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« J’ai campé près des vestiges d’un village abandonné… Les cinq ou six maisons, sans toit, rongées par le vent et la pluie, la minuscule chapelle au clocher croulant, se dressaient comme les maisons et les chapelles des villages vivants, mais toute vie avait disparu… sur cette terre sans abri haut dans le ciel, le vent soufflait avec une férocité insupportable. Il grondait sur les carcasses des maisons comme un lion dérangé à son repas…
« Après cinq heures de marche, je n’avais toujours pas trouvé d’eau et rien ne me donnait l’espoir d’en trouver. Tout autour de moi était la même sécheresse, les mêmes herbes grossières.
Nous ressentons avec acuité, la désolation de ce paysage impitoyable. Pourtant, ici, seul, vit l’homme du titre de l’histoire, Elzéard Bouffier. Ce n’est pas vraiment un ermite, car il est tout à fait disposé à parler et à partager ce qu’il a. Il n’est pas non plus soucieux, ni vivant dans des conditions épouvantables. Le narrateur décrit tout le contraire, et est intrigué par Elzéard Bouffier, qui a choisi de vivre à l’écart du monde, en berger tranquille, dont la vie est pourtant remplie d’industries de sa propre fabrication :
« Le berger alla chercher un petit sac et versa un tas de glands sur la table. Il se mit à les inspecter, un par un, avec une grande concentration, séparant les bons des mauvais… Quand il eut ainsi sélectionné cent glands parfaits, il s’arrêta et nous nous couchâmes.
Le narrateur, bien qu’impressionné, oublia cet homme étrange et suivit le chemin de sa propre vie. En 1914, il est devenu fantassin pendant la Première Guerre mondiale et a été impliqué pendant les cinq années suivantes. Cependant, il a visité la région par la suite et a vu qu’Elzéard Bouffier était toujours à pied d’œuvre sur son projet. Quand il avait rencontré le berger pour la première fois :
« Pour trois ans [Elzéard Bouffier] avait planté des arbres dans ce désert. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille avaient germé. Sur les vingt mille, il s’attendait encore à en perdre environ la moitié, à cause des rongeurs ou des desseins imprévisibles de la Providence. Il restait dix mille chênes à pousser là où rien n’avait poussé auparavant…
Il s’était retiré dans cette solitude où son plaisir était de vivre tranquillement avec ses agneaux et son chien. C’était son opinion que cette terre mourait faute d’arbres. Il ajouta que, n’ayant pas d’affaire bien pressée, il avait résolu de remédier à cet état de choses.
Maintenant il m’a montré de belles touffes de bouleau plantées cinq ans auparavant, c’est-à-dire en 1915, alors que j’avais combattu à Verdun.
Le contraste entre ces deux modes de vie est ce dont nous sommes le plus conscients. La destruction de la guerre et la création de possibilités pour la vie de germer et de prospérer.
« La création semblait se produire dans une sorte de réaction en chaîne. Il ne s’en souciait pas, il poursuivait résolument sa tâche dans toute sa simplicité ; mais en revenant vers le village, j’ai vu de l’eau couler dans des ruisseaux asséchés de mémoire humaine…
« Pour avoir quelque chose comme une idée précise de ce personnage exceptionnel, il ne faut pas oublier qu’il travaillait dans une solitude totale : si totale que, vers la fin de sa vie, il perdit l’habitude de la parole. Ou peut-être était-ce parce qu’il n’en voyait pas la nécessité.
Bien sûr, une région comme celle-ci, qui semblait soudain s’épanouir, attirait des visites du Service des forêts et de divers organismes officiels. Une fois par « une délégation est venue du gouvernement pour examiner la « forêt naturelle ». »
Nous apprécions l’ironie de cela. Le narrateur dit qu’un de ses amis faisait partie des agents forestiers de la délégation.
« Avant de partir, mon ami a simplement fait une brève suggestion sur certaines espèces d’arbres pour lesquelles le sol ici semblait particulièrement adapté. Il n’a pas forcé le point. « Pour la très bonne raison, me dira-t-il plus tard, que Bouffier en sait plus que moi. Au bout d’une heure de marche – l’ayant retourné dans sa tête – il ajouta : « Il en sait beaucoup plus que quiconque. Il a découvert une merveilleuse façon d’être heureux !
Nous connaissons les événements de l’histoire qui se profilent à l’horizon et voyons le potentiel d’un autre appariement délibéré des deux opposés, de croissance et de destruction ; d’ordre et de chaos. On se demande comment l’histoire va se terminer.
“Everything was changed. Even the air. Instead of the harsh dry winds that used to attack me, a gentle breeze was blowing, laden with scents. A sound like water came from the mountains: it was the wind in the forest. Most amazing of all, I heard the actual sound of water falling into a pool.”
The narrator wandered further, musing on the remarkable achievements of one man, and enchanted by what he saw.
“Hope, then, had returned. Ruins had been cleared away, dilapidated walls torn down and five houses restored. Now there were twentyeight inhabitants, four of them young married couples. The new houses, freshly plastered, were surrounded by gardens where vegetables and flowers grew in orderly confusion, cabbages and roses, leeks and snapdragons, celery and anemones. It was now a village where one would like to live.
“It has taken only the eight years since then for the whole countryside to glow with health and prosperity. On the site of ruins I had seen in 1913 now stand neat farms, cleanly plastered, testifying to a happy and comfortable life.” (hide spoiler)]
Jean Giono, l’auteur de ce conte, avait des origines modestes en tant que fils unique d’un cordonnier et d’une blanchisseuse, mais il est devenu l’un des plus grands écrivains français. Il a remporté de nombreuses distinctions et récompenses, dont la Légion d’Honneur. Pourtant, pour cette histoire, il ne gagnait pas un sou ! Il a été raconté à l’origine en français, mais d’abord publié en anglais. Sa fille, Aline Giono, a déclaré que cela avait été « une histoire de famille depuis longtemps ». Cependant, cela ne faisait que renforcer un mythe.
L’homme qui plantait des arbres est une histoire si émouvante et inoubliable, que lorsqu’elle a été racontée et publiée, de nombreux lecteurs ont cru qu’Elzéard Bouffier était une personne réelle et que Jean Giono s’était inscrit dans l’histoire en tant que narrateur, la rendant en partie autobiographique. La période de temps convenait certainement, mais ce n’est pas le cas. Comme il l’a expliqué dans une lettre de 1957 à un fonctionnaire, « Désolé de vous décevoir, mais Elzéard Bouffier est un personnage fictif. Le but était de rendre les arbres sympathiques, ou plus précisément, de rendre la plantation d’arbres sympathique. Après les horreurs et les carnages qu’il a vécus au front pendant la Première Guerre mondiale, Jean Giono est devenu un pacifiste de longue date.
Alors qu’il était encore en vie, Jean Giono aimait faire croire que l’histoire était vraie. Elle reste l’une des histoires dont il était le plus fier, malgré sa prodigieuse production dont une trentaine de romans. Pourtant, il aimait ce petit conte, considérant la légende qu’il inspirait comme un compliment à ses talents de conteur.
Certainement, c’est celui qui restera avec moi.
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