dimanche, novembre 24, 2024

Opinion : Le système de santé en difficulté du Québec

Le gouvernement doit réfléchir à la meilleure façon d’augmenter le nombre de médecins dans la province et accélérer

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Le système de santé québécois souffre d’une mauvaise accessibilité. Plus de 20 % des Québécois n’ont actuellement pas de médecin de famille. Le surpeuplement des salles d’urgence des hôpitaux et les longs délais d’attente qui en résultent sont également notoires.

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Pour améliorer la capacité du système de santé, il est essentiel de remédier à la pénurie de médecins dans la province. Et cela signifie examiner le lien trop intime entre le Collège des médecins et le gouvernement. L’influence considérable du Collège sur les décisions prises par le gouvernement nuit au bien-être des patients, dont les besoins et les intérêts ne correspondent souvent pas à ceux du Collège. Par exemple, le besoin du public d’un plus grand nombre de médecins peut aller à l’encontre de l’intérêt au moins implicite du Collège à maintenir les salaires des médecins à un niveau élevé.

Mais remédier à la pénurie de médecins dans la province signifie également introduire plusieurs réformes clés, qui ont toutes déjà été testées dans d’autres pays dotés de systèmes de soins de santé universels financés par les contribuables.

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La première dose de réforme consisterait à accroître la participation des entrepreneurs et du secteur privé à la prestation des services de soins de santé. Le fait d’avoir un plus grand nombre d’établissements privés dans la province améliorerait l’accès au système de santé et compléterait les efforts du système gouvernemental. Malgré de nombreuses craintes infondées, une plus grande participation privée ne doit pas menacer l’universalité. Au contraire, la preuve de son efficacité peut être vue dans des pays dotés de systèmes universels très performants tels que la Suède, la France et le Royaume-Uni.

La deuxième dose de réforme consiste à augmenter le nombre de médecins dans la province. En 2019, le nombre de médecins par habitant au Québec était inférieur de 52 % à la moyenne — la moyenne des autres pays de l’OCDE à revenu élevé dotés de systèmes de santé universels financés par les contribuables. Pas étonnant qu’autant de Québécois n’aient pas accès à un fournisseur de soins primaires.

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La pénurie de médecins s’explique en partie par des barrières réglementaires qui nuisent à l’intégration des médecins formés à l’extérieur de la province. Le Québec a la plus faible proportion de médecins étrangers au pays, à seulement 8,2 %, comparativement à la moyenne nationale de 25,7 %. Ceci en dépit d’un accord avec la France censé faciliter l’exercice des médecins français ici. Un problème est que le processus de demande peut prendre deux ans.

L’allégement du fardeau réglementaire de la pratique au Québec pour tous les médecins (et pas seulement ceux de la France) pourrait aider à réduire la pénurie. Sans compter que le fardeau supplémentaire que représente le projet de loi 96, qui réglemente la langue d’interaction entre le médecin et le patient, inquiète et perturbe les professionnels de la santé québécois quant à l’avenir. L’ingérence politique dans le travail des médecins peut rendre les carrières médicales moins attrayantes au Québec et très probablement dissuader les médecins des autres provinces de pratiquer ici.

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Les quotas des écoles de médecine, qui sont un obstacle à l’augmentation du nombre de médecins locaux, contribuent également au problème. À l’heure actuelle, seuls 966 étudiants peuvent être admis chaque année dans les facultés de médecine du Québec. Les universités refusent plus de 9 500 candidats par an. Permettre aux universités de décider elles-mêmes du nombre d’étudiants à admettre dans leurs facultés de médecine aiderait à remédier à la pénurie de médecins à moyen et à long terme.

Combien de médecins nous manque-t-il ? Au rythme actuel de croissance du bassin de médecins en exercice au Québec, il faudrait 37 ans à la province pour atteindre la moyenne de l’OCDE de 2019. Compte tenu du vieillissement de notre population, nous ne pouvons clairement pas nous permettre d’attendre aussi longtemps, nous devons donc commencer à faire preuve de créativité dans l’utilisation des ressources existantes. Une façon d’y parvenir est de permettre à d’autres professionnels de la santé, comme les infirmières praticiennes spécialisées et les pharmaciens, d’utiliser pleinement leur expertise. En s’appuyant sur les compétences de ces prestataires de soins, les médecins peuvent être libérés pour considérer des cas plus spécialisés et complexes ou pour voir plus de patients.

Pour s’assurer que le système de santé du Québec fonctionne bien et est accessible à tous, le gouvernement de la province doit réfléchir à la meilleure façon d’augmenter le nombre de médecins dans la province, et rapidement.

Krystle Wittevrongel est analyste des politiques publiques et Maria Lily Shaw économiste, toutes deux à l’Institut économique de Montréal, qui vient de publier leur note économique : « Une prescription pour la pénurie de médecins au Québec.

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