vendredi, novembre 29, 2024

Opinion : Besoin d’équité dans la répartition des médecins de famille au Québec

Chaque année, le gouvernement publie ses chiffres pour les médecins de famille. Les derniers chiffres datent du 31 décembre 2020 et montrent un accès très inégal aux soins primaires.

À l’échelle de la province, 79 % des Québécois étaient inscrits auprès d’un médecin de famille, loin de l’objectif gouvernemental de 85 %. Cela signifie que 1 864 223 personnes sont sans médecin de famille. Au taux estimé d’un médecin pour 1 500 patients, il faudrait encore 1 242 médecins de famille à temps plein pour enregistrer 100 % de la population.

Il existe cependant d’énormes différences entre les régions. Les chances d’avoir un médecin de famille sont très bonnes si vous habitez dans l’une des cinq grandes régions du Québec qui ont dépassé la barre des 85 % établie par le gouvernement. Le Saguenay—Lac-St-Jean arrive en tête avec 92 %.

C’est plus un défi dans d’autres grandes régions, notamment Montréal, qui n’a pas encore franchi la barre des 70 % et qui compte 645 583 citoyens sans médecin de famille.

Il existe 115 sous-régions plus petites, et elles présentent une diversité encore plus grande dans les taux d’inscription, avec 22 en dessous de 75 % et 22 à 90 % ou plus. Vous aurez peut-être la chance de vivre dans Charlevoix, où 96 % de la population a un médecin de famille. Pas tellement si vous habitez le Plateau, où seulement 61 % habitent.

Cette iniquité est surprenante, étant donné que les plans régionaux de main-d’œuvre ont été lancés en 2005 dans le but même d’assurer un accès équitable aux services des médecins de famille à l’échelle de la province.

Logiquement, on pourrait penser que la plupart des nouveaux médecins seraient affectés aux zones où la demande est la plus élevée, mais il semble que ce ne soit pas ce qui se passe lorsque les bureaucrates et les politiciens dirigent le spectacle.

Le Saguenay—Lac-St-Jean, avec son taux d’inscription de 92 %, recevra une augmentation nette de 10 médecins de famille, pour inscrire les 20 787 citoyens restants sans médecin de famille.

En comparaison, la sous-région de la Montagne, qui comprend le secteur Côte-des-Neiges de Montréal, a une population similaire et un taux d’inscription de 63 %, mais recevra un gain net de deux médecins de famille pour soigner les 92 405 citoyens sans un médecin de famille.

Il existe de nombreuses failles dans le processus actuel :

  • Les patients venant d’autres régions pour recevoir des services ne sont pas comptés dans les calculs. Par exemple, à de la Montagne, plus de la moitié des patients inscrits proviennent d’autres régions. Le gouvernement suppose que seuls les patients locaux sont enregistrés, ce qui sous-estime sérieusement les besoins.
  • Les médecins effectuant des mandats temporaires dans les régions éloignées des régions éloignées ne sont pas comptés.
  • Un quart des départs à la retraite ne sont pas remplacés.
  • Le ministre de la Santé dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour réaffecter des médecins dans d’autres régions. Il a pris 50 médecins de Montréal au cours des deux dernières années et les a répartis dans les régions où les taux d’inscription sont plus élevés.

En raison de données erronées et d’intérêts politiques régionaux, l’équité d’accès à un médecin de famille au Québec n’a pas été atteinte. Il semble que les médecins ne soient pas seulement des fournisseurs de soins, mais des fournisseurs de votes pour nos partis politiques.

Le problème est aggravé par le fait que le Québec permet de pourvoir moins de places qu’il n’y a de diplômés, assurant ainsi un exode de nos diplômés d’environ cinq pour cent. L’entrée des médecins au Québec est effectivement bloquée. Par conséquent, certaines régions du Québec ont les taux d’inscription auprès d’un médecin de famille les plus bas au pays, dont la région du Plateau, au centre de Montréal, à 61 %, alors que le ministère de la Santé calcule qu’il y a trop de médecins de famille en soins primaires au Canada. Cette région.

Les preuves montrent que pour 100 000 citoyens sans médecin de famille, 39 personnes supplémentaires meurent chaque année.

Le mois prochain, les avocats Julius Gray et Michaëlla Bouchard-Racine contesteront ce système absurde comme une atteinte aux droits à l’équité et à l’accès aux soins de santé. Le changement est attendu depuis longtemps.

Mark Roper pratique la médecine familiale à Montréal et est directeur de la Division des soins primaires au Département de médecine familiale du Centre universitaire de santé McGill.

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