise du Canada rechercheront dans la stratégie, c’est si elle nous engage à nous joindre à une initiative clé dirigée par les États-Unis dans la région.
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Lorsque les États-Unis ont dévoilé leur Cadre économique indo-pacifique pour la prospérité (IPEF) en mai dernier, le Canada brillait par son absence. Les conséquences potentiellement perturbatrices pour notre sécurité économique ne peuvent être sous-estimées. Nous regardons maintenant de l’extérieur tandis que bon nombre de nos alliés les plus importants discutent de l’avenir du commerce fondé sur des règles.
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Les raisons de l’exclusion du Canada sont débattues, mais l’une d’entre elles est sûrement un échec que la ministre Joly a noté lors de sa récente visite à Washington : Nous ne nous sommes pas traditionnellement définis comme un pays de l’Indo-Pacifique. Si nous ne nous considérons pas ainsi, il n’est pas étonnant que les Américains n’aient pas pensé à nous lorsqu’ils ont élaboré leur stratégie.
Nous ne pouvons pas continuer à faire la même erreur et nous attendre à un résultat différent. En plus d’affirmer fermement le statut du Canada en tant que pays de l’Indo-Pacifique, nous devons reconnaître que les États-Unis l’est aussi et expliquer comment nos deux économies hautement intégrées peuvent renforcer les liens commerciaux et d’investissement avec les marchés des deux côtés du Pacifique.
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Un bon modèle pour ce type de réflexion est le Partenariat transpacifique (PTP), que le gouvernement désigne comme la clé de notre engagement économique dans la région. Ses membres comprennent le Japon, le Vietnam, la Malaisie et d’autres pays d’Asie-Pacifique mais aussi, et c’est tout aussi important, le Mexique, le Chili et le Pérou.
Les États-Unis ont été l’un des premiers moteurs du TPP jusqu’à ce que Donald Trump retire son pays à la dernière minute. L’IPEF fait partie de la tentative de l’administration Biden de récupérer une partie de ce que les États-Unis ont perdu à la suite de cette erreur de calcul coûteuse. Mais ce n’est pas la seule carte que joue Washington.
Les États-Unis font partie du dialogue quadrilatéral sur la sécurité – le « Quad » – aux côtés de l’Inde, du Japon et de l’Australie. Il a également forgé le pacte de sécurité trilatéral AUKUS avec le Royaume-Uni et l’Australie. Ces initiatives sont, comme l’IPEF, principalement axées sur le Pacifique. Et le Canada en est également exclu.
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D’abord et avant tout, la stratégie indo-pacifique du Canada doit servir les intérêts de notre pays dans la région. Mais étant donné la nature étroitement imbriquée des économies canadienne et américaine, il est difficile de voir comment nous pouvons atteindre nos objectifs dans l’Indo-Pacifique sans collaborer avec les États-Unis.
À cette fin, il est crucial que la stratégie indo-pacifique du gouvernement nous engage formellement à solliciter l’adhésion à l’IPEF. La dure vérité est que le Canada ne sera pas considéré comme un acteur sérieux dans la région à moins de faire partie de ce groupe clé. Rejoindre l’IPEF nous donnerait de la crédibilité dans la région et contribuerait à renforcer nos liens économiques avec d’autres pays du Pacifique qui ne font pas actuellement partie du TPP, comme l’Inde, l’Indonésie, la Corée, les Philippines et la Thaïlande.
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Nous avons beaucoup à offrir à l’IPEF. Les entreprises canadiennes ont une riche histoire d’engagement avec l’Indo-Pacifique et le Canada bénéficie de communautés dynamiques de la diaspora. Pourtant, même avec ces avantages, demander à adhérer ne garantit pas que nous serons admis.
Les Canadiens ne sont pas les seuls à attendre patiemment que notre gouvernement dévoile sa stratégie indo-pacifique longtemps retardée : nos alliés demandent des mises à jour aux hauts fonctionnaires et aux chefs d’entreprise. Ils veulent savoir où en sont nos têtes.
Pour que le Canada soit autorisé à se joindre à l’IPEF, la stratégie indo-pacifique tant attendue doit clairement démontrer à des alliés partageant les mêmes idées que nous voulons sérieusement élargir notre engagement avec une région dont la puissance économique ne cesse de croître.
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Ayant déjà manqué des réunions initiales cruciales de l’IPEF – nous n’avons même pas envoyé d’observateur à la réunion inaugurale en personne des ministres – nous devrons également donner l’assurance que nous ne viendrons pas à la table avec une liste de demandes qui perturberaient les progrès déjà fait. Pour démontrer davantage notre profond engagement, nous devrions préciser que, s’il était admis, le Canada participerait pleinement aux quatre piliers du Cadre — commerce, chaîne d’approvisionnement, économie propre et économie équitable.
La ministre Joly a promis que la stratégie indo-pacifique sera globale et abordera de nombreux aspects différents de nos efforts dans la région. Ce qui est tout aussi important, c’est qu’il ne soit pas purement aspirationnel, basé uniquement sur des intentions. Il doit inclure des engagements concrets sur lesquels le Canada peut agir immédiatement. L’un de ces engagements devrait être que le Canada présentera une demande officielle d’adhésion à l’IPEF.
Goldy Hyder est président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires et coéditeur du récent livre L’Indo-Pacifique : Nouvelles stratégies pour l’engagement canadien dans une région critique.