dimanche, décembre 22, 2024

Les damnés de la terre de Frantz Fanon

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Au fond des entrailles des bibliothèques, au-delà des mémoires de célébrités et des récits d’aventures, en lambeaux dans les piles, il y a des choses sombres : des livres qui sont activement, ouvertement dangereux. En voici un maintenant.

Le classique de Frantz Fanon de 1961 Les damnés de la terre concerne la violence ; il défend la violence. C’est un manuel sur la façon d’être violent. Fanon est un génie, donc c’est séduisant. C’est comme Le Prince des révolutionnaires africains : soucieux non pas de vos « mœurs » bourgeoises mais de résultats. Ici, résumons-le avec un gif de Game of Thrones. (C’est ce que font les enfants, non ?)

C’est un peu une simplification excessive, disent certains défenseurs récents. Fanon (France FAN-un, moins difficile que je ne le pensais) ne prône pas la violence pour la violence ; il ne choisirait pas la violence s’il pensait qu’il y avait une autre option. Il pense juste que la non-violence est absurde. Il voit la violence comme une réponse inévitable au colonialisme, qui est par définition violent. Ce n’est pas qu’il le soutient; c’est qu’il le voit. « Les exploités se rendent compte que leur libération implique d’utiliser tous les moyens disponibles, et la force est le premier. »

Et encore. Quand quelqu’un écrit de manière aussi éloquente et convaincante que la violence est la première option, il la défend. « La décolonisation pue les boulets de canon chauffés au rouge et les couteaux sanglants », dit-il. « Car le dernier ne peut être le premier qu’après un affrontement meurtrier et décisif entre les deux protagonistes. »

Mandela en Afrique du Sud montrerait, décennies après la mort de Fanon en 1961, cette non-violence peut (en quelque sorte) fonctionner*. Fanon méprisait les dirigeants comme Mandela. « L’impréparation des classes instruites, l’absence de liens pratiques entre elles et la masse du peuple, leur paresse et, disons-le, leur lâcheté au moment décisif de la lutte donneront lieu à des mésaventures tragiques », a-t-il déclaré. dit, à tort. Il était tout prol, tout le temps. « Dans les pays coloniaux, seule la paysannerie est révolutionnaire. Elle n’a rien à perdre et tout à gagner. Le paysan défavorisé et affamé est l’exploité qui se rend très vite compte que seule la violence paie. Mais les révolutions dirigées par des paysans n’ont pas toujours très bien fonctionné non plus.

Fanon, qui s’est battu pour le Front de Libération Nationale dans la révolution algérienne, savait de première main à quelle vitesse la violence se retourne contre elle-même. Il se retrouve à accuser les Français d’avoir massacré 300 civils en 1957 ; son propre FLN était en fait responsable. On ne sait pas s’il le savait à l’époque. Lorsque vous plongez vos mains dans le sang, elles deviennent sanglantes.

Jean-Paul Sartre, un partisan qui a écrit la préface de ce livre, le dit sans détour :

« Mettez-vous ceci en tête : si la violence n’était qu’une chose du futur, si l’exploitation et l’oppression n’existaient jamais sur terre, peut-être que des démonstrations de non-violence pourraient soulager le conflit. Mais si tout le régime, même vos pensées non violentes, est gouverné par une oppression millénaire, votre passivité n’a d’autre but que de vous mettre du côté des oppresseurs.

Ce n’est pas vrai, mais cela décrit une vérité. Certaines personnes, confrontées à la violence, répondront par la violence. Ce n’est pas grave d’être jugé à ce sujet, tant que vous étiez encore plus critique sur la violence d’origine. Si cela ne vous énervait pas, vous devriez vous demander de quel côté vous êtes.

Et si vous choisissez vous-même la violence, voici votre mode d’emploi. Ils sont dangereux.

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