Ottawa doit travailler avec les fabricants de vaccins et les partenaires internationaux pour se préparer à la prochaine pandémie
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La pandémie de COVID-19 a attiré l’attention sur la préparation du Canada à la prochaine pandémie, en particulier en termes de développement de vaccins et d’autosuffisance. Alors que nous faisions face à des perturbations dans l’approvisionnement en vaccins COVID en provenance d’autres pays, de nombreux politiciens, universitaires et experts ont appelé à une agence publique qui serait également chargée de la production de vaccins pandémiques et éventuellement du développement de vaccins.
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Les partisans d’une nouvelle agence publique de vaccination citent l’exemple historique de Connaught Labs, fondé en 1914 à l’Université de Toronto. Au fil des ans, Connaught a fait des progrès dans le développement et la fabrication de vaccins contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la variole et la poliomyélite, entre autres. En 1972, le gouvernement fédéral a acquis Connaught Labs, ce qui en fait une filiale en propriété exclusive de la Société de développement du Canada. Connaught Labs s’est transformé d’une entreprise universitaire en une entreprise à but lucratif exportant des vaccins aux États-Unis et ailleurs.
Son histoire ne s’est pourtant pas bien terminée. Connaught a eu du mal à lancer de nouveaux produits capables de suivre le rythme de ce que faisaient ses concurrents. Et il a dû faire face à une part de marché en baisse et à des pressions financières à l’échelle de l’industrie, y compris des coûts de production augmentés par des normes de sécurité réglementaires renforcées. Certaines entreprises pharmaceutiques ont quitté l’industrie en raison de préoccupations concernant l’exposition à la responsabilité du fait des produits. Les entreprises restantes se sont agrandies pour amortir ces frais généraux croissants sur un volume de production plus important. En 1989, le gouvernement fédéral a accepté la vente de Connaught.
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Lorsque le Canada a dû faire face à des retards dans l’accès aux vaccins COVID à la fin de 2020, de nombreux commentateurs suggéré la privatisation de Connaught Labs et de son pendant québécois, l’Institut Armand Frappier (IAF), en est la cause. Notre point de vue est que la privatisation de ces deux organisations était inévitable ; il leur aurait été difficile de rester des entreprises indépendantes et autonomes compte tenu de la transformation de l’industrie.
Serait-il désormais judicieux de créer une nouvelle agence publique des vaccins – une Connaught 2.0 ? Non. Comme nous le soutenons dans notre récent rapport pour l’Institut CD Howe, étant donné les taux d’échec élevés des projets de développement de vaccins et les défis logistiques liés au montage rapide d’un essai multicentrique international à grande échelle, il serait très risqué de s’appuyer sur un Connaught 2.0 pour développer et tester rapidement un vaccin. Même une agence publique qui se concentrerait plutôt sur la production de vaccins sous licence auprès de développeurs nationaux ou internationaux serait confrontée à des défis considérables.
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Le principal problème est la préparation de la production. Les installations de production doivent fonctionner en continu à pleine capacité ou presque pour perfectionner les processus nécessaires pour répondre aux normes réglementaires strictes et évolutives et garantir que le personnel possède une expérience suffisante. Les installations ont également besoin d’un approvisionnement fiable en intrants clés. Une agence publique devrait être engagée dans la production de vaccins à grande échelle, même en temps de non-pandémie, pour maintenir à la fois le savoir-faire de production et des chaînes d’approvisionnement en intrants stables. Et il devrait le faire dans chacune des plates-formes de production de vaccins – virus entier, protéine, vecteur viral et acide nucléique – qui pourraient être nécessaires pour produire des vaccins contre le prochain virus pandémique. Cela soulève la question de savoir quels vaccins l’agence produirait régulièrement, en dehors des périodes de pandémie, et où les vaccins seraient distribués.
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Le Canada peut obtenir un approvisionnement plus fiable et moins coûteux en vaccins pour les futures pandémies en concluant des contrats avec des producteurs commerciaux déjà engagés dans une production continue à grande échelle, qui ont ainsi démontré leur compétence technique et disposent de chaînes d’approvisionnement en intrants sécurisées. Il existe deux grandes usines de vaccins au Canada, l’usine de vaccins antigrippaux de GSK à Ste Foy, au Québec, et l’usine de Sanofi à Toronto. Plusieurs autres installations sont prévues, dont l’usine de fabrication de vaccins à ARNm de 180 millions de dollars de Moderna à Montréal, annoncée le 29 avril, et l’usine de fabrication de vaccins à particules pseudo-virales de Medicago à Québec. Le gouvernement pourrait acheter une capacité de réserve dans ces installations ou dans d’autres ou il pourrait couvrir le coût d’une installation de production modulaire adjacente qui pourrait puiser dans la vapeur, le gaz et d’autres services publics déjà disponibles.
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Le nombre de plateformes de fabrication de vaccins dont le Canada a besoin et leur taille devraient dépendre de la possibilité de négocier avec d’autres pays un accord permettant à chacun de se spécialiser dans une plateforme et de partager des vaccins pandémiques avec des partenaires en cas de besoin. Bien qu’un fabricant public de vaccins ne soit pas justifié, le gouvernement fédéral doit travailler avec les fabricants de vaccins et les partenaires internationaux pour se préparer à la prochaine pandémie.
Paul Grootendorst est professeur agrégé à la Faculté de pharmacie Leslie Dan de l’Université de Toronto, où Javad Moradpour est boursier postdoctoral. Ils sont co-auteurs de « Home Remedies: How Should Canada Acquire Vaccines for the Next Pandemic? » récemment publié par l’Institut CD Howe.