jeudi, décembre 19, 2024

Opinion : Jusqu’où les taux d’intérêt doivent-ils monter et à quelle vitesse ?

La Banque du Canada devrait-elle continuer à augmenter ses taux de façon agressive ou adopter une approche plus prudente? Il y a de bons arguments des deux côtés

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La Banque du Canada a poursuivi son cycle de resserrement la semaine dernière en annonçant une hausse de 75 points de base de son taux cible du financement à un jour. Cette cible est maintenant supérieure à l’extrémité supérieure de l’estimation de la Banque du « taux neutre » de 2 à 3 %. Mais à quelle vitesse le taux ira-t-il à partir d’ici ?

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Le taux neutre est le taux qui, selon la Banque, serait approprié pour une économie produisant à pleine capacité, avec une inflation de 2 %. La plupart des économistes et des observateurs du marché estiment que le taux au jour le jour doit aller au-delà de la neutralité afin de lutter contre l’inflation. Malgré une baisse d’un mois de l’augmentation d’une année à l’autre de l’IPC, qui est passé de 8,1 % en juin à 7,6 % en juillet, l’inflation est bien au-dessus de l’extrémité supérieure de la fourchette cible de 1 à 3 %. , sans parler de l’objectif de 2 % lui-même.

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Il y a cependant beaucoup moins de consensus sur la question de savoir si la Banque devrait continuer de relever les taux d’intérêt de façon agressive ou adopter une approche plus prudente. Il y a de bons arguments des deux côtés.

Plaidant pour une approche plus agressive : bien que la croissance du PIB ralentisse, elle était encore forte au deuxième trimestre (3,3 % sur une base annualisée) et dépassait sa pleine capacité. Et bien que l’inflation globale ait diminué, deux des trois principales mesures de l’inflation – qui éliminent les composantes les plus volatiles de l’IPC – ont augmenté en juillet, tandis que la troisième, « IPC-trim », a à peine bougé. Ces mesures de base variaient de 5 à 5,5 %, bien au-dessus de la fourchette cible.

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La baisse de l’inflation globale est principalement due aux prix de l’essence, les autres composantes de l’IPC s’accélérant, en particulier les services. Et c’est sur ces autres composantes que la Banque exerce un contrôle, ce qui signifie qu’elle a encore un long chemin à parcourir pour faire reculer l’inflation.

Plaidant pour une approche plus prudente : les hausses de taux précédentes de la Banque ont clairement commencé à mordre. Les marchés du logement se sont déjà considérablement refroidis depuis le début de l’année. Les augmentations des versements hypothécaires mensuels ne se produiront qu’avec un certain décalage, car de nombreux Canadiens ont soit des taux fixes, soit des versements fixes. Mais les augmentations arrivent et conduiront inévitablement à un resserrement de la ceinture des consommateurs, qui se répercutera sur la demande.

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De plus, la croissance des agrégats monétaires, mesurant tout, de l’encaisse aux dépôts bancaires en passant par les obligations d’épargne du Canada, a considérablement ralenti au cours des derniers mois. Au cours des dernières décennies, la monnaie est tombée en disgrâce auprès des banques centrales en tant qu’indicateur de l’inflation future. Mais, comme nous récemment fait valoir, c’est un meilleur prédicteur de l’inflation future lorsque l’inflation est instable – comme c’est le cas maintenant. Ce ralentissement de la croissance monétaire freinera probablement l’inflation plus tard.

Enfin, l’arithmétique : l’objectif de la Banque est l’inflation d’une année à l’autre, qui reflète en grande partie les hausses de prix survenues il y a six mois ou plus. Même si tous les prix à la consommation se stabilisaient complètement à partir de ce mois, l’inflation globale resterait supérieure à l’objectif jusqu’à une bonne partie de l’année prochaine. Le cadre de politique monétaire de la Banque est conçu pour être prospectif (c’est-à-dire pour atteindre son objectif dans six à huit trimestres), ce qui signifie qu’elle doit regarder au-delà des chiffres d’inflation d’une année sur l’autre, en analysant les chiffres d’un mois sur l’autre disent aussi. La baisse du dernier chiffre d’un mois à l’autre a été entraînée par les prix de l’énergie, mais elle est inférieure à 2 % annualisés.

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La Banque s’est prononcée en faveur d’importants chargements initiaux de hausses de taux d’intérêt, et l’annonce qui a accompagné la hausse des taux de la semaine dernière laisse entendre que d’autres hausses sont à venir. L’une des raisons pour lesquelles la Banque a évité des hausses encore plus importantes est que le retour de l’inflation à la cible est une science inexacte. Il est prudent de voir comment l’économie réagit à ce qui a été une variation importante des taux sur une courte période.

L’annonce discute des nombreuses raisons pour lesquelles la Banque a resserré autant qu’elle l’a fait, mais pour nous, une raison se démarque — les anticipations d’inflation. Dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet, la Banque a estimé que l’inflation reviendrait à l’extrémité supérieure de la fourchette cible (c’est-à-dire trois pour cent) d’ici la fin de 2023 et reviendrait à la cible d’ici la fin de 2024, soit dans environ deux ans. Mais les dernières données de la Banque sur les anticipations d’inflation à deux ans, compilées dans l’Enquête sur les perspectives des entreprises pour le deuxième trimestre, suggèrent presque 80 pourcent des répondants pensent que l’inflation restera supérieure à 3 % à ce moment-là.

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L’enquête du troisième trimestre sur les attentes, prévue pour la mi-octobre, sera un bon indicateur pour savoir si les deux dernières hausses de taux — totalisant 175 points de base — ont modifié le calcul des attentes. Si les attentes sont à la baisse et si les chiffres réels de l’inflation pour le mois d’août, à la fois d’une année sur l’autre et d’un mois sur l’autre, montrent de larges signes de ralentissement, il sera temps de ralentir les hausses de taux. Dans le cas contraire, la Banque devra maintenir voire accélérer le rythme.

Steve Ambler, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal, est titulaire de la chaire David Dodge en politique monétaire à l’Institut CD Howe, où Jeremy Kronick est directeur, recherche sur les services monétaires et financiers.

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