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De nombreux éléments de la lutte pour le pouvoir politique dans l’Angleterre du XIIIe siècle sont universels. On les retrouve dans l’histoire de tous les pays du monde. Les alliances changeantes au sein des factions et les coups de poignard politiques – comme lorsque Philip et Lewis abandonnent la cause d’Arthur en échange de la dot de Blanch, ou lorsque les nobles anglais abandonnent John puis se précipitent vers lui après avoir appris que Lewis veut les tuer – ne sont pas rares dans de nombreux pays. , même aujourd’hui. Le cynisme à l’égard des dirigeants nationaux exprimé par le Bâtard dans son deuxième monologue majeur (II.i.561-98) ressemble à l’aliénation de la politique ressentie par de nombreuses personnes à l’époque moderne. Et quand le Bâtard décrit Jean affaibli comme un chef audacieux, un « monarque galant » et un guerrier féroce (V.ii.127-58 et 173-78), ses propos rappellent ceux d’un faiseur d’images politiques, essayant de présenter un candidat sous le jour le plus favorable.
Sur le plan international, l’inimitié historique entre l’Angleterre et la France dépeinte dans Roi Jean a de nombreux homologues à l’époque contemporaine : en Europe centrale, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, par exemple. Pour les observateurs extérieurs, les justifications de certaines nations pour déclarer la guerre ne sont pas plus valables que, par exemple, les raisons que Pandulph donne pour inciter Lewis à envahir l’Angleterre. Et quels que soient les changements dans la technologie du champ de bataille – des flèches aux missiles anti-balistiques, des chevaux aux chars – les victimes de la guerre ont toujours inclus des fantassins, des veuves et des orphelins. Ceci est souligné par plusieurs personnages, en particulier dans l’acte II ; voir II.i.41-3, 210-21, 258-66, 300-11 et 352-60.
Un enjeu central dans Roi Jean est l’importance des valeurs dans la motivation de l’action humaine. Comment une personne aux principes profondément ancrés réagit-elle lorsqu’une ligne de conduite contraire à l’éthique servirait son intérêt personnel ? Dans quelle mesure la loyauté – envers un principe, un individu, une faction politique ou une croyance religieuse – doit-elle déterminer son comportement ? Dans la pièce, les rumeurs de la mort d’Arthur enflamment le peuple contre John. De nombreux citoyens ordinaires auraient opposé peu de résistance à l’invasion française; certains ont même accueilli Lewis et son armée étrangère (Vi30-35). Existe-t-il des circonstances dans lesquelles la rébellion contre l’autorité peut être justifiée ? Le Bâtard pose la question de se rebeller contre « le système » ou de s’en accommoder dans son soliloque sur la marchandise (II.i.561-98). Au cours de la pièce, il passe par un processus de « vente », renonçant à l’honneur familial pour un gain personnel; pourtant, lorsque son pays est en danger extrême, il est le champion de l’unité nationale et le patriote le plus passionné d’Angleterre. L’opportunisme moral ou politique peut-il servir une cause noble ou vertueuse ? Dans le roi Jean, la distinction entre le bien et le mal n’est pas toujours claire, et choisir la ligne de conduite la plus éthique n’est pas chose aisée.
La question des relations entre l’Église et l’État prend une forme différente aujourd’hui qu’au XIIIe siècle, bien qu’elle soit toujours d’actualité. En Amérique, par exemple, il n’y a pas d’église officielle établie, comme il y en avait dans de nombreux pays européens il y a six ou sept siècles. Pourtant, aujourd’hui, il y a un débat actif sur le rôle, le cas échéant, que les religions organisées et les membres de différentes confessions religieuses devraient avoir dans l’élaboration des politiques gouvernementales. Le cardinal Pandulph semble avoir un mélange de motifs pour ses actions, et il est l’un des manipulateurs de mots les plus efficaces de la pièce. Les chefs religieux de la fin du XXe siècle sont-ils toujours éthiques dans leur conduite, ou certains sont-ils aussi manipulateurs ou contraires à l’éthique que Pandulph ?
Une autre question contemporaine présentée dans la pièce est le rôle des femmes dans la société. Dans Roi Jean les personnages féminins – d’Elinor l’éminence à Blanch le pion – disparaissent après l’acte III. Qu’est-ce que cela signifie, le cas échéant ? De temps en temps, les personnages féminins utilisent la tromperie (Lady Faulconbridge), la manipulation (Queen Elinor) et les appels émotionnels (Constance). Au XIIIe siècle, les femmes se voyaient refuser l’exercice indépendant du pouvoir ; ils ont dû recourir à des moyens indirects pour atteindre leurs objectifs. Dans quelle mesure est-ce différent aujourd’hui ?
Les productions du XXe siècle Roi Jean se sont souvent concentrés sur l’actualité et la pertinence de la pièce pour le public moderne. Elle soulève des questions qui ne se limitent pas à l’Angleterre du XIIIe siècle, mais se répercutent dans l’histoire humaine, et continueront probablement à nous affronter pour toujours.
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