mardi, novembre 26, 2024

Bruce Pardy: la Cour d’appel de l’Alberta lance un argument en faveur de la séparation de l’Ouest

La Constitution est un marché. Si l’Alberta et la Saskatchewan décidaient de partir, pourrait-on leur en vouloir?

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La semaine dernière, la Cour d’appel de l’Alberta a statué que la loi fédérale sur l’évaluation d’impact est une atteinte inconstitutionnelle aux pouvoirs provinciaux. Dans un jugement de 121 pages, quatre des cinq juges du panel ont déclaré que le Parlement avait mis un boulet de démolition au droit constitutionnel des citoyens de l’Alberta, de la Saskatchewan et d’autres provinces de voir leurs ressources naturelles exploitées à leur profit. La décision a défendu le système fédéral du Canada comme étant fondamental pour l’existence du pays. Ce faisant, cependant, et en fonction de ce qui se passera ensuite, il met en place un argument efficace en faveur de la séparation occidentale.

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La Loi sur l’évaluation d’impact (LEI), adoptée en 2019 sous le nom de projet de loi C-69, a remplacé la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale de 2012 et la Loi sur l’Office national de l’énergie. À certains égards, la nouvelle loi sur l’évaluation ressemble à l’ancienne. Les deux incarnent l’idée que l’évaluation environnementale n’est qu’un processus, une coquille vide à l’intérieur de laquelle les gouvernements font ce qu’ils jugent le mieux, ad hoc et au cas par cas, sans règles, normes ou droits environnementaux à appliquer. L’évaluation environnementale donne au gouvernement un large pouvoir discrétionnaire pour rechercher l’intérêt public — qu’il est habilité à concevoir selon sa propre image.

Mais C-69 diffère de son prédécesseur par son ampleur. Non seulement élargit-il les facteurs environnementaux, sociaux et économiques à prendre en compte, y compris l’analyse comparative entre les sexes et la comptabilité des changements climatiques, mais il étend également la portée potentielle du processus fédéral à tout projet désigné par le Cabinet ou le ministre. de l’environnement, y compris les projets situés entièrement à l’intérieur d’une province, comme l’exploitation des sables bitumineux.

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Le gouvernement de l’Alberta, qui a renvoyé l’affaire devant les tribunaux, a qualifié l’IAA de cheval de Troie qui donne effectivement à Ottawa un droit de veto sur le développement des ressources naturelles de la province, même si l’article 92 de la constitution réserve les « travaux et entreprises locaux » au provinces alors que l’article 92A leur donne explicitement compétence sur les ressources naturelles. La majorité des membres du panel étaient d’accord avec l’Alberta, concluant que l’AAI constituait « une préemption à couper le souffle sur l’autorité législative provinciale ».

À une exception près sur laquelle je reviendrai dans un instant, la décision du tribunal était logique et bien argumentée. On pourrait donc penser que les choses sont désormais arrangées au sein de la fédération. Malheureusement, mais aussi comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement fédéral a indiqué son intention d’en appeler de la décision auprès de la Cour suprême du Canada.

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Nous avons déjà vu ce spectacle. En février 2020, la Cour d’appel de l’Alberta a déclaré la taxe fédérale sur le carbone inconstitutionnelle, concluant qu’Ottawa n’avait pas le droit d’empiéter sur la compétence provinciale simplement en citant le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre comme une préoccupation nationale. L’année suivante, une majorité de la Cour suprême a infirmé cette conclusion, confirmant plutôt les décisions des cours d’appel de l’Ontario et de la Saskatchewan qui avaient jugé la taxe sur le carbone comme un exercice autorisé du pouvoir résiduel de « paix, ordre et bon gouvernement » du gouvernement fédéral en vertu de article 91. Selon son jugement, l’établissement d’une taxe nationale minimale sur le carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre constituait une « préoccupation nationale » parce que les changements climatiques étaient « une menace existentielle pour la vie humaine au Canada et dans le monde ». Étant donné que les provinces, qu’elles agissent seules ou ensemble, étaient constitutionnellement incapables d’établir des normes nationales minimales de tarification du carbone, l’inaction provinciale aurait de graves conséquences pour les intérêts extraprovinciaux.

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Lorsque l’affaire IAA arrivera devant elle, la Cour suprême pourrait de nouveau confirmer l’empiétement du gouvernement fédéral sur les compétences provinciales. Oui, une loi différente est en cause et les questions juridiques ne sont pas exactement les mêmes, mais les cas sont conceptuellement similaires. Devant le tribunal albertain, le gouvernement fédéral a fait écho à la logique de la décision relative à la taxe sur le carbone, faisant valoir que les projets de ressources normalement de compétence provinciale pourraient produire des impacts environnementaux suffisamment importants pour constituer une préoccupation nationale et donc être une question sur laquelle le gouvernement fédéral pourrait légitimement exercer son autorité.

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Ce qui nous amène au faux pas dans le jugement de la Cour d’appel de l’Alberta. Au début, cette phrase apparaît : « Le changement climatique constitue une menace existentielle pour le Canada. Céder ce terrain donne de l’oxygène au dossier fédéral. Le tribunal albertain, comme les tribunaux concernés par les décisions relatives à la taxe sur le carbone, traite cette affirmation comme si elle était manifestement vraie. Mais il n’en est rien, et sans un dossier de preuve complet, le tribunal n’avait aucune raison de parvenir à cette conclusion catégorique et de saper sa propre décision.

Si la Cour suprême renverse la décision de l’Alberta et confirme la constitutionnalité de l’IAA, que doivent penser les provinces de l’Ouest riches en pétrole? Le type de contrôle dont Ottawa se sera emparé par l’intermédiaire de l’AAI est assez différent, mais aussi assez évocateur, du Programme énergétique national des années 1980. Depuis le dépôt du projet de loi C-69, le gouvernement Trudeau a signalé son hostilité au développement des combustibles fossiles, son mépris pour la fortune des provinces de l’Ouest fondée sur la production de combustibles fossiles et son mépris pour l’autonomie des provinces inscrite dans la Constitution.

La Constitution est un marché. Si l’Alberta et la Saskatchewan décidaient de partir, pourrait-on leur en vouloir?

Bruce Pardy est directeur général de Rights Probe, professeur de droit à l’Université Queen’s et chercheur principal au Fraser Institute.

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