La Naissance de la prison de Michel Foucault


NOUVELLE AVIS [it took more than a few days to get back to this — I hope someone reads it… lol]

Je n’ajouterai que quelques commentaires supplémentaires à ce que j’ai déjà écrit (ci-dessous et dans les sections commentaires). Ce sera suffisant et plus que suffisant.

Je suis arrivé à ce livre avec des décennies de préjugés accumulés – et cela se voit dans ma lecture (essentiellement ratée) de Madness and Civilization. Je savais que Foucault était un faux et un charlatan avant même de casser une page. Pour ainsi dire…

On peut donc imaginer ma surprise en découvrant qu’il était, en fait, une sorte de génie philosophique, et que ce livre – bien que difficile, lent, rocailleux, comme des « casser des noix », paragraphe par paragraphe, était plein de perspicacité et de sens et l’intérêt. À tous ceux qui sont sceptiques à l’idée d’ouvrir un front ici, et c’est un front qui prend du temps…, je dois dire que « moi aussi, je suis un foucault-haïr en voie de guérison ».

Cela ne veut pas dire que je suis persuadé.

(1) Pour faire écho à la plainte d’Habermas, Foucault (comme beaucoup de postmodernistes) hésite entre l’ironie ou la littérature et le travail sérieux – et il ne sait pas toujours lui-même la différence. Son habileté verbale, l’utilisation fréquente d’inversions et d’antithèses, d’isocola, de polarités, etc…, révèlent souvent NON la vérité sous-jacente, mais une dépendance à l’illusion et au faux-semblant. c’est rhétorique

… ce qui n’enlève rien à l’éclat de surface de ce livre.

— et en tant que lecteur du Théétète et du Sophiste de Platon, je comprends *pleinement* les implications philosophiques et métaphysiques de « la rhétorique » – en fait, je donne un cours sur ce sujet.

(2) Pire, Foucault équivoque à plusieurs reprises sur cette question que « Nathan » et moi discutions à propos de la loi de contradiction. Tirant des pages du Philèbe de Platon, Foucault aime parler des parties infimes, des divisions et des partitions exhaustives, continues, presque infinies en lesquelles son continu moral (et le continu physique, comme le corps, aussi) peut être partitionné, divisé, réparti, etc. – sans jamais sortir et dire si oui ou non la division est infinie ou non. Ce « presque » est une équivoque aux proportions énormes, et c’est trompeur. Il faut prendre position.

(3) Encore une fois, beaucoup repose chez Foucault sur ses affirmations sur le « pouvoir-savoir ». Mais ce qui se passe réellement (dans ce livre, au moins) c’est que Foucault suggère l’idée que la connaissance est fonction du pouvoir – et cherche ensuite à fonder cette notion avec un mouvement totalement frauduleux (voir mon commentaire ci-dessous sur l’induction) – et opère ensuite désormais comme si son point principal était établi. Étant donné que très peu de gens auront le temps ou la patience de suivre la bête (le sophisme) jusqu’à son repaire – il l’enlève et persuade. Mais les mouvements de ce genre sont (par définition) sophistiques. Et je l’ai démasqué.

(Au moins jusqu’à présent… J’ai maintenant une copie de Power & Knowledge, les interviews, et je serai intéressé de voir s’il y a une meilleure justification qui y est avancée – bien que je sois sceptique quant à la trouver.)

Ce sont des objections décisives.

Et pourtant, aucun d’eux n’a d’importance…

Laissez-moi expliquer:

Si Foucault s’était appuyé sur des données historiques QUA données historiques, alors son projet aurait été un échec total. Mais mon argument est qu’il utilise les « données historiques » comme mythe – comme l’histoire du bon sauvage de Rousseau dans le Second Discours – comme le fil conducteur d’une utopie ou, dans le cas de Foucault, d’une dystopie « fictionnelle ». Peu importe que l’histoire soit vraie ou non. Même lorsqu’il s’appuie sur des faits réels, ceux-ci sont « falsifiés » dans leur proportionnalité. Des personnages mineurs sont traités comme des « tournants d’un grand moment », des incidents dont personne ne se souviendrait (et à juste titre) sont traités comme des « symboles » de vérités plus profondes (un usage, ou plutôt, un abus de l’histoire qui remonte à Dilthey, Je crois)… tout cela sont des indices, à mon avis, que Foucault n’avait pas l’intention de nous (ou du moins, dans ses moments plus lucides ne nous aurait pas destinés) à prendre son histoire comme « historique » – c’est simplement l’intrigue qu’il tisse, une pseudo-histoire (faite de bribes de Réel, peut-être…, mais néanmoins….), qui forme la chaîne et la matrice d’un cauchemar philosophique qu’il voit sous le schéma de la modernité… et c’est un cauchemar qui est tout sauf fictif… En effet, les événements des 15 dernières années, l’avènement de « l’État de sécurité nationale », de « l’État de surveillance », la normalisation croissante et envahissante de l’« État d’exception » schmittien – la Société des le Spectacle – non seulement sous Bush, mais maintenant sous une présidence « libérale », tous montrer que Foucault était prévoyant.

Ainsi, les historiens qui lui reprochent d’être ahistorique passent complètement à côté de l’essentiel.

Or, bien sûr, il appartenait à Foucault d’indiquer clairement au lecteur que son récit n’est que « l’histoire en tant que telle… », et je ne crois pas (bien que je puisse me tromper) qu’il le fasse. Peut-être que le postmoderniste en lui pense que l’ironie est la position par défaut, et qu’il n’a rien à dire…, ou peut-être qu’il n’était pas tout à fait sûr lui-même… mais c’est, en dernière analyse, une critique relativement mineure…

(*En passant, je crois que je peux prouver que Rousseau a donné à ses lecteurs un indice massif que son récit du noble sauvage dans le Second Discours est, en effet, un mythe (et ne doit pas être pris comme histoire) – un sujet controversé dans la littérature sur Rousseau – et qu’il adopte cette méthode de Platon. J’ai pensé une fois publier un article sur ce sujet, mais comme Rousseau est en dehors de mon domaine, et j’aurais dû lire et maîtriser une bibliographie en dehors mon domaine de connaissance, je ne l’ai jamais fait.)

COMMENTAIRES PRÉCÉDENTS :
Je dois m’arrêter ici et ajouter ce que je crois être un commentaire d’une certaine importance – car j’ai trouvé (je crois) un défaut majeur dans la pensée de MF.

Je ne pense plus qu’il s’agisse uniquement de reprocher à Foucault un manque d’exactitude historique – car je ne pense pas qu’il entende son œuvre passer pour « historique », malgré les apparences. Je développerai plus longuement cette idée quand j’aurai fini le livre. Mais je dois d’abord aborder une question que j’avais soulevée dans la section des commentaires il y a plusieurs semaines – et qui concerne la célèbre thèse de Foucault sur le Pouvoir et le Savoir.

Dans mon « commentaire » d’ouverture, j’ai montré que Foucault avait mal interprété (p. 41 s.) la notion ancienne d’« épreuve », qu’il prend comme « créant » la vérité, plutôt que simplement la « reflétant ». Il ne connaît tout simplement pas assez son histoire et sa position est stupide.

Maintenant, dans le chapitre sur le « Panoptisme » (225 et suiv.), il soutient que les sciences empiriques sont nées, à la fin du Moyen Âge, des processus d’investigation politico-juridiques illustrés par l’Inquisition. Ces « techniques d’enquête » ont en fait été développées, dit-il, aux XIIe-XIIIe siècles comme méthode d’établissement de la « vérité », remplaçant ainsi l’ancienne méthode de « création » de la vérité par la « joute » ou l’« épreuve ».

Ceci est absurde. Les sciences empiriques sont nées du développement de la théorie et de la pratique de l’induction
(Voir AC Crombie, bien que je puisse fournir une mine d’informations à ce sujet : http://www.amazon.com/History-Science…),
qui remonte à l’époque de Roger Bacon, qui l’a obtenu (via les Arabes) de la tradition du Commentaire Grec – c’est-à-dire du CAG :
http://en.wikipedia.org/wiki/Commentaire…

qui a développé ces idées dans le contexte de la distinction d’Aristote entre l’analyse et la synthèse en géométrie. L’idée d’analyse (qui est clairement expliquée au tout début de la Physique I d’Aristote, cependant, était dérivée de la dialectique socratique (elle-même un développement de la dialectique sophistique/rhétorique de la fin du Ve siècle), qui est analytique (et consciemment donc), non synthétique.

La théorie des idées a ensuite été postulée par Platon pour expliquer pourquoi l’analyse fonctionne – et ne conduit pas à une division infinie. C’est incontestable.

Ensuite, pour invoquer Francis Bacon, comme le fait Foucault à la p. 226, est vraiment une bévue, car Francis Bacon était en fait l’une des très rares personnes à reconnaître que l’induction avait ses racines dans la dialectique socratique (voir Novum Organon, 1.105). Foucault ne sait tout simplement pas de quoi il parle. Chercher à réduire « l’analyse » à une racine juridico-investigatrice relève de l’ignorance.

Mais si cette origine postulée tombe, alors tombe aussi sa théorie selon laquelle la connaissance est simplement le pouvoir.

(Cela dit — je suis vraiment impressionné par ce livre — et je pense que c’est une œuvre majeure, et je suis assez gêné d’avoir raté son importance toutes ces années. Considérez ce qui précède comme une petite tentative de réparation… en ma mode typiquement socratique, bien sûr….)



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