Un changement radical dans les directives sur la consommation d’alcool pourrait saper l’objectif ultime de réduction des méfaits
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Il y a plus de 100 ans, les organisations de tempérance faisant la promotion de l’abstention totale d’alcool et finalement de la prohibition étaient une force avec laquelle il fallait compter au Canada. Heureusement pour les Canadiens, la santé mentale l’a finalement emporté et l’alcool a été légalisé dans toutes les provinces dans les années 1920. Les sociétés de tempérance peuvent maintenant sembler appartenir au passé, mais il y a un mouvement croissant de groupes de pression portant la même bannière sous un nom différent.
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Prenons, par exemple, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCLAT). Juste ce mois-ci, il a publié un nouveau rapport sur l’alcool qui a conclu que la consommation de plus de deux boissons alcoolisées par semaine pourrait gravement compromettre votre santé. Oui, selon le CCSA, rien de plus que deux bières dans une période de sept jours est préoccupant.
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Les nouvelles lignes directrices proposées par le CCSA sur l’alcool s’écartent radicalement des lignes directrices existantes, qui stipulent que les adultes peuvent consommer jusqu’à 15 verres par semaine pour les hommes et 10 verres par semaine pour les femmes sans danger grave pour leur santé. D’après les données pré-pandémiques, plus de 85 % des buveurs canadiens consomment de façon responsable, conformément à ces lignes directrices. Quinze pour cent des buveurs ne le font pas, toutefoiset leur problème d’alcool est évidemment préoccupant.
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Les lignes directrices considérablement plus basses du CCSA en matière de consommation d’alcool cibleront bien plus que les 15 % de buveurs qui dépassent régulièrement les normes actuelles. En termes de résultats publics réalistes, il serait de loin préférable de se concentrer sur le nombre relativement restreint de personnes aux prises avec un grave abus d’alcool plutôt que de déplacer les objectifs à tel point que pratiquement tous les consommateurs d’alcool au Canada deviennent des buveurs problématiques du jour au lendemain.
En fait, un changement aussi radical de la norme pourrait saper l’objectif ultime de réduction des méfaits : des lignes directrices si éloignées de l’expérience quotidienne des Canadiens seront probablement ignorées par les consommateurs d’alcool à travers le pays.
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Une autre suggestion du CCLAT est une nouvelle étiquette de « boisson standard » pour l’alcool. Différents types de boissons alcoolisées porteraient une étiquette indiquant combien de ces boissons standard se trouvaient dans chaque récipient. À première vue, cela peut sembler logique, surtout si la pandémie a déformé l’opinion de nombreux consommateurs sur ce qui constitue une boisson.
D’un autre côté, l’impact d’une boisson variera d’une personne à l’autre et d’une situation à l’autre. Même pour un même individu, l’impact de l’alcool peut varier selon son degré de fatigue, son hydratation ou s’il a mangé récemment. Une métrique de consommation normalisée pourrait bien donner à de nombreux buveurs un faux sentiment de sécurité, surtout en ce qui concerne la conduite avec facultés affaiblies. Les consommateurs pourraient croire que la consommation de deux verres dans un bar leur permet de conduire alors qu’en fait l’impact de ces deux verres varie considérablement selon les circonstances. De plus, l’alcool vendu au Canada indique déjà le volume et le pourcentage d’alcool, qui sont des paramètres scientifiques clairement définis, sur la bouteille.
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Au-delà des mérites des recommandations du CCLAT, il existe des problèmes évidents avec le modèle de politique dans lequel le gouvernement finance des organisations dont le but est de faire pression sur le gouvernement pour des changements de politique. Le CCSA est presque entièrement financé par le gouvernement fédéral. Comme il est étrange, en cette ère post-prohibition, que le gouvernement finance un groupe dont la mission est de décourager la consommation même modérée d’alcool. Comme l’a dit le professeur Sylvain Charlebois pointu c’est comme donner de l’argent à l’organisation végétalienne PETA pour faire un rapport sur la consommation de boeuf au Canada. Il n’y a pas beaucoup de suspense quant à ce que le rapport dira.
Nous savons que la pandémie – en particulier le fait d’être confiné à la maison pendant la majeure partie de deux ans – a modifié les habitudes de consommation d’alcool des Canadiens. Mais la réponse à une pandémie de 100 ans ne justifie guère de céder au nouveau lobby de la tempérance. L’expansion de l’État nounou et l’infantilisation des buveurs responsables ne sont la réponse à aucun problème.
David Clement est directeur des affaires nord-américaines au Consumer Choice Center.