samedi, novembre 30, 2024

L’agressivité de la Fed jette un doute sur l’atterrissage en douceur de la Banque du Canada

Les marchés sous-estiment peut-être jusqu’où Macklem devra aller ou surestiment la capacité de croissance du Canada

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Les efforts de la Réserve fédérale américaine pour intensifier sa lutte contre l’inflation jetteront un doute sur la capacité de la Banque du Canada à limiter ses propres hausses de taux d’intérêt.

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Lors d’une décision mercredi, le président Jerome Powell a signalé que les responsables de la Fed étaient sur le point d’augmenter les coûts d’emprunt plus que prévu et qu’ils étaient prêts à tolérer une croissance beaucoup plus lente dans le processus.

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C’est une perspective de plus en plus inquiétante pour les États-Unis qui soulève des questions quant à savoir si le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, sera en mesure de réussir l’atterrissage en douceur auquel de nombreux analystes s’attendent encore.

Le Canada devrait connaître à la fois une croissance plus rapide et des taux d’intérêt plus bas au cours des trois prochaines années – un mélange particulier de résultats économiques qui suppose que le pays est plus protégé des vents contraires mondiaux – y compris une éventuelle récession américaine – mais ne subira pas la même pression pour correspondre la Fed plus haut.

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine.
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine. Photo par Kevin Lamarque/Reuters

Les marchés monétaires à court terme parient que la Banque du Canada arrêtera son cycle de hausse à environ 4 %, par rapport à un taux de référence de la Fed qui culminerait à environ 4,6 %, et restera sous les taux à court terme américains pendant au moins trois ans.

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C’est même alors que l’économie canadienne devrait croître à un rythme plus rapide que celui des États-Unis. Selon les sondages Bloomberg auprès d’économistes réalisés avant la décision de la Fed, la croissance devrait atteindre en moyenne 2,1 % au Canada entre 2022 et 2024, contre 1,4 % dans le NOUS

«Le marché a le récit relatif de la Fed par rapport à la Banque du Canada à l’envers», a déclaré jeudi par courriel Derek Holt, économiste à la Banque de Nouvelle-Écosse.

Historiquement, lorsque les taux de la Banque du Canada sont tombés sous ceux de la Fed, cela ne coïncide généralement pas avec une croissance canadienne relativement plus forte. Cela suggère que les marchés sous-estiment peut-être jusqu’où Macklem devra aller ou surestiment la capacité de croissance du Canada.

Certes, la hausse des prix des produits de base donne aux revenus canadiens un vent arrière plus fort, ce qui aide à expliquer la surperformance de la croissance, mais pas pourquoi les taux d’intérêt doivent être plus bas au Canada. De nouvelles dépenses gouvernementales visant à aider les Canadiens à faire face à la hausse du coût de la vie ajoutent aux pressions inflationnistes. Entre-temps, la hausse des taux américains exerce une pression à la baisse sur le dollar canadien et alimente davantage les prix à l’importation.

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« Pourquoi un producteur de matières premières qui continue de dépenser ses richesses pour la consommation ici aujourd’hui disparue demain de manière sérielle serait-il considéré comme faisant face à moins de risque de taux qu’un importateur net de matières premières qui se retrouverait dans une impasse politique au cours des deux prochaines années », a déclaré Holt.

Une explication possible est que les pressions sous-jacentes sur les prix aux États-Unis s’accentuent, peut-être en raison d’un marché du travail plus tendu. Contrairement à son voisin, le Canada accélère son immigration, ce qui devrait en théorie au moins contribuer à atténuer la pression sur les salaires et potentiellement lui donner plus de marge de croissance non inflationniste.

Les données sur l’inflation pour le mois d’août dans les deux pays appuient dans une certaine mesure cette théorie, montrant un affaiblissement des pressions sur les prix au Canada, mais une escalade des forces inflationnistes aux États-Unis.

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La Banque du Canada pourrait également être plus réticente à augmenter les coûts d’emprunt étant donné les niveaux d’endettement plus élevés des ménages dans le pays, bien que cet argument suggère une faiblesse économique sous-jacente plutôt que la surperformance attendue par de nombreux analystes.

Mais l’histoire montre que même si le Canada peut parfois adopter une position politique différente de celle des États-Unis, il y a des limites à cette divergence, en partie parce que l’économie du Canada est si étroitement liée à son voisin du sud.

Peu d’économistes sont prêts à prévoir une divergence majeure de l’inflation entre les deux pays au cours des deux prochaines années. L’immigration, quant à elle, crée ses propres problèmes d’inflation à court terme, notamment dans le logement. Et les faibles chiffres de la productivité au Canada ne laissent guère croire aux économistes que la croissance potentielle dépassera de loin celle des États-Unis.

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Jusqu’à présent, la Banque du Canada a emboîté le pas à la Fed au cours du premier semestre de cette année. Son taux au jour le jour est même légèrement plus élevé — à 3,25 %, contre 3,13 % au point médian de la fourchette cible de la banque centrale américaine.

Bien que les taux directeurs canadiens aient historiquement dépassé ceux de la Fed en moyenne, il n’est pas rare que les coûts d’emprunt à court terme aux États-Unis divergent à la hausse pendant un certain temps.

Il y a eu quatre fois depuis le milieu des années 1990 que les taux américains ont dépassé les taux canadiens sur une période de plusieurs années, coïncidant souvent avec des périodes de tensions économiques mondiales. Dans tous les cas sauf un (1999-2000), l’économie canadienne a soit légèrement sous-performé, soit au mieux égalé la croissance américaine.

Bloomberg.com

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