mardi, novembre 26, 2024

L’année de la mort de Ricardo Reis de José Saramago

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À vrai dire, je m’attendais à tomber amoureuse du gars (je veux dire Ricardo Reis) mais non, finalement je me suis retourné contre un tel prototype masculin. Malheureusement, cet homme semble n’avoir rien d’autre à faire, il dort, mange, se promène et compose de la poésie ligne par ligne avec beaucoup d’efforts, agonisant sur la rime et la métrique.

Quand je viens de me rappeler que tout a si bien commencé, ornant presque doucement une image d’un héros de roman intéressant…≪ Un gars grisonnant, la peau et les os […] reprend son existence sur la terre ferme… Trahissant pour la première fois un léger accent brésilien… en lisant un livre intitulé Le Dieu du labyrinthe d’Herbert Quain, attiré par l’ennui du voyage et le titre évocateur du livre. Un labyrinthe avec un dieu, quel dieu pourrait être, quel labyrinthe, quel dieu labyrinthique. ??
Alors, il m’est arrivé d’être très curieux et anxieux (comme le policier du roman) de faire plus ample connaissance avec ce médecin portugais (poète aussi) qui gagnait bien sa vie au Brésil, qui est revenu après seize ans en sa terre natale de Lisbonne, Portugal, qui vit dans un hôtel depuis deux mois et il ne travaille pas !‼ [how can one allow oneself such luxury nowadays], bien qu’il coquettait à l’idée de reprendre sa pratique…
Mais Ricardo Reis, sérieux par nature, sentait souvent un trouble dionysiaque refoulé s’éveiller en lui. Seule la peur de son propre corps l’empêchait de se jeter dans une frénésie sauvage (comme par exemple le Carnaval dans les rues de Lisbonne), car on ne sait jamais comment de telles choses vont finir… Surtout quand on parle de samba, la samba, ce tremblement dans son âme. Ha.

J’aurais aimé qu’il y ait plus de dialogues et/ou de monologues avec/de Fernando Pessoa. À mon regret toujours constant et légèrement croissant au cours de la lecture, il y a juste un peu de ce que j’attendais et souhaitais, et cela ne pourrait jamais satisfaire une faim récurrente surtout sur des thèmes tels qu’élaborés par Fernando Pessoa.
Cependant, il y a un (très) gros plus après avoir terminé le roman. J’ai senti qu’il y avait trop de lacunes ou de vides à combler dans mon moi mental, alors je dois juste revenir en le relisant. En fait, j’ai commencé immédiatement et en ouvrant mon préféré (jusqu’à présent) The Book of Inquiet, j’ai plongé exactement sur la page où le poète a décrit ce que la liberté devrait représenter… et je suis d’accord.
≪.. Deux mots sur le poète [Fernando Pessoa] passage terrestre. Pour lui, deux mots suffisent, ou aucun. En effet, le silence serait préférable, le silence qui nous enveloppe déjà lui et nous et qui est conforme à son tempérament, car ce qui est proche de Dieu est proche de lui. Pourtant ceux qui étaient ses pairs en vantant la beauté n’auraient pas dû, n’auraient pu lui permettre de descendre sur terre, ou plutôt de monter aux derniers horizons de l’Éternité sans exprimer leur protestation, calmes mais affligés de ce départ, les compagnons d’Orphée, plus frères que des compagnons, qui poursuivaient le même idéal de beauté, ils ne pouvaient, je le répète, l’abandonner dans cette dernière demeure sans avoir arrosé sa douce mort des lys blancs du silence et de la souffrance. Nous pleurons l’homme que la mort nous ôte, et la perte de son talent miraculeux et de la grâce de sa présence humaine, mais seulement l’homme que nous pleurons, car le destin a doté son esprit et ses pouvoirs créateurs d’une beauté mystérieuse qui ne peut périr. Le reste appartient au génie de Fernando Pessoa. Allons, allons, des exceptions peuvent heureusement encore être trouvées aux règles normales de la vie. Depuis Hamlet on se promène en disant : Le reste c’est le silence, à la fin c’est le génie qui s’occupe du reste, et si ce génie peut le faire, peut-être qu’un autre génie le peut aussi≫.

En un mot (peu en fait), je pense que ce roman est comme une longue et belle ode en prose au solitaire… Il y a des centaines de phrases, d’énormes blocs de textes, où (anti)-héros Ricardo Reis est totalement sans compagnon par sa propre nature , de soi, de caprice ou de force, et, finalement, la solitude lui pèse comme la nuit, et la nuit le dévore comme un appât…

Ricardo Reis est prêt à partir. Il n’a personne qui l’attend… La chose sensée serait de rester à la maison… Il a des papiers à organiser, des livres à lire et des décisions à prendre, quel genre d’avenir veut-il, quel genre de travail, où peut-il il trouve la motivation pour vivre et travailler, la raison…≫.
≪ Ricardo Reis retourna dans sa chambre, pensa peut-être qu’il devrait faire le lit avant de sortir, il ne devait pas se laisser aller à la relâche dans ses habitudes, mais cela ne valait guère la peine, il n’attendait pas de visiteurs, alors il s’installa dans le chaise où Fernando Pessoa avait passé la nuit, croisa les jambes comme il l’avait vu faire, joignit les mains sur ses genoux, et essaya de s’imaginer mort, de contempler le lit vide avec les yeux sans vie d’une statue. Mais il y avait une veine palpitante dans sa tempe gauche, et la paupière gauche se contracta. Je suis vivant, murmura-t-il, puis d’une voix forte et sonore il répéta, je suis vivant, et comme il n’y avait personne pour le contredire, il était convaincu ≫.
Il farfouille au pupitre, dans les manuscrits de ses poèmes… Il lit au hasard et se demande s’il en est l’auteur, car il ne se reconnaît pas dans ce qui est écrit, dans cette personne détachée, calme, résignée, presque divine, car c’est ainsi que sont composés les dieux, lorsqu’ils assistent les morts. Il réfléchit vaguement, il doit organiser sa vie, son temps, décider comment il va passer ses matinées, ses après-midi et ses soirées, se coucher tôt et se lever tôt, trouver un ou deux restaurants qui servent des repas simples et sains, et il doit relire et réviser ses poèmes …≫.

Bizarrement, comme cela arrive souvent, nous faisons les deux premiers pas parce que nous rêvons ou distraits et ensuite nous n’avons d’autre choix que de faire le troisième pas, même lorsque nous savons que c’est faux ou ridicule. Ha. Assez vrai parce que ‘l’homme, en dernière analyse, est une créature irrationnelle.’
Néanmoins, dans la même ligne de conclusion, ne jamais oublier que ≪ L’homme doit toujours faire un effort, afin qu’il puisse mériter d’être appelé homme, mais il est beaucoup moins maître de sa personne et de sa destinée qu’il ne l’imagine. Le temps, et non son temps, le fera prospérer ou décliner, parfois pour des mérites différents, ou parce qu’ils sont jugés différemment. Que seras-tu quand tu découvriras qu’il fait nuit et que tu te retrouveras au bout du chemin≫

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