lundi, décembre 23, 2024

Opinion: Avec une inflation élevée, les plus-values ​​sont encore plus surtaxées

Les gouvernements canadiens doivent tenir compte de l’inflation dans le calcul de l’impôt sur les gains en capital

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L’inflation de 5,7 % en glissement annuel enregistrée au Canada en février n’a pas été observée depuis le début des années 1990. Les politiques monétaires expansionnistes et les sanctions économiques accompagnant la guerre russo-ukrainienne suggèrent qu’une inflation importante est là pour un certain temps.

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Une inflation élevée non seulement érode notre pouvoir d’achat, ce qui est déjà assez mauvais, mais elle fausse également l’application des impôts sur les gains en capital que beaucoup d’entre nous paient. De plus, les politiques dont on parle tant au Canada qu’aux États-Unis exacerberaient ces distorsions.

Le fond du problème est que les plus-values ​​sont souvent réalisées sur le long voire le très long terme. Plusieurs décennies peuvent s’écouler entre l’achat d’un bien et sa vente, ce qui correspond généralement au moment où un gain en capital est réalisé et où les taxes applicables sont perçues.

Sans ajustement pour l’inflation, les gains en capital imposables surestiment systématiquement le réel gains en capital dont le contribuable a réellement bénéficié. Un principe de base de la fiscalité est que nous voulons imposer des augmentations réelles et non fictives du bien-être des gens.

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Prenons l’exemple des actions en bourse achetées 10 000 $ et revendues deux ans plus tard. Avec un taux d’inflation annuel de 5 %, ce qui est inférieur au taux actuel, ces 10 000 $ valent en fait 11 025 $ dans deux ans. Le prix d’achat des actions devrait donc être ajusté à 11 025 $. En supposant que les actions soient vendues pour 20 000 $, le gain nominal sera de 10 000 $ (ou 20 000 $ moins le prix d’achat non ajusté de 10 000 $). Le réel Cependant, après ajustement pour l’inflation, le gain ne sera que de 8 975 $ – le prix de vente de 20 000 $ moins le prix d’achat ajusté de 11 025 $.

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Sans ajustement pour l’inflation, cependant, le gain imposable serait de 10 000 $ même si le gain réel n’était que de 8 975 $, et l’impôt à payer serait également surévalué d’environ 11 %. Au bout de cinq ans, l’écart entre le nominal et le réel grimpe à près de 40 %, et au bout de dix ans, à 170 %. Dans notre système actuel, un Québécois dans la tranche d’imposition la plus élevée (payant un taux marginal combiné de 53,31 %) paierait donc 273 $, 736 $ ou 1 676 $ trop d’impôt selon que les actions ont été détenues respectivement pendant deux, cinq ou dix ans.

Corriger cette distorsion de l’inflation est d’autant plus critique que certains de nos concurrents pour le capital, comme Israël, indexent déjà leurs systèmes fiscaux tandis que d’autres, comme les États-Unis, envisagent de le faire. Si les États-Unis agissaient et que nous ne le faisions pas, notre régime fiscal deviendrait beaucoup moins concurrentiel.

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La récente proposition du président Biden d’adopter un impôt minimum sur les revenus très élevés — à savoir ceux de plus de 100 millions de dollars, y compris les gains non réalisés sur les actifs liquides comme les actions — pourraient très bien aggraver le problème. Si ce genre de mesure était adopté et si le Canada emboîtait le pas, en portant peut-être le taux d’inclusion à 75 %, comme l’a proposé le NPD l’automne dernier, la distorsion fiscale sur l’inflation pénaliserait les contribuables et découragerait encore plus l’investissement — dans les deux pays.

Les considérations d’équité fiscale et de compétitivité fiscale suggèrent donc que les gouvernements canadiens doivent tenir compte de l’inflation dans le calcul de l’impôt sur les gains en capital. Cela permettrait au Canada de demeurer attrayant pour les investissements étrangers et d’améliorer la répartition et l’efficacité du capital dans l’économie. C’est exactement la politique dont nous avons besoin en ce moment pour encourager l’investissement, la prospérité et la croissance.

Valentin Petkantchin est agrégé supérieur à l’Institut économique de Montréal, où Olivier Rancourt est économiste.

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