Mon Ismaël (Ismaël, #3) de Daniel Quinn


Je pense que Daniel Quinn a découvert quelque chose de très spécial dans son Ismaël livres. Cette chose spéciale est un concept, ou une façon de regarder l’histoire humaine, qui raconte comment les gens sont devenus ce qu’ils sont. M. Quinn raconte cette histoire à travers son professeur fictif qui cherche à apprendre aux élèves ses idées et à les transmettre. Ce professeur est un gorille sensible du nom d’Ismaël.

Ismaël enseigne en racontant des histoires et en engageant ses élèves dans un dialogue socratique. Il veut les guider à travers une série de concepts liés et ainsi les amener à comprendre ses leçons par eux-mêmes. Cela peut être éprouvant pour ses élèves, mais c’est tellement plus efficace que s’il leur avait, par exemple, jeté quelque chose d’imprimé à mémoriser. Ses élèves des deux premiers livres deviennent très passionnés par ce qu’ils apprennent et justifient ainsi ses méthodes.

Bien sûr, c’est M. Quinn qui enseigne au lecteur au moyen de ce récit fictif du gorille et de ses élèves. Cet enseignement (« … comment vous êtes devenu ce que vous êtes… ») est l’objet primordial des livres et c’est ce qui captive le plus les fans. Mais M. Quinn n’oublie jamais qu’il écrit un roman et maintient un scénario intéressant avec des personnages sympathiques tout au long. Son équilibre dans la présentation d’un récit de l’histoire anthropologique tout en racontant une histoire fantastique est excellent.

mon Ismaël, la suite de Ismaël et le sujet de cette revue, est une véritable suite en ce sens qu’elle prolonge l’histoire de son prédécesseur. Le premier tome se terminait par une finalité qui semblerait exclure les suites. Fidèle à cette finalité, M. Quinn a défini mon Ismaël dans le même laps de temps que le premier livre, et a entrelacé son histoire à travers les interstices. Cela marche.

Dans mon Ismaël, l’élève d’Ismaël est une jeune fille précoce de douze ans nommée Julie Gerchak. Nous apprenons, avec Julie, le deuxième concept qui découle de celui du premier livre. Ces deux concepts sont les points d’ancrage des enseignements d’Ismaël.

Le premier concept est la notion qui a encouragé un groupe particulier de chasseurs-cueilleurs il y a environ 10 000 ans à lancer une campagne de domination sur les chasseurs-cueilleurs qui les entouraient. Cette époque est plus généralement connue sous le nom de révolution agricole. Ismaël surnomme ce groupe militant, les Takers, et affirme que leur grande notion est le « péché originel » de l’histoire d’Adam et Eve. De plus, la campagne des Takers pour absorber les chasseurs-cueilleurs environnants dans une agriculture sédentaire avec une hiérarchie de contrôle, est allégoriquement racontée comme l’histoire de Caïn et Abel. (Voir ma critique GoodReads de Ismaël .)

Le deuxième concept est révélé dans mon Ismaël et c’est l’idée brillante qui a permis aux Preneurs d’imposer si efficacement leur vie de hiérarchie, de classe privilégiée et de travail sans fin au profit des dirigeants, aux peuples qui les entourent. Ces peuples vivaient en tribus et faisaient de la chasse-cueillette. Ismaël les appelle, les Leavers. Cette idée de Taker était extrêmement efficace et continue d’être en vigueur à ce jour, dominant la vie de tous les êtres humains qui ne vivent pas encore dans des tribus à la périphérie de la civilisation.

Cette idée de Takers and Leavers est l’une des plus profondes des livres. Je trouve que je ne peux pas regarder la situation mondiale sans utiliser cette idée pour comprendre les événements. Il contient le concept de lutte des classes et montre le capitalisme et le matérialisme comme des expressions naturelles de la voie du Preneur.

Dans mon Ismaël M. Quinn présente de nombreuses idées et images s’étendant du concept Takers-and-Leavers. Ils sont nombreux et ils m’ont saisi au point que j’ai fait des annotations abondantes et des pages dogearées pendant que je lisais le livre (plusieurs fois). Permettez-moi d’en énumérer quelques-uns pour donner une idée de ce qu’il y a là-bas, et d’inclure quelques critiques.

Cette histoire est un acte d’accusation contre le style de vie de Taker, qui est le style de vie que nous sommes tous obligés de vivre. Cela commence par une description de la mère de Julie pour nous montrer d’où vient Julie lorsqu’elle rencontre Ismaël. Sa mère n’est pas une « perdante ». Elle est ce que beaucoup d’entre nous sont – essayer de trouver le bonheur dans une vie intolérable, et ne pas comprendre pourquoi c’est intolérable :

… elle a commencé à prendre du poids beaucoup de temps. Heureusement, elle avait déjà un bon travail. Elle dirige les opérations de traitement de texte dans un grand cabinet d’avocats du centre-ville. Et puis elle a commencé à « s’arrêter boire un verre après le travail ». Cela doit être un arrêt assez long.

Je comprends. À un moment donné, Ismaël raconte une histoire où il utilise la danse comme métaphore du travail. Dans une belle réplique à « l’éthique du travail », il fait dire à un groupe de « danseurs » :

Nous pensons que vous êtes fou de vous assommer danser cinquante et soixante heures par semaine, mais c’est votre affaire. Si vous l’aimez, vous le faites. Mais nous n’allons pas le faire.

J’aimerais pouvoir dire ça.

Mais il y a un brin de matérialisme qui traverse le livre auquel je n’aime pas. Comme la partie où Ismaël dit à Julie que les gens peuvent en savoir beaucoup plus qu’eux, mais que les frontières culturelles les empêchent de se renseigner. Ils croient qu’ils sont « privés de connaissances essentielles » et que ces connaissances ne sont accessibles que « par des moyens supranormaux – prière, séance, astrologie, méditation, lecture de vies antérieures, canalisation, observation de cristal, lecture de cartes, etc.  » Julie appelle ce genre de chose, « hoogy-moogy ».

Bien que je pense qu’il y a du vrai dans ce que M. Quinn dit à travers Ismaël ici, ce n’est pas toute l’histoire. Il y a de bonnes raisons d’enquêter sur le paranormal et elles ne sont pas basées uniquement sur des vœux pieux.

Il y a aussi une partie où Ismaël utilise les combats en Bosnie (en cours au moment où ce livre a été écrit) comme exemple de Takers (nous) combattant des Leavers qui refusent de devenir Takers. C’est une idée brillante qui, je pense, peut être appliquée à beaucoup de ces petites guerres. Mais ensuite, se référant à la Bosnie, il fait dire à Ismaël :

Ce qui se passe dans cette partie du monde n’est que la dernière calamité d’une histoire calamiteuse qui ne peut être corrigée par aucun moyen.

J’ai entendu ce sentiment exprimé (beaucoup plus grossièrement) à maintes reprises concernant les troubles au Moyen-Orient. Pour moi, cela ressemble trop à dire, ce sont des gens mauvais et/ou fous « là-bas ». La vérité, c’est qu’ils sont violents, quand ils sont violents, parce que nous les avons attaqués pour voler leurs ressources.

Je ne juge cependant pas ce livre sur ces critiques. Ils sont mineurs par rapport à la perspicacité offerte par M. Quinn. C’est particulièrement puissant pour moi quand Ismaël parle des illusions de notre culture concernant le travail (nos emplois) et notre système d’éducation (ou son absence). Le chapitre intitulé, Mon Dieu, ce n’est pas moi !, raconte l’histoire de Jeffery, un jeune homme qui « a posé un problème aux gens », essentiellement parce qu’il n’arrivait pas à s’adapter à notre culture Taker. Je peux comprendre comment il n’a pas réussi à faire face, et cela me fait m’interroger sur les gens que nous qualifions de «perdants».

J’espère avoir aiguisé votre curiosité à propos de mon Ismaël assez pour vous faire lire. Je vous recommande cependant de lire Ismaël premier. Ce qu’il y a à trouver dans les deux livres, c’est un aperçu de la situation humaine actuelle, comprise à partir d’une étude de notre passé. Mais je vous préviens, si vous abordez cette étude avec un esprit ouvert, vous courez le risque de vous réveiller de l’illusion avec laquelle notre culture nous piège tous. Et ce n’est que le début. Quand on est ainsi éveillé, il ou elle découvre qu’il y a un tout nouveau chemin devant eux. Cela peut être troublant à suivre.

À mi-parcours du livre, Julie a fini par comprendre l’origine de la prison culturelle de Taker, qui écrase l’âme de l’humanité et demande à Ismaël comment s’en sortir. Ismaël répond :

En refusant d’apprendre à vos enfants à être prisonniers.

C’est le mandat d’Ismaël envers nous – une personne à la fois, changer d’avis et déterminer à vivre différemment et enseigner à ses enfants qu’ils peuvent faire de même.

Si vous pouvez comprendre cela et vous engager dans l’idée, vous aurez trouvé le joyau enfoui dans ce livre. Faire une application personnelle de cet enseignement vous ouvrira le potentiel d’une meilleure façon, et vous aurez trouvé ton Ismaël.



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