Mawakina Bafale, Jeremy Kronick et William Robson : L’expérience des années 1970 et 1980 est claire : sans politique monétaire plus stricte, l’inflation reste élevée
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Qu’est-ce qui explique la flambée de l’inflation au Canada et dans de nombreuses autres économies avancées? La plupart des commentateurs – à juste titre – blâment la politique monétaire laxiste. Cela contraste avec les années 1970 et 1980, lorsque de nombreuses personnes affirmaient que l’inflation n’était pas quelque chose que les banques centrales pouvaient contrôler et que l’argent serré était donc un cas de douleur sans gain. Alors que la Banque du Canada et d’autres banques centrales commencent à se resserrer, ces arguments pourraient revenir. S’ils l’emportent, la politique monétaire restera trop accommodante et l’inflation continuera de faire rage.
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L’inflation est un autre terme pour une baisse persistante de la valeur de l’argent, qui, comme la plupart des valeurs, est déterminée par l’offre et la demande. Si la Banque du Canada favorise une croissance de l’offre de dollars canadiens qui dépasse la croissance de la demande de dollars canadiens, leur valeur chute par rapport à la valeur des biens et services que les gens achètent et vendent avec eux. Le niveau général des prix augmente : c’est l’inflation.
Cette prise macro, cependant, n’est pas la façon dont les gens vivent l’inflation. Ce que nous remarquons dans notre vie quotidienne, ce sont des mouvements de prix individuels. L’essence coûte plus cher aujourd’hui que la dernière fois que nous avons fait le plein. Lors de notre dernière visite au magasin, le prix de la laitue nous a surpris. Cette fois, c’est le prix du lait. C’est comme si différents produits prenaient des bouchées différentes de notre dollar à des moments différents, plutôt que le dollar lui-même rétrécissait.
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Les arguments selon lesquels l’inflation est liée à des chocs d’offre ou à des hausses de prix pour des articles individuels deviennent plus attrayants lorsque la politique monétaire se resserre, car une politique monétaire restrictive fait mal. Les prêts hypothécaires à taux variable ou à renouveler coûtent plus cher. Le crédit aux entreprises se raréfie. Les dépenses ralentissent ou diminuent, et les emplois suivent. Les gens veulent des alternatives. Allez après les spéculateurs ! Subventionnez le carburant ! Slam sur le contrôle des salaires et des prix ! Mais l’expérience des années 1970 et 1980 est claire : sans politique monétaire plus restrictive, l’inflation reste élevée.
Une façon de combler le fossé entre la vue macro et l’expérience quotidienne consiste à examiner les prix dans leur ensemble. Statistique Canada publie 185 sous-indices de l’IPC sur son site Web. Nous pouvons vérifier combien d’entre eux ont augmenté de plus que les montants clés, l’objectif de 2 % de la Banque du Canada étant un choix évident. Si seulement quelques-uns le sont, les variations de l’IPC total pourraient bien refléter des circonstances spécifiques, telles qu’une mauvaise récolte de café, qui passeront avec le temps. D’autre part, si bon nombre de ces indices sont en hausse, quelque chose de plus systématique fait baisser la valeur du dollar.
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La figure montre, du début des années 1970 à la dernière lecture de février 2022, l’augmentation d’une année à l’autre de l’IPC total, ainsi que le pourcentage d’éléments de l’IPC avec des augmentations d’une année à l’autre supérieures à 2 %. . Au cours de la période d’inflation faible et stable du milieu des années 1990 jusqu’à l’année dernière, la part des éléments ayant augmenté d’une année à l’autre au-dessus de l’objectif de 2 % de la Banque du Canada était — sans surprise — généralement d’environ la moitié. À des occasions où l’IPC a augmenté ou diminué de façon inhabituelle, la part des éléments en hausse de plus de 2 % nous indique si la politique monétaire était mal orientée. En 2009, par exemple, lorsque l’inflation globale a plongé, la majorité des sous-indices étaient en haut plus de deux pour cent, ce qui suggère des circonstances particulières plutôt qu’une politique monétaire déviée.
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Au cours des années 1970, en revanche, presque tout était en hausse presque tout le temps. La part des articles en hausse de plus de 2 % était souvent d’environ 80, voire 90 %. Au cours des années 1980, l’inflation de l’IPC était plus faible, mais la part des éléments en hausse de plus de 2 % souligne l’érosion généralisée de la valeur de la monnaie avant un nouveau cycle de resserrement et le début du ciblage de l’inflation dans les années 1990.
Nous venons de traverser deux ans lorsque la Banque du Canada a maintenu son taux cible du financement à un jour près de zéro et a acheté des centaines de milliards de dollars de dette publique. La réponse de la Banque à la pandémie était compréhensible, mais l’augmentation d’une année à l’autre de l’IPC est plus élevée qu’elle ne l’a été en 30 ans. Il en va de même pour la part des articles dont les augmentations d’une année à l’autre sont supérieures à 2 %. L’inflation est généralisée. Seule la politique monétaire peut y remédier.
Mawakina Bafale est assistante de recherche à l’Institut CD Howe, où Jeremy Kronick est associé direct, recherche, et William Robson est PDG.